Centre hospitalier de Montceau-les-Mines : le point sur la gestion de la crise sanitaire
« On est dans un nouveau monde » Christine Ungerer
Ce vendredi après-midi, l’amphi 4 de l’IFSI accueillait une conférence de presse organisée par le Centre hospitalier de Montceau-les-Mines en présence de Christine Ungerer, Directrice du GHT Bresse Morvan, de Jean-Michel Suignard, Directeur délégué par intérim du centre hospitalier, de Marie-Claude Jarrot en tant que Présidente du Conseil de surveillance du CH de Montceau et St Ex.
En outre, le personnel soignant était représenté par une aide-soignante du service des urgences, une infirmière ayant travaillé en unité Covid, une infirmière hygiéniste, un cadre de santé, une pharmacienne du centre hospitalier.
Ces dernières étaient venues apporter leurs témoignages face à la maladie.
L’objectif de la conférence de presse est d’éviter une deuxième vague de l’épidémie en encourageant et expliquant les mesures sanitaires.
Pour ce faire, Christine Ungerer a présenté un bilan de la gestion de la crise.
Une cellule de crise mise en place dès le 19 mars
Ainsi le Centre hospitalier de Montceau-les-Mines a mis en place une cellule de crise qui s’est réunie quotidiennement du 19 mars au 11 juin dernier, composée de médecins, cadres de santé, de l’équipe opérationnelle d’hygiène, de services supports et pilotée par le Directeur délégué.
Cette cellule se réunissait tous les jours, 7 jours sur 7.
D’autre part, le CH de Montceau a participé à des conférences téléphoniques régulières instituées par le CH William Morey afin d’organiser une coordination territoriale.
Un dispositif d’appui aux EHPAD a été mis en place grâce au service territorial d’hygiène, à l’hospitalisation à domicile (HAD) et aux équipes de soins palliatifs.
Christine Ungerer a présenté le mode de coordination entre les établissements du GHT et avec les établissements privés selon leurs spécialités. Ainsi à Chalon, le centre hospitalier assurait la réanimation étant le seul établissement à avoir un tel service entre ses murs au sein du GHT.
Il était convenu entre les CH du GHT que les patients touchés par le Covid et ayant besoin seraient conduits à Chalon-sur-Saône.
A Montceau-les-Mines, une équipe d’infectiologues a créé un site intranet pour les professionnels de santé du groupement hospitalier. Un travail étroit s’est réalisé entre les infectiologues et les spécialistes de l’hygiène. Ainsi les modes de protection du personnel soignant ont évolué dans le temps passant de combinaisons complètes (au début de crise et en toute méconnaissance du virus) à une protection plus légère aujourd’hui mais avec des dispositifs et pratiques d’hygiène très strictes.
Pendant le pic épidémiologique, la capacité d’accueil en réanimation à Chalon était montée à 32 lits.
Christine Ungerer estime qu’il y a eu une bonne gestion de crise puisque la capacité de prise en charge des patients a toujours été supérieure aux besoins.
En médecine, 8 services ont été dédiés au Covid (5 au CH de Chalon et 3 sur le territoire dont 1 au centre hospitalier de Montceau).
En soin de suite et réadaptation (SSR), 3 unités Covid ont été créées au sein de différents établissements.
Le nombre de lits à Montceau-les-Mines a été de 16 lits sur le secteur de médecine.
Le centre hospitalier de Montceau a mis en place un circuit dédié au service des urgences pour les patients suspects Covid.
Une épidémie plus tardive sur notre territoire
Le GHT a pu tenir et faire face à l’épidémie car celle-ci a été plus tardive par rapport aux voisins, ce qui a laissé le temps de se préparer davantage. La montée en charge des établissements a donc été progressive. Au total, le GHT avait 148 lits disponibles en médecine. Ce sont 112 patients maximum qui ont été accueillis simultanément.
Nous étions donc sur le seul territoire avec une marge de manœuvre. C’est d’ailleurs grâce au transfert de 50 patients en dehors de la Bourgogne Franche-Comté, transfert requis par l’Agence Régionale de Santé, que le GHT a pu faire face à la crise sanitaire.
Christine Ungerer précise ainsi : « On avait encore 30-40 lits de marge. Ils ont bien fait. On aurait été à saturation. On a pu ainsi accueillir une quinzaine de patients de Mâcon. »
En revanche à Montceau, il y a bien eu saturation du service médecine avec 16 lits occupés et l’incapacité pour l’établissement de prendre davantage de patients atteints du Covid. Les nouveaux patients ont alors été envoyés au Creusot, à Autun ou à Chalon.
Lorsqu’il s’agissait de formes graves qui pouvait se dégrader rapidement, les patients étaient envoyés à Chalon pour un transfert en réanimation.
Chaque établissement du GHT s’est positionné en fonction de ses compétences médicales.
Une autre crise s’est ajoutée à la crise sanitaire à Montceau-les-Mines
Marie-Claude Jarrot a expliqué pour sa part une autre crise dont se serait bien passé l’établissement en même temps que la crise sanitaire : des difficultés de communication avec le précédent directeur délégué, des difficultés avec l’EHPAD.
Le CH a eu des services contaminés : l’EHPAD et le service de SSR. Du personnel soignant a aussi été contaminé.
Et Marie-Claude Jarrot de poursuivre : « Il y avait un défaut de management de proximité. »
Christine Ungerer reconnaît que le GHT a eu plus de difficultés à Montceau-les-Mines. Dès le mois de février, il semblait difficile de savoir ce qui allait se passer. Ils ont reçu des recommandations contradictoires. Les médecins étaient désemparés. Et il a fallu s’appuyer sur un travail collectif important pour gérer la crise sanitaire, notamment en s’appuyant sur l’expérience du Grand Est.
« L’Italie nous a inquiété sur les EHPAD. » raconte la directrice du GHT.
« L’établissement était livré à lui-même » Christine Ungerer
Avant que la directrice du GHT ne se rende compte de l’étendue des problèmes à Montceau-les-Mines, « l’établissement était livré à lui-même » a-t-elle raconté.
Ajoutant : « Il aurait fallu intervenir 8 à 10 jours plus tôt. »
Le GHT a aussi connu des problématiques identiques à tous les autres établissements de ce type en France : le manque de masques. Jusqu’au 23 mars, les masques étaient réservés au personnel en première ligne : urgences et unités Covid. En outre les personnels ont été sur-sollicités avec des postes passant de 8h à 12h, ce qui a été le cas dans bien d’autres établissements en France.
Ceci a été mis en place pour renforcer les équipes et pas seulement pour pallier l’absence de professionnels de santé, nous a-t-on expliqué.
Un personnel du service des urgences témoigne de l’évolution du service pendant la première vague avec la modification du service pour créer un circuit Covid. « On a fait des heures en plus, des nuits. Il a fallu s’adapter. Cela a été très fatigant physiquement et psychologiquement, d’être face à la détresse des gens. »
Avant de préciser que le circuit est rodé à présent. Les médecins semblent avoir beaucoup appris pendant l’épidémie, notamment sur la protection. Aujourd’hui « on a besoin d’une protection type grippe » a indiqué Christine Ungerer.
S’il y a un rebond, les conditions seront différentes, nous assure-t-on.
3 dispositifs de protection : masque, nettoyage des mains, distance physique
L’infirmière hygiéniste a ainsi rappelé les dispositifs de protection : le masque d’abord et bien positionné au niveau de la bouche et du nez. On l’enlève par les ficelles et sans le toucher.
Deuxième moyen : se laver les mains soit avec de l’eau et du savon, soit avec du gel hydroalcoolique.
En milieu clos, la distanciation est d’un mètre minimum. Chaque fois que le masque est humide, on le pose et on le change.
Il est demandé lors des visites en milieu hospitalier de bien porter un masque. Au besoin un masque vous sera fourni répondant aux normes. Et seules deux personnes peuvent se trouver simultanément dans une même chambre avec un patient. Il leur est demandé de bien porter leurs masques.
Une fois utilisé, le masque jetable doit aller à la poubelle et pas ailleurs ont rappelé en cœur les membres du personnel présents. S’il s’agit d’un masque en tissu, le ranger dans un sac en plastique.
Il est aussi recommandé de faire attention à la distanciation dans les familles, et d’éviter les embrassades.
Un personnel soignant fatigué
Pour certains membres du personnel soignant, il va être temps de prendre ses congés. Le CH de Montceau-les-Mines a dû trouver un équilibre entre le nombre de places nécessaires pour patients et le besoin de congés du personnel. A Montceau-les-Mines, ce sont entre 800 à 850 personnes qui travaillent au CH.
Interrogée sur la reprise de la circulation du virus, Christine Ungerer a effectivement indiqué que depuis trois semaines, le virus circule un peu plus. L’ARS a demandé au GHT de préparer un plan.
La directrice en a présenté un à 3 niveaux :
– le premier niveau de vigilance est celui dans lequel nous nous situons actuellement : le taux de positivité des tests, le nombre de patients en réanimation et en service médecine sont autant de critères qui rentrent en ligne de compte pour faire évoluer le plan et passer si besoin au deuxième niveau.
– le deuxième niveau d’attention : il est atteint au-delà de 6 patients en réanimation Covid, 20 en médecine à Chalon-sur-Saône par exemple. L’option serait d’éviter de recréer un service Covid. Il y aurait 2 à 3 patients pouvant être accueillis dans chaque service exception faite de l’oncologie.
Christine Ungerer justifie ce choix par le fait qu’elle ne souhaite plus déprogrammer certains actes. En effet, la précédente stratégie a été préjudiciable pour certains patients qui ont été dépistés très tardivement de leur pathologie.
A Montceau-les-Mines, l’organisation reste encore à être précisée.
– et le troisième niveau est celui d’alerte. Cette phase ressemblerait plus à la gestion de la première vague. Il faudrait créer 8 lits de réanimation.
« On veut éviter à tout prix cette étape » a précisé la directrice du GHT qui a également indiqué qu’une meilleure coordination dans la région et entre les régions serait mise en place.
A Chalon, en temps normal le service de réanimation comprend 16 lits. Au niveau 2 du plan il faudrait en ajouter 4 +4 soit 8. En niveau 3, il faudrait encore en ajouter 8 de plus.
Toutefois, ce qui manque c’est le personnel. Le GHT peine à recruter et continuer de chercher du personnel.
A Montceau-les-Mines, l’épidémie de Covid est à l’origine de 14 décès au Centre hospitalier et 17 en EHPAD.
Le Copermo a été annulé : « On est dans un nouveau monde » Christine Ungerer
Doit-on y voir un des bénéfices de la crise sanitaire ? Initialement prévu début du mois de mars dernier, le Copermo a été tout simplement annulé nous ont indiqué Marie-Claude Jarrot et Christine Ungerer.
Avant d’ajouter : « On est dans un nouveau monde » selon Christine Ungerer.
Et Marie-Claude Jarrot de préciser : « On a un ministre qui a pris des engagements ».
Autrement dit, le CH de Montceau travaille à sa réorganisation et à donner du sens à l’établissement. En EHPAD, les choses se régularisent progressivement.
Et le personnel présent parle d’une reconstruction de projets autour des atouts du centre hospitalier.
Ils le défendent : il s’agit bien d’un centre hospitalier mais sans chirurgie.
Ainsi un hôpital de jour devrait être développé, le service addictologie ouvrira à la fin du mois d’août et de nouveaux services devraient être annoncés dans les prochains mois selon l’équipe présent, afin de permettre au CH de Montceau-les-Mines de se positionner avec ses spécialités au sein du Groupement Hospitalier de Territoire.
Dossiers à suivre dans les prochains mois.
EM
Un commentaire sur “Centre hospitalier de Montceau-les-Mines : le point sur la gestion de la crise sanitaire”
Il manque une chose à ce bilan qui est , grâce à la seule pugnacité des personnels soignants, moins catastrophique que craint du fait de l’impréparation et des désorganisations.
Car quel est le vrai bilan humain : décès, personnes mal ou non prises en charges etc…? Cela n’est surtout pas dit !
Il y a eu, c’est clairement indiqué, de nombreux errements pour ne pas dire quelques fautes. Pas tous de la seule responsabilité de la GHT (manques de matériels) mais dire d’un coté que l’on a eu des marges de manoeuvre…du fait des extériorisations ?!
Si toute la France avait, malheureusement, été touchée de la même manière par la pandémie je n’ose pas imaginer le désastre.
La barre a été redressée (sans retour d’une chirurgie à M les M n’est-ce pas!) Pour le cas pandémie COVID…mais est-on sur que toutes les incidences contenues dans les plans de préventions des risques sont réellement prises en comptes ? Quid s’il y a conjonction d’accidents graves et d’une nouvelle pandémie…