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jeudi 7 janvier 2021 à 10:24

Vaccination dans les établissements de santé

Les professionnels de santé attendent l'accélération de la vaccination avec impatience



 



Depuis le 15 décembre dernier, les professionnels de santé sont « sur les dents » après l’annonce du gouvernement du lancement de la vaccination auprès des professionnels de santé et des personnes fragiles. Oui mais voilà ! Ni les vaccins ni les recommandations et les procédures n’arrivent, comme nous l’a expliqué Roland Sicard, Directeur de l’Institut de Cancérologie Sainte Catherine à Avignon.

Le personnel soignant et les médecins restent depuis plusieurs semaines en attente des informations concernent la vaccination au sein de l’établissement. Malgré plusieurs interventions auprès des autorités et relances, le personnel médical n’a toujours aucune visibilité sur l’organisation de la campagne de vaccination et se sent délaissé.

 

Au cours d’un entretien ce jeudi matin avec le directeur de l’établissement d’Avignon, il a tout de même concédé que depuis ces dernières 48h, il y avait eu un début de contacts.

« On avait été surpris de ne pas avoir reçu la moindre information. L’ARS (agence régionale de santé) avait annoncé que les professionnels de santé auraient accès à la vaccination. Un établissement voisin [établissement qui a reçu les doses pour le département du Vaucluse] nous a indiqué avoir reçu 4000 doses. On est vraiment impatient de voir l’accélération de la campagne de vaccination. »

 

Une réaction d’inquiétude face à la lenteur des procédures

 

Roland Sicard poursuit son propos en faisant part de son inquiétude concernant la lenteur des procédures. « Depuis le 15 décembre, on a du mal. On voit bien que cela a du mal à descendre. Le message qu’on essaie de faire passer, c’est que la vaccination doit être massive pour les personnes fragiles et les professionnels de santé. Si on doit avancer en distillant nos efforts, cela ne va pas le faire. 20 000 doses par jour, c’est trop peu. »

 

Le Président de l’Institut du Cancer d’Avignon, établissement classé dans le top 20 des établissements français de santé, rappelle que le centre prend en charge 3000 patients au quotidien et possède 500 personnels professionnels de santé pour assurer cette prise en charge. Il a l’habitude chaque année de prendre en charge la vaccination de son personnel et des patients pour la grippe saisonnière. Cette campagne est réalisée en interne par les professionnels de santé de l’établissement. « En 15 jours, j’ai fait mon devoir, j’ai l’habitude. J’ai des médecins. On peut le faire nous-même. Pour les personnes en oncologie, il n’y a que l’oncologue qui peut dire si le vaccin est compatible avec le traitement du patient. On a tout ce qu’il faut pour faire les choses correctement » indique-t-il.

 

Quid des peurs concernant le vaccin ?

 

Interrogé sur les craintes des français quant à la rapidité de la création des vaccins, Roland Sicard estime : « La peur de la nouveauté est légitime. Pour autant, cela ne vient pas de nulle part. C’est 20 ans de progrès en médecine, en thérapie génique. Il n’y a pas plus d’effets secondaires que pour la grippe ».

 

Et d’estimer qu’il faudrait à présent grimper au chiffre de 150 000 vaccination par jour pour atteindre un niveau de vaccination de 50% de la population d’ici le 30 juin prochain.

 

« C’est le rôle du médecin que d’expliquer, de rassurer. L’acte de consentement doit être plus rapide également » estime-t-il.

 

L’échéance du 30 juin permettrait de réduire les contraintes aussi bien pour l’économie du pays que pour les citoyens selon Roland Sicard, qui indique aussi que 4000 doses actuellement pour un département de 500 000 personnes est juste dérisoire.

 

Des procédures à préciser et mettre en place

 

Par ailleurs, Roland Sicard a indiqué qu’il faudrait rapidement réfléchir sur les procédures de suivi des personnes vaccinées. « Pour les personnes fragiles, il est important de contrôler si elle est immunisée à l’issue de la première injection. A 21 jours, un contrôle doit être organisé. Si la personne est immunisée, une injection peut suffire. Sinon il sera peut-être nécessaire de réaliser 2, 3 ou 4 injections. Le taux de succès du vaccin chez les personnes âgées ne sera pas de 95%, mais plutôt de 60%. »

 

Aussi Roland Sicard appelle à une meilleure organisation de la vaccination en France afin de pouvoir en assurer le succès : « Si on veut réussir la vaccination, on doit le faire reposer sur l’ensemble des médecins. L’idée du vaccinodrome peut marcher pour les jeunes. Pour les plus de 50 ans, aucune logistique n’est actée. On a vu le temps qu’il a fallu pour la mise en place de tests. Il a fallu au moins 6 mois. Il faudra à présent être capable de faire la sérologie de 150 000 personnes par jours pour vérifier si elles sont immunisées. Les biologistes ne sont pas actuellement impliqués. Pourtant on est mobilisés, on sait faire. Cela prendra là-aussi du temps à le mettre en place ».

 

Une réflexion qui ravive l’incompréhension du professionnel de santé et de ses confrères puisque le sujet est sur la table depuis le 15 décembre dernier.

C’est tout un réseau à mobiliser dans les prochaines semaines et mois : pharmaciens, biologistes et médecins et pas seulement en milieu hospitalier selon Roland Sicard.

 

« Pour 150 000 vaccins par jour, on a besoin de tout le monde. Il faut mobiliser tout le monde pour la vaccination » a-t-il ajouté.

 

Un appel pour revenir à une vie « normale » y compris pour les plus fragiles

 

Ces derniers jours, d’autres médias ont fait part de problèmes de méthodologies dans l’administration du vaccin. Roland Sicard estime qu’il s’agit d’un problème marginal. « Cela fait partie des petits problèmes » juge-t-il.

Aussi est-il impatient d’entendre le discours de ce jeudi soir du gouvernement. « On sent que cela frémit depuis dimanche. N’oublions pas les malades chroniques. Ils sont 800 000 en France en oncologie. Ils n’ont pas de qualité de vie depuis l’an dernier. On les enferme dans leurs chambres sans qu’ils puissent voir qui que ce soit. Ces personnes rêvent de liberté. Elles souhaitent ne plus avoir d’épée de Damoclès au-dessus de la tête. Tous les jours, elles jouent leur vie. »

 

Un appel auprès donc du gouvernement et des services de l’Etat à accélérer la campagne de vaccination et surtout à procéder à un suivi correct de la population fragile avec des procédures précises.

 

Espérons que le discours de ce jeudi soir saura rassurer et apporter de réelles précisions aux professionnels de santé.

 

Emilie Mondoloni

 

 

 

 

 



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2 commentaires sur “Vaccination dans les établissements de santé”

  1. citoyen du monde dit :

    « le vaccin n’est pas l’arme absolue contre le virus, il s’agit d’un outil supplémentaire pour freiner l’épidémie. » Dr Christophe Prudhomme médecin au samu 93.

    • MICHMARE dit :

      Y a t il une arme absolue ? J’ose dire, quitte à déplaire, vaccinons nous. Que l’on soit le plus nombreux possible à le faire et espérons que nous ne manquerons ni de vaccins, ni d’aiguilles, ni de seringues. Quant au personnel prêt à vacciner, aucun doute, ils est et sera présent comme il l’est depuis presque un an. Souhaitons aussi que les administrations centrales soient aussi réactives que les élus locaux. Protégeons nous, vaccinons nous dès que possible, et que 2021 soit mieux que 2020 pour tous. Bonne journée et bonne santé surtout.