Covid-19
Le Guide Santé édite une carte de France interactive des départements hypothétiquement éligibles à un déconfinement plus rapide
41 départements sur 96 (hors outre-mer) pourraient être déconfinés dès aujourd’hui si des tests et des masques étaient approvisionnés
Le Guide Santé vient d’éditer une carte de France interactive qui met en avant les départements français (hors outre-mer) réunissant les critères préconisés par l’Académie nationale de Médecine pour une sortie de confinement : décroissance du nombre de patients hospitalisés Covid + et retour à des capacités d’accueil en réanimation pré-épidémique.
Plus de 40% des départements seraient d’ores et déjà éligibles au déconfinement (si masques et tests étaient approvisionnés).
Lors de son allocution du 13 avril, le Président de la République a mentionné que le déconfinement pourrait se faire de manière progressive. Le Guide Santé a souhaité illustrer sur une carte de France mise à jour quotidiennement grâce aux données de Santé Publique France, les départements qui pourraient être éligibles à un déconfinement dès le 11 mai ou même auparavant (en bleu). Les départements en rouge sont ceux pour lesquels le nombre de patients hospitalisés Covid+ ne décroit pas suffisamment nettement, ou la disponibilité de lits de réanimation n’est pas revenue à son niveau pré-épidémique et devraient donc rester plus longtemps en confinement.
Quels critères pour déconfiner la France ?
Afin de sortir du confinement, il faut en priorité être certain de se situer dans une phase descendante de l’épidémie et éviter les risques de re-contamination.
D’abord évoqué par le Conseil Scientifique Covid-19, le critère d’âge, qui était non seulement discriminant mais non fondé médicalement, a été écarté le week-end dernier par le Gouvernement (à ce jour, près de la moitié des patients en réanimation ont moins de 65 ans et les personnes âgées de plus de 75 ans ne représentent que 18% des cas hospitalisés en réanimation).
Le critère géographique semble donc plus pertinent, comme le préconise l’Académie nationale de médecine. Face à l’épidémie, des différences significatives sont à noter à l’échelle départementale : décroissance de l’épidémie, nombre de nouveaux cas hospitalisés, admissions en réanimation, taux de mortalité hospitalière, niveau des capacités d’accueil en réanimation dans les structures hospitalières.
Plus de 40% des départements déjà éligibles au déconfinement (si masques et tests étaient
approvisionnés)
La carte fait apparaître en bleu les départements dont, d’une part, le taux de décroissance est effectif et d’autre part, le taux de disponibilité des lits de réanimation est supérieur à 40%.
Très clairement à part le département de la Nièvre, le reste de la Bourgogne resterait en confinement après le 11 mai si cette piste était suivie par le gouvernement français.
Au niveau national, la carte montre que les départements des Pyrénées-Orientales, de la Haute-Vienne ou de l’Aude sont ceux qui le 20 avril affichaient les meilleurs taux de décroissance des admissions hospitalières (respectivement 58,11%, 34,62 % et 28,57%). Si l’on recoupe ce critère avec le taux de disponibilité des lits de réanimation, l’Aude affiche 75%, la Haute-Vienne 79,17% et les Pyrénées-Orientales 79,69%, ce qui les rendraient éligibles à un déconfinement immédiat, pour autant que les tests et les masques de protection soient disponibles pour l’ensemble de leur population.
Les trois départements pour lesquels la décroissance de l’épidémie est la moins avérée car ils voient au contraire leurs admissions augmenter sont la Haute-Corse, la Dordogne et le Gers. Il serait prématuré d’imaginer un déconfinement dans ces départements pour le 11 mai.
Les Bouches-du-Rhône éligibles à un déconfinement plus rapide que la métropole de Paris Si l’on compare le département des Bouches-du-Rhône à la ville de Paris, qui sont quasiment identique en termes de densité de population, l’hypothèse d’un déconfinement du département provençal est confirmée par deux indicateurs :
– le taux de décroissance est de 8,37% dans les Bouches-du-Rhône et de 10,2% à Paris,
– le taux de disponibilité en réanimation est de 59,43 % dans les Bouches-du-Rhône pour 17,48% à Paris.
