Saint-Vallier : 31èmes Rencontres de la Coordination Nationale des Comités de défense des hôpitaux et maternités de proximité
« L’hôpital de proximité… Parlons-en ! »
Les 26, 27 et 28 avril, l’Espace Culturel Louis Aragon accueille les 31èmes Rencontres de la Coordination Nationale des Comités de Défense des hôpitaux et des maternités de proximité, dont le Codef assurera l’organisation.
Vendredi, à 19h00, un débat animé par Jean-Michel Toulouse sur le thème « L’hôpital de proximité… Parlons-en ! » a ouvert ces trois journées de travail en présence des représentants des différents comités venus de toute la France, des élus, des représentants syndicaux, des personnels de santé et des usagers.
Ce débat est au coeur de l’actualité, la loi « Ma santé cap 2022 », dont le contenu vient d’être défini en première lecture par l’Assemblée Nationale sera débattue prochainement au Sénat. À cette occasion, le CODEF a rédigé une lettre à destination des sénateurs afin de les mettre face à leurs responsabilités pour qu’ils apportent les amendements et les corrections nécessaires en relation directe avec les besoins des usagers.
Jean-Michel Toulouse a replacé le projet de la ministre Buzin dans son contexte en faisant un rappel historique qui montre que le mécanisme de démantèlement est enclenché depuis plusieurs années. Il débute son raisonnement depuis les ordonnances Juppé en 1996 : l’ARH devient l’ARS, le conseil d’administration devient conseil de surveillance, … Les élus n’ont plus le pouvoir. Le directeur nommé par l’ARS décide et monte son budget. En 2003, arrivée de la tarification à l’activité (T2A) avec son cortège de conséquences. En 2009, la loi Bachelot ou HPST puis la loi de modernisation du système de santé, aussi appelée loi Santé, promulguée en janvier 2016 , portée par la ministre des Affaires sociales et de la Santé, Marisol Touraine (GHT), continuent d’enfoncer le clou, pour arriver à la loi Buzin. Ce rappel pour montrer que ce n’est pas nouveau. Seulement, le président Macron poursuit et aggrave cette politique avec le projet Buzin.
Cette loi permet de légiférer par ordonnances. Modification de la carte hospitalière : mise en place des GHT avec plateau technique, hôpitaux de proximité sans maternité ni chirurgie. C’est la porte ouverte pour la reconversion des hôpitaux en EHPAD XXL. L’hôpital de proximité devient celui de l’éloignement puisqu’il ne sera plus possible de se faire soigner près de chez soi.
J.M Toulouse propose des mesures d’urgence :
Il faut rétablir le Conseil d’administration de l’hôpital avec une représentation multipartites : élus, personnel de santé, sécurité sociale et usagers.
Il est urgent de supprimer l’ARS.
Il faut également rétablir le CHSCT, la CTE et la CME dans leurs pleines compétences.
Hélène Derrien, la présidente de la coordination nationale précise que l’on concentre à l’extrême, on mutualise à outrance. On se retrouve localement avec des établissements sans chirurgie, sans maternité, sans urgences et sans SMUR.
Cette terminologie qui consiste à appeler ces établissements « hôpitaux de proximité » est vraiment perverse. Le président a annoncé un moratoire. Il va falloir le prendre au mot car il y a un travail énorme.
Marie-Claude Gavin, représentante syndicale de l’hôpital Jean Bouveri, est très inquiète pour la suite. Il y a tromperie sur la marchandise. L’hôpital de proximité, c’est une coquille vide. On a de fortes craintes sur nos urgences ! On assiste au démantèlement !
Puis, le micro a circulé dans la salle. Les questions, les remarques ont tourné autour des différentes thématiques soulevées et évoquées par J.M Toulouse, appuyées par des exemples spécifiques locaux de fermetures, de participation ou d’actions menées par les différents comités.
J.M Toulouse inscrit ce plan santé dans une conjecture plus globale avec la suppression des départements, la liquidation des retraites par répartition, la fin de la fonction publique, la destruction du code du travail,… qui visent à ne laisser à l’état que les missions régaliennes. Le reste serait confié à des organismes de droits privés et livré au profit.
Il conclut : « en Europe c’est en France qu’il y a le plus de services publics, c’est pour cela que le mouvement des Gilets Jaunes doit être soutenu ! »
J.LPradines