Attention aux tiques : la Bourgogne Franche-Comté première région de France des tiques porteuses de pathogènes
Le récit d'Annie Okrzesik touchée par la maladie de Lyme
Les données sont formelles : 43% des tiques en Bourgogne Franche-Comté sont porteuses de pathogènes, responsables notamment de la maladie de Lyme. La bactérie borellia, dont les tiques infectées sont porteuses, est à l’origine de la maladie de Lyme.
Quand une tique pique pour se nourrir, elle peut infecter son hôte de plusieurs maladies par plusieurs bactéries :
- la maladie de la griffe du chat,
- des virus,
- des protozoaires qui sont à l’origine chez le chien de la pyroplasmose. Ces protozoaires sont en réalité des parasites.
Annie Okrzesik, aujourd’hui retraitée, connaît très bien le sujet, elle qui a été piquée par une tique porteuse de la bactérie borellia, il y a une vingtaine d’années. Grâce son parcours, elle partage depuis plusieurs années des conseils de prévention par l’intermédiaire de l’association France Lyme dont elle est responsable en Bourgogne.
Ainsi en lycée agricole, elle apprend par les jeunes en formation que leurs parents agriculteurs perdent des animaux touchés par la maladie de Lyme ou la bactérie babesia.
Et les conséquences de ces maladies peuvent aussi être très graves pour l’être humain.
Plus la maladie est prise tôt, moins elle laissera de séquelles
Si une personne se fait piquer, Annie Okrzesik explique que si elle développe un érythème migrant, le médecin doit reconnaître qu’il s’agit d’un signe de la maladie de Lyme. Il doit alors mettre immédiatement son patient sous antibiotiques pour au moins 15 jours, voire 3 semaines un mois.
Après un traitement immédiat, les personnes peuvent dans la majorité des cas éviter que cela dégénère.
Un érythème migrant prend de l’ampleur. Sa particularité est qu’il peut se trouver à un autre endroit que celui de la piqûre de tique.
L’occasion aussi de rappeler que lorsque la tique pique, on ne sent rien car la tique injecte un anesthésiant.
Et si aucun érythème ne se développe, la maladie peut toutefois se développer. Il est alors conseillé de réaliser un test 8 semaines après la piqûre. Les réaliser plus tôt est inutile car le corps n’a pas eu le temps de développer des anticorps.
Oubliez tout ce que vous avez entendu concernant les tiques
Pour Annie Okrzesik, l’expérience a été bien différente. Elle a été piquée en 2000. Après avoir découvert la tique, elle l’a enlevée à la main (ce qu’il faut éviter) et n’est pas allée consulter de médecin immédiatement. Insidieusement, la bactérie était en train de se développer en elle. Elle avait alors des symptômes grippaux, se rappelle-t-elle. Puis elle a eu des douleurs articulaires, des douleurs qui bougent, des problèmes cardiaques. « Dès que la bactérie est dans le corps, elle est très rapide. Ces bactéries en forme de spirale sont très rapides. Elles peuvent prendre la forme des globules blancs pour les leurrer. » explique-t-elle.
Elle se rappelle du contexte dans lequel elle s’est fait piquer : « Je faisais partie de l’équipe de golf féminine de Chalon. J’étais en compétition à Montchanin. Après la compétition, je vois une tique sur ma poitrine. Les tiques aiment les zones chaudes et humides. J’ai enlevé la tique à la main.
Grosse erreur. Une tique respire par la peau. Dès qu’elle pique, elle va commencer à aspirer le sang et elle va recracher le reste. C’est à ce moment-là qu’elle peut passer des pathogènes. Si on la touche, elle régurgite. Il ne faut pas la toucher, pas l’agresser. Et surtout attention à toutes les informations qui tournent sur internet !
Ce qui va les tuer, c’est le scotch ! »
Donc exit l’éther, ou même les mettre dans les toilettes. Les tiques jetées dans les toilettes peuvent flotter et remonter ensuite !
On peut aussi les mettre en fond d’un bocal avec de l’huile.
Si vous avez été piqué, déclarez votre piqûre et envoyez la tique pour analyse.
Annie Okrzesik, dans l’attente de la reconnaissance de Lyme chronique
Annie Okrzesik est une de ces malades de Lyme dont la pathologie a été prise tardivement. Plus exactement, le diagnostic est tombé près de 10 ans après qu’elle ait été piquée. Et elle en subit encore les conséquences aujourd’hui. Elle a rencontré le professeur Christian Perronne qui a écrit plusieurs livres sur le sujet et qui soigne la forme chronique de la maladie de Lyme.
Avec la crise sanitaire de la Covid-19 et les formes longues de Covid, Annie Okrzesik y voit un espoir que la forme longue chronique de la maladie de Lyme soit à son tour reconnue.
Car pour elle, toute sa vie a changé dans les semaines qui ont suivi sa piqûre :
« Dans les semaines et mois qui ont suivies, j’ai eu des douleurs horribles au pied. Les chaussures étaient devenues insupportables. J’avais de grosses suées surtout la nuit. Ce sont des sortes de symptômes du paludisme. Je voyais mon médecin, mais il ne faisait pas le lien avec la maladie de Lyme. A un moment donné, je ne pouvais plus m’asseoir. J’avais des douleurs au coccyx, sacro-illiaques. Rien ne calmait mes douleurs. J’avais des insomnies. Aujourd’hui encore j’ai toujours des vertiges, des pertes de repères dans l’espace et le temps. Après un premier IRM cérébral, on m’avait trouvé un cerveau d’Alzheimer. Après trois d’antibiotiques – Annie Okrzesik a pris des antibiotiques pendant 8 ans – l’IRM était de nouveau normal. »
C’est à 45 ans à peine qu’Annie Okrzesik a vécu cet événement. La maladie avait pris une telle ampleur qu’elle ne pouvait plus s’habiller seule. Elle avait des tremblements internes, encore aujourd’hui d’ailleurs ainsi que des douleurs qui vont et viennent. « Mais ça va nettement mieux » indique-t-elle.
Elle se rappelle son parcours : « J’ai atterri je ne sais plus combien de fois aux urgences. Sur les enfants, c’est terrible. Ils peuvent se retrouver en fauteuil roulant. Pour ma part, j’avais mal à l’estomac, des problèmes d’intestins, je sentais des aiguilles dans la tête, des douleurs aux dents. Aujourd’hui encore je souffre d’hyperacousie. Je ne supporte pas le bruit. Des choses vont moins m’agresser que d’autres. J’ai une hypersensibilité aux odeurs, à la lumière, au goût. Je ne supporte plus les produits industriels. L’infection a complètement changé ma vie. J’étais hyper-active. »
Une fatigue lourde, importante…
Annie Okrzesik a enduré pendant plusieurs années, elle qui voulait rester active. Elle a dû être en congé maladie, puis maladie de longue durée. Elle n’arrivait plus à travailler devant un ordinateur. « On ne peut pas tenir. La fatigue est tellement importante. » ajoute-t-elle.
Pour autant, 95% des gens vont bien mieux après un traitement rapide. Si Annie Okrzesik raconte son histoire, c’est pour encourager les personnes se faisant piquer par une tique à consulter au plus vite pour suivre un traitement le plus tôt possible.
Et de poursuivre : « Il y a des terrains plus propices que d’autres au développement de cette pathologie ».
France Lyme, association créée en 2008
Ce qui a aidé Annie Okrzesik à se prendre en charge, c’est l’existence de l’association France Lyme (existant depuis 2008). En 2010, elle trouve le forum de France Lyme. Elle prend connaissance des symptômes : les malades étaient aidés par d’anciens malades et médecins touchés par la maladie.
L’association l’a ainsi aidée à cheminer. Puis elle a trouvé un médecin spécialisé dans le traitement de la maladie. Elle faisait 350 km pour aller le voir, malgré ses douleurs intenses, parfois couchée au fond de sa voiture.
Elle a alors suivi des traitements sous bi voire trithérapie (antibiotique, antiviral, antimycosique). Dès qu’elle a pu aller mieux, elle a alors commencé à aider les gens d’abord sur le forum.
« On doit énormément détoxifier le corps pour balayer les toxines hors du corps. En étant prof d’anglais, j’ai pu aller sur des forums américains. Ma section (France Lyme Bourgogne), je l’ai créée en 2014/2015, avant une grosse rechute. J’ai fait des stands de prévention. Je suis passée par les mairies pour les informer, réalisé des conférences avec des médecins, invité le docteur Perronne en 2018. Je me suis rendue en lycée. J’ai formé les jardiniers de la ville de Chalon. Je suis allée au lycée agricole de Gueugnon. Où on nous demande, on y va. L’ARS (Agence Régionale de Santé) nous contacte pour travailler avec eux » explique-t-elle.
Aujourd’hui le site de France Lyme propose des informations avec un forum pour les malades.
Ayez le bon geste, ayez un tire-tique chez vous !
Annie Okrzesik conseille d’avoir un tire-tique chez soi : « On tourne, on enlève la tique. On la met sur du scotch. Puis vous déclarez votre piqûre sur citique. Plus il y a de déclarations, plus on sait comment progresse la maladie. On peut même faire d’abord une photo de la tique sur nous, puis de l’endroit où on a été piqué tous les jours pour voir l’évolution. La tique, on l’envoie pour analyse si on le souhaite. Que ce soit une piqûre sur nous ou son animal, on peut faire le test. On ne saura pas tout de suite. Mais si des symptômes se développent, allez voir votre médecin » conseille Annie Okrzesik qui déplore que certains médecins refusent de retirer les tiques.
Pour tout conseil de l’association France Lyme au niveau de la Bourgogne, vous pouvez prendre contact par mail à bourgogne@francelyme.fr
Vous serez rappelé par téléphone si besoin.
Ayez les bons gestes après une balade en forêt ou dans des herbes hautes : vérifiez-vous et vérifiez votre animal. Et si besoin retirez la tique de façon adéquat.
Et retrouvez de nombreux conseils avec ces liens.
Voir aussi : https://www.citique.fr/
Retrouvez tous les conseils de prévention ici :
https://francelyme.fr/site/prevention/
https://francelyme.fr/site/mediatiques/prevention/que-faire-en-cas-de-piqure/
Pour connaître l’ensemble des maladies transmises par les tiques, voir aussi :
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