L’association hydroxychloroquine/azithromycine largement diffusée dans les Bouches-du-Rhône et notamment au sein de l’agglomération de Marseille où, en outre, on pratique le plus grand nombre de dépistages par million d’habitants, pourrait expliquer cette différence dans l’éligibilité au déconfinement selon le Docteur Jean-Pascal Del Bano.
La carte est mise à jour quotidiennement avec le détail par département : taux de décroissance des patients confirmés Covid-19 hospitalisés et nombre de lits de réanimation disponibles dans les hôpitaux. Consultez la carte ici : https://www.le-guide-sante.org/actualites/coronavirus/deconfinement/departements
Le Dr Del Bano explique pourquoi le critère de confinement des personnes âgées ne tient plus
Pour le Dr Del Bano : « Même si cette mesure de protection des populations à risque est louable, il n’est pas acceptable de définir arbitrairement les personnes âgées de plus de 70 ans comme étant des personnes vulnérables ! »
Comme le rappelle l’Académie de Médecine dans son communiqué du 18 Avril, « les personnes âgées ne constituent pas un groupe homogène. L’âge ne peut pas se résumer au seul nombre des années. À âge égal, les seniors d’aujourd’hui sont bien différents de leurs aïeux. Leurs performances physiques et intellectuelles correspondent à celles de personnes plus jeunes de 10 à 15 ans de la génération précédente ».
Le Dr Del Bano ajoute pour sa part que : « Les personnes vulnérables sont les patients avec des « comorbidités » c’est-à-dire présentant des maladies s’ajoutant au Covid-19. Ces patients seraient les plus à risque de complications et notamment respiratoires nécessitant une hospitalisation en réanimation. »
Ainsi même si l’avancée dans le troisième âge affecte la population de manière très inégalitaire, l’âge supérieur à 70 ans ne fait pas partie de la liste des pathologies et affections de longue durée qui comprend :
– l’obésité,
– le diabète mal équilibré,
– l’hypertension artérielle mal contrôlée,
– les patients atteints d’une pathologie chronique respiratoire susceptible de décompenser lors d’une infection virale,
– les insuffisants rénaux chroniques dialysés,
– les insuffisants cardiaques,
– les personnes immunodéprimées (chimiothérapie, greffe de moelle ou d’organe, infection par le VIH, traitements immunosuppresseurs, corticothérapie au long cours, splénectomie, hémopathies, hypo/agammaglobulinémie, …).
Selon les dernières données communiquées le 16 Avril par Santé Publique France, 68% des patients hospitalisés en réanimation ont des co-morbidités et 46% sont âgés de moins de 65 ans.
Pour les plus de 75 ans, les hospitalisations en réanimation représentent 18% des hospitalisés et 37% des décès. Toutefois, parmi ces patients âgés décédés, 13% ne présentaient aucune comorbidité !
Pour le Dr Del Bano, « ces données viennent confirmer que les patients âgés sans comorbidité ne sont pas plus hospitalisés que les patients des tranches d’âges inférieures mais il nous faut rappeler que c’est dans cette dernière tranche d’âge que s’observent 74% des décès, reflets des comorbidités et de l’état de dépendance. »
Le critère de la classe d’âge préconisé par le Conseil Scientifique Covid-19 n’est donc pas pertinent médicalement puisqu’un sujet âgé de 65 ans sans comorbidité peut présenter moins de risque de complication qu’un sujet plus jeune mais présentant différentes comorbidités.
Le Dr Del Bano conclut donc : « Près de la moitié des patients en réanimation ont moins de 65 ans et en revanche, les personnes âgés de plus de 75 ans ne représentent que 18% des cas hospitalisés en réanimation. Le confinement des personnes âgés sans comorbidité au sein des territoires desquels la vague épidémique est passée n’est donc pas justifié médicalement. »
Reste la question de savoir si la Bourgogne-Franche Comté pourra être déconfinée dans son ensemble le 11 mai prochain ou si suivant les critères rapportés par le Dr Del Bano s’appuyant sur l’Académie Nationale de Médecine, seulement quelques départements feront partie d’une première vague de déconfinement.
Affaire à suivre
EM
*Source : données Direction générale de la Santé, Santé publique France, 14 avril 2020
Source de l’article : https://www.le-guide-sante.org/