Le personnel de l’EHPAD des Glycines malmené en pleine épidémie
Une aide-soignante appelle à davantage de respect et de compassion
C’est une aide-soignante travaillant actuellement à l’EHPAD des Glycines qui nous raconte l’envers du décor. Arrivée mardi dernier en renfort, cette retraitée de l’hôpital de Montceau-les-Mines n’aurait jamais cru voir dans sa carrière une telle situation, que ce soit l’épidémie elle-même mais aussi le traitement du personnel hospitalier de la part des familles et aussi de la direction.
Dans cet EHPAD, elle nous raconte ainsi que les postes initiaux assurés par le personnel soignant sont passés de 8h à 12h. Que les familles se rassurent, tous les soins sont prodigués aux résidents confinés dans leur chambre et maintenus dans celles-ci. Les cuisines essaient d’égayer leur journée en leur confectionnant des petites pâtisseries aussi. Tous les traitements sont donnés et les soins assurés.
La trentaine de résidents comprend aussi bien des personnes très âgées que des personnes pouvant avoir des troubles cognitifs et de la mémoire. Le personnel est en nombre avec 5 aides-soignantes, trois infirmières et des agents de service hospitaliers.
Un service Covid qui tourne avec des élèves infirmières
Face au refus ou à l’impossibilité du personnel de travailler, l’hôpital a réquisitionné des retraités et aussi des élèves infirmières sur la base du volontariat. Comme nous le confirme notre témoin qui indique être venue de son plein gré.
Ce sont ainsi des élèves infirmières de 2e et 3e année qui sont venues compléter l’équipe au chevet des résidents quasiment tous atteint du Covid-19.
Le stress est important pour le personnel présent malgré le matériel de protection de qualité et en nombre nous indique notre témoin.
Les résidents sont très gentils et très bien soignés nous précise-t-on aussi. Le peu de soignants qui sont là le sont avec cœur. Ils sont attachés aux résidents.
Certaines familles s’en prennent au personnel
Toutefois une ombre vient noircir le tableau du quotidien du personnel et est à l’origine du stress vécu par celui-ci : les relations avec certaines familles de résidents.
Certains résidents peuvent échanger avec leurs proches par skype ou par téléphone, s’ils ne sont pas trop fatigués.
D’autres sont retenus dans leur chambre. Il s’agit souvent de personnes ayant des troubles cognitifs ou de la mémoire. Le but est d’éviter ainsi toute contamination notamment des soignants. Les familles concernées semblent ne pas comprendre puisque certains personnels soignants, selon notre témoin, ont reçu des menaces voire même des dépôts de plainte. « Ça suffit pour le personnel » indique cette aide-soignante. Et d’ajouter : « Ce n’est pas la faute du personnel ».
Celui-ci fait effectivement son travail pour limiter la propagation de l’épidémie et aider les résidents qui le peuvent à maintenir un contact avec leurs proches.
Le personnel comprend la difficulté à gérer la distance et l’impossibilité de voir ses proches, et la frustration que cela peut générer pour les familles. Mais des réflexions négatives viennent alourdir une charge déjà très lourde sur du personnel dont une partie vient d’ailleurs et qui est venu rappelons-le sur la base du volontariat pour soigner les résidents.
Une situation inimaginable pour les soignants
A cela s’ajoute que la situation que vit le personnel soignant est tout bonnement inimaginable, y compris pour notre témoin ayant plus de 30 ans d’expérience. Elle raconte avoir été formée après l’épisode du Sras, à Chalon-sur-Saône. « Quand j’ai fait la formation, je me suis dit : Mon Dieu, pourvu que cela n’arrive pas. ».
Les étudiantes infirmières quant à elle ne pensaient pas non plus vivre une telle situation. Elles respectent scrupuleusement les consignes de sécurité sanitaire, nous a indiqué notre témoin.
Du côté de l’encadrement de l’hôpital, le service se sent démuni : « Mme Ungerer, elle est là au téléphone. Mais on ne sait plus ce qu’on doit faire. On a personne qui vient. On a tout le personnel qui donne le mieux qu’il peut. On était déjà très peu de personnel. Avec le Covid, c’est dur. » Un appel à l’aide en direction de l’encadrement de l’hôpital donc.
Enfin le personnel soignant a le sentiment de n’avoir aucune reconnaissance. Car rappelons-le, aujourd’hui il s’agit bien d’une unité Covid. L’hôpital de Montceau-les-Mines en a plusieurs, nous a-t-elle indiqué. Et contrairement à certains services ou établissements qui ont reçu des témoignages de solidarité par des restaurants ou associations etc., l’EHPAD des Glycines n’a rien reçu, ni même une banderole d’encouragement.
Notre témoin raconte qu’une de ses collègues arrive la boule au ventre au travail, à tel point qu’elle a perdu 5 kg en une semaine. Elle n’arrive plus à se nourrir.
L’épidémie de Covid-19 n’est pas encore finie. Cette aide-soignante appelle donc aujourd’hui à davantage de respect et de compassion pour le personnel soignant et un véritable soutien de tous pour leur permettre de réaliser leur travail dans les meilleurs conditions.
Tous vos messages positifs seront donc les bienvenus pour les encourager et les remercier de leur engagement.
EM
14 commentaires sur “Le personnel de l’EHPAD des Glycines malmené en pleine épidémie”
et oui Madame les gens pensent qu’à leur bien-être
je vous félicite pour votre courage. UN GRAND MERCI pour ce que vous faites
Madame, merci d’avoir osé dire cette vérité sur les façons dont sont traités les personnels soignants. C’est honteux de la part de certaines familles d’accuser ainsi. Bon courage à tous nos soignants, protégez vous, protégez nous. Restons chez nous.
courage madame ainsi qu a tout ceux qui font passer leur metier avant tout
Merci à tout le personnel qui fait de son mieux avec les moyens en leur possession.
Honte à tous ces minables qui entravent leur travail au quotidien.
J’espère que vous recevrez beaucoup de messages de réconfort et d’encouragement.
Que les généreux donateurs des autres hôpitaux pensent aussi à vous.
Courage
Bonjour,
Les responsables ce sont ceux qui n’ont RIEN ANTICIPE.
Une direction qui ne dirige pas, ne sert à RIEN !
J’aurais aimé entendre les syndicalistes sur ce sujet, mais …..
Courage au personnel, respect aux familles durement touchées.
Merci pour ce témoignage, provenant du terrain, emprunt de vérité et de pragmatisme! Stop à tous les discours politiques, idéologiques, dogmatiques, le moment n’est pas à ça. Toutes les énergies doivent être tournées vers les traitements et la prévention contre ce virus.
Aussi en tant que soignant ayant réalisé mes études à l’IFSI de Montceau et travaillant actuellement dans un établissement du GHT, j’ai un profond respect pour tous les collègues qui interviennent dans les services Covids et plus particulièrement dans cette unité de gériatrie où j’ai pu y apprendre mon métier lors d’un stage et où dernièrement malgré sa dependance croissante, mon grand père a pu y passer paisiblement les dernières années de sa vie.
Bon courage à tous les professionnels intervenants dans les differents secteurs de santé, de l’aide à la personne et à celles et ceux qui nous permettent de continuer de vivre en cette période. Ensemble nous y arriverons!
c’est la honte pour certaines familles mais çà m’étonne pas courage à vous tous , tenez bon .
Enfin un soignant qui ose dire tout haut ce que certains savent tout bas…
Les soignants sont confrontés à une gestion de personnel dénuée de toute logique, ils ont été baladés de service en service pour pallier uniquement à des remplacements, sans se soucier qu’ils pouvaient être vecteurs de ce virus.
Comment expliquer que Mme Ungerer donne comme explication au départ du directeur de l’hôpital qu’il s’agissait « d’une divergence de point de vue » ?
Comment expliquer également la mise à pied de la directice des soins ?
Connaissez-vous le nombre de soignants atteints par le Covid-19 ?
Si je vous dis plus d’une quarantaine… Ça laisse songeur, non ?
Merci en tout cas pour votre témoignage qui met en relief les conditions de travail des personnels soignants, dans la situation actuelle. Force, respect et courage à vous tous !
Bravo Madame à vous et à toutes et tous vos collègues pour votre courage, votre dévouement, l’attention que vous portez à tous ces résidents tenus éloignés de leurs familles par cette épidémie qui a surpris le monde entier.
Tenez bon, vous êtes indispensables, précieuses en ces temps difficiles.
Merci.
Saurons nous jamais vous remercier au niveau de ce qu’est votre engagement !
Votre photo me fait penser aux travailleurs de Tchernobyl.
Comme eux, vous êtes face au monstre invisible, à l’imbécilité, et pourtant vous faites front !
Un immense merci.
et bien chère madame j étais loin de m imaginer tout ça !!! Je savais l hôpital de Monceau mal en point mais la çà dépasse tout ce que j imaginais
Merci pour votre courage d avoir témoigné et aussi d avoir repris du service
Un grand MERCI A TOUT LE PERSONNEL MÉDICAL ET AUSSI AUX ÉLÈVES INFIRMIÈRE ET BRAVO POUR VOTRE COURAGE
Sachez que ces femmes se démènent sans compté et avec le peu de moyens qu elles ou qu ils ont en leurs possession.
UN GRAND RESPECT a bon entendeur
je suis moi même soignante: en USA ( unité spécialisée Alzheimer).
je suis outrée de lire ce reportage qui met à mal le personnel soignant.
Comment des familles peuvent elles réagir de cette façon? à moins d’avoir peur pour leur parent et nous le comprenons. mais je pense qu’elles s’y prennent mal en agissant ainsi. Le personnel soignant à plus besoin d’être soutenu que critiqué.
Pour ma part, j ai la chance de travailler dans un établissement où le personnel est respecté en tant que tel . Pas de covid chez nous et aucun arrêt dans le personnel. Beaucoup de mots très gentils des familles . je vous souhaite à tous « bon courage dans cette galère »
Chapeau Bas Madame, tout d’abord d’être revenue travailler pour aider. Ainsi que d’avoir osé dire la réalité, il n’y a pas que des applaudissements! il y a la vérité sur les conditions de travail, qui sont très très dures. Bravo à TOUS LES SOIGNANTS (ASH, AS, IDE)
Il convient en premier temps de féliciter le personnel dans son ensemble et dans un second temps de soutenir cette personne qui a osé dire ce qu’il en était d’un établissement ou les règles ne sont pas connues et par conséquence un certain nombre de familles font ce qu’elles veulent quand une direction ne prend pas de décision. Je ne peux que comprendre ce ras le bol.
On a voulu et juste titre donner l’accès aux familles dans les écoles,hôpitaux,et autres structures mais dans quelles conditions?
Sur la base d’un contrat,d’un projet, murement réfléchi,approuvé,certifié, et avec label. Désolé mais tout cela a été mis en place pour répondre à des normes sans jamais entendre ou très rarement les difficultés que les personnes éprouvaient dans leur travail. Et voilà ce qui devait arriver est arrivé.
Alors on fera venir des experts, des analystes réfléchir sur le pourquoi,etc..
A un moment donné il faut dire stop,si l’erreur est humaine ,les conneries ne sont plus admissibles.