Seulement 5,5% de déserts médicaux en Bourgogne Franche Comté
Le Guide santé lance une carte interactive concernant l’accès aux premiers recours aux soins
Le groupe Le Guide Santé, dont l’une des missions est de lutter contre les inégalités d’accès aux soins en France, dévoile une nouvelle carte de France interactive, qui reprend les critères définis par la DREES (Direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Statistiques). Celle-ci montre des zones géographiques disparates quant aux trois dimensions d’accès au premier contact au système de santé : médecine générale, soins urgents et pharmacies.
Dans cette étude, est considérée comme un désert médical, une zone géographique (commune, territoire de vie-santé, …) qui cumule les trois difficultés suivantes : le nombre de consultations en médecine générale par an et par habitant est inférieur à 2,5 ; la première pharmacie est située à plus de 10 minutes de route et le premier effecteur de médecine d’urgence est situé à plus de 30 minutes de transport.
Le constat en Bourgogne Franche Comté
Dans la région Bourgogne-Franche-Comté, sur 3704 communes, 205 seulement entrent dans la catégorie des déserts médicaux et 1356 communes de cette région sont considérées comme des territoires médicaux avec un bon accès aux soins. Des chiffres rassurants, même si les inégalités d’accès aux soins dans la région sont bien réelles.
Les villes sont toujours mieux servies que les territoires ruraux.
Dans les grandes agglomérations, comme Dijon, Besançon ou Chalon-sur-Saône, les patients urbains ne rencontrent pas de difficultés pour leurs premiers recours aux soins.
A Chalon-sur-Saône, on recense 4,3 consultations en médecine générale / an et / habitant, la ville
compte 21 pharmacies, 45 médecines généralistes et plusieurs établissements proposant un service
de soins urgents.
A Montceau-les-Mines, on compte 3,29 consultations en médecine générale par an et par habitant. La ville compte 10 pharmacies et 14 généralistes et des urgences sur place.
En revanche, les communes plus rurales ne remplissent pas certains des critères de la DREES.
Ainsi à Gueugnon, commune de 7184 habitants, on compte 2,5 consultations en médecine générale par an et par habitant. La ville compte deux pharmacies. Et le point noir est l’accès aux urgences qui se trouvent à 31 minutes.
A Bourbon-Lancy, commune de 5054 habitants, on compte aussi 2,5 consultations en médecine générale par an et par habitant. La ville compte deux pharmacies. Et les urgences hospitalières sont accessibles en 46 minutes.
Enfin à Louhans, commune de 6354 habitants, on compte 3,17 consultations en médecine générale par an et par habitant. La ville compte 4 pharmacies. Et les urgences se trouvent à 35 minutes.
Quelles solutions contre les déserts médicaux ?
« En Bourgogne-Franche-Comté, les déserts médicaux sont moins nombreux que nous pouvions le penser mais cela ne signifie pas pour autant que les difficultés et inégalités d’accès aux soins ne sont pas réelles, » déclare le Docteur Jean-Pascal Del Bano, cofondateur du Guide Santé.
Dans la majorité du territoire national, on se rend compte que les déserts médicaux correspondent aux mêmes territoires que les déserts numériques. Ceci est un véritable problème car l’un des moyens de lutter contre les inégalités d’accès aux soins pourrait passer notamment par le développement de la télémédecine. La téléconsultation ou “cabinet connecté” est l’une des dimensions de la télémédecine et peut être une alternative pour pallier les difficultés d’accès aux soins dans une zone considérée comme un désert médical, à condition que cette zone assure un véritable accès au numérique et à Internet.
De 13 à 15 % des médecins généralistes ne sont pas renouvelés, il faut donc trouver des solutions.Et le Docteur Del Bano considère que notre département a bien pris les choses en main en évitant le défaitisme que ce soit du point de vue du développement des maisons de santé, comme de l’emploi salarié des médecins généralistes pour les inciter à venir s’installer dans le département. Déjà au printemps dernier, il saluait l’initiative unique en France du département de Saône-et-Loire qui paie aujourd’hui.
En outre, le département ainsi que plusieurs EPCI comme la Communauté urbaine Le Creusot-Montceau contribuent à l’accélération du déploiement du très haut débit dans le département aux côtés d’Orange.
On peut donc se satisfaire globalement de la situation locale même s’il reste encore des axes sur lesquels il peut encore y avoir des améliorations.
Travailler sur l’offre de santé et sa qualité !
« Collectivement, en termes de système de santé, nous devons penser non seulement à l’offre géographique mais aussi à sa qualité dans un laps de temps donné, avec l’accès à la bonne expertise de façon efficace et efficient, » explique le Docteur Robin Ohannessian, médecin de santé publique, co-fondateur et directeur du cabinet de conseil Télémédecine 360. « En ce sens, en plus de la téléconsultation, il est absolument essentiel d’encourager le déploiement organisé et généralisé de
la télé-expertise en France pour l’ensemble de la population. »
D’autres alternatives apparaissent intéressantes et simples à mettre en œuvre pour lutter contre les déserts médicaux : les maisons de santé pluridisciplinaires, une meilleure coopération public/privé, la mise en place de bus de santé itinérants.
« Un désert n’est pas que médical mais global, » continue le Professeur Guy Vallancien, membre de l’Académie nationale de médecine et président de CHAM. « La solution consisterait à recourir davantage aux infirmières de pratique avancée (IPA), aussi appelées de « première ligne », en contact avec les patients qui les appelleraient en cas de besoin. Au domicile du malade, ces soignantes trouveraient, probablement une fois sur deux la solution par elles-mêmes, et enverraient, sans doute une fois sur quatre le patient dans un cabinet de généraliste ou aux urgences. »
Et comme le souligne le Professeur Jean-Michel Chabot, Professeur de Santé Publique et membre du comité scientifique de Le Guide Santé : « Ainsi, ce n’est pas tant l’extension du rôle et des compétences des infirmières pour en faire des IPA qui est intéressant, c’est le fait que le travail se fasse de manière coordonnée au sein d’une équipe constituée, où les échanges sont permanents, liés à une proximité physique ou bien électronique. »
0,55 % de la population française vit dans un désert médical
Si le Docteur Del Bano reconnaît que tout le monde ne s’accorde pas sur la définition du désert médical, à partir de celle que le guide santé présente, on observe que seulement 0,55 % de la population française vit dans un désert médical. Et 17,94 % vivent des difficultés d’accès au milieu médical. Ces difficultés concernent notamment les spécialités d’accès aux dermatologues et aux ophtalmologues, sujet qui devrait être traité en début d’année prochaine par le site.
Les pharmacies ont un bon maillage national avec seulement 1,39 % de difficultés d’accès.
Selon le Docteur Del Bano : « La pharmacie va avoir un rôle de plus en plus important avec des consultations en ligne. Ils devront participer à cela. Ce sont des professionnels du secteur médical. Il y a 22 000 pharmaciens sur le territoire. A la base, ils ne sont pas là pour vendre des cosmétiques. Ils sont utiles pour les tests Covid actuellement. Ils devront installer des cabines de télémédecine. Les pharmaciens ont un rôle à jouer. On peut penser aussi au rôle que peuvent jouer les ostéopathes. Ils sont 20 000 sur le territoire et peuvent orienter vers les généralistes. Cette profession manque d’une professionnalisation. Des diplômes universitaires vont être mis en place. Ce sont des petites choses à faire. »
Et de poursuivre : « Il faut développer les coordinations avec d’autres métiers : sage-femme, assistante ophtalmo etc. Je ne suis pas un inconditionnel de la télémédecine. C’est un bon outil permettant d’apporter de l’assistance. Il est pertinent s’il est utilisé en B to B, c’est-à-dire entre professionnels de santé. Une infirmière de pratique avancée sera contente d’être en téléconsultation avec un spécialiste par exemple. Cela a du sens. Pareil pour la radiologie avec un radiologue qui peut se trouver à distance avec une interface connectée à la machine. En B to B cela a du sens. »
Le Docteur Del Bano a conscience que certains généralistes pourraient se sentir attaqués par de telles propositions : « Il y a des actes que font les médecins généralistes que les infirmières peuvent faire. La télémédecine est une vraie solution avec les réserves que j’ai données. »
Et de rappeler enfin que la région Bourgogne Franche-Comté est pilote à bien des niveaux dans le secteur de la santé.
Un service d’urgence à plus de 30 minutes, inacceptable pour le Docteur Del Bano
Interrogé aussi sur ce sujet, le Dr Del Bano rappelle que le traitement des urgences vitales au-delà de 30 minutes n’est plus possible. C’est la mort assurée qu’il s’agisse notamment d’infarctus, d’AVC, d’accidents de la route par exemple.
Le plus important pour lui est que le service d’urgence le plus proche se situe à moins de 30 minutes. Et pourtant « personne ne se pose la question. C’est un vrai problème. Comment fait-on quand on n’a pas accès aux urgences ? « Il va falloir réfléchir. On ne peut pas fermer les hôpitaux périphériques. Il faut d’abord travailler sur la prévention pour réduire les infarctus, les AVC. » explique le Dr Del Bano.
Et il y aura donc d’autres solutions complémentaires à penser dans les prochaines années s’agissant des services des urgences.
Méthodologie de la recherche réalisée
L’ensemble des résultats proviennent d’une analyse de données statistiques publiques (Open Data) réalisée par l’équipe du Dr Stéphane Bach. Les indicateurs utilisés sont ceux de la DREES (Direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Statistiques) et de C@rtoSanté afin de définir un désert médical où sont situés les territoires de vie-santé les plus fragiles.
Est un désert médical, une zone qui cumule les trois difficultés suivantes : l’accessibilité potentielle localisée (APL) aux médecins généralistes est inférieur à 2,5 (consultations / an / habitant), la première pharmacie est située à plus de 10 minutes de trajet motorisé et le premier établissement de soins d’urgence est situé à plus de 30 minutes de trajet motorisé.
Retrouvez la carte nationale des déserts médicaux ici : https://www.le-guide-sante.org/actualites/carte-de-france-des-deserts-medicaux#
Et la carte de Bourgogne Franche-Comté : https://www.le-guide-sante.org/actualites/carte-de-france-des-deserts-medicaux/bourgogne-franche-comte
Et pour l’article complet sur les déserts médicaux, c’est ici : https://www.le-guide-sante.org/
EM