A la suite d’un appel à la grève largement relayé sur les réseaux sociaux, l’ensemble de l’équipe du laboratoire du Centre hospitalier de Montceau s’est mobilisé ce mardi. Ce sont ainsi une quinzaine de techniciens de laboratoire, soit 100% de l’effectif qui sont en grève.

Ce mouvement est par ailleurs soutenu par le biologiste du laboratoire, le cadre de l’équipe et le syndicat de la profession.

 

Cette grève, si elle n’était pas relayée ici-même, pourrait paraître totalement inaperçue. En effet, le personnel de laboratoire est réquisitionné pour assurer les analyses quotidiennes nécessaires pour le centre hospitalier et en externe.

 

Les techniciens de laboratoire, grands oubliés du Ségur de la santé

 

Toute cette journée de mardi, tous les techniciens, même ceux de repos, sont venus au centre hospitalier. Pour les grévistes qui n’étaient pas en poste ce mardi, ils ont déambulé dans le centre hospitalier afin d’informer et de sensibiliser patients et autres professionnels de santé à leur profession.

 

Et on a tendance à vite oublier ce qu’ils peuvent réaliser au quotidien pour la santé de tous. Actuellement on pensera immédiatement aux tests PCR. Cette activité en réalité est venue s’ajouter à celle déjà existante, sans ajout de personnel.

Au quotidien, le laboratoire réalise des analyses de sang, urine, liquides céphalo-rachidien, articulaire etc. De nombreuses analyses sont réalisées sur place, notamment les analyses urgentes qui sont exclusivement réalisées à Montceau-les-Mines.

 

Malgré cela, les techniciens de laboratoire font partie des oubliés du Ségur de la santé.

 

Des inquiétudes liées au groupement hospitalier de territoire (GHT)

 

Le personnel du laboratoire nourrit aussi des inquiétudes en lien avec l’appartenance au groupement hospitalier de territoire. Ces inquiétudes portent sur une baisse d’activité du laboratoire montcellien au profit de celui de Chalon-sur-Saône. Et celles-ci sont nourries aussi par le fait que des postes ont déjà été supprimés au laboratoire du CH de Montceau depuis la création du Groupement hospitalier de territoire.

 

Actuellement les techniciens de laboratoire réalisent 2 tests PCR Covid pour les urgences en 15 minutes et 8 toutes les deux heures en plus (24h sur 24h) avec un automate.

 

Les techniciens de laboratoire travaillent 24h sur 24h et 7 jours sur 7. En effet, ils assurent les urgences et le dépôt de sang.

Frédérique Moro, technicienne de laboratoire et représentante du personnel sur la liste CGT insiste sur la forte implication du personnel. Une implication qui n’est pas rémunérée à la hauteur selon les techniciens.

 

Par exemple, depuis mars 2020, le laboratoire est monté en puissance au niveau des analyses PCR. Au début de l’épidémie, il fallait attendre 3 à 5 jours pour obtenir les résultats car les analyses étaient envoyées à Chalon-sur-Saône. Depuis l’arrivée de l’automate en octobre dernier et après une formation de l’équipe à son utilisation, les analyses sont beaucoup plus rapides.

« On a tout de même des manipulations à réaliser avant de mettre le prélèvement dans l’automate. Ensuite on fait l’interprétation des résultats. L’automate nous donne des courbes. » nous explique Frédérique Moro.

 

Et de poursuivre : « Pour les analyses de sang, on regarde les résultats pour voir s’ils sont cohérents. On a un esprit critique sur les résultats. Des résultats critiques doivent être communiqués très vite. Et pour les cas Covid positif, on les contacte immédiatement. »

 

Des revendications de revalorisation des salaires et de titularisations

 

Ce mardi, les techniciens de laboratoire ont demandé aussi une revalorisation de leurs salaires.

« On demande le passage en catégorie A. Certes on a un niveau Bac +  2/ Bac +3. Mais un nouveau technicien doit être formé 6 mois avant d’être opérationnel. Et quand il y a une garde de nuit, le technicien est seul. Il y a aussi un biologiste d’astreinte pour répondre aux questions. » explique Frédérique Moro.

 

Les grévistes demandent aussi une titularisation de tous les techniciens. En effet un technicien sur deux est titulaire. Et Frédérique Moro nous indique qu’il existe de fortes disparités de salaires dans l’équipe. De fait, les plus jeunes sont difficiles à fidéliser et partent facilement si l’offre de salaire est plus intéressante. Par ailleurs, la question de la titularisation n’est pas propre au laboratoire nous a précisé Frédérique Moro.

 

En outre, les grévistes attendent un maintien des effectifs sur le site de Montceau-les-Mines. « On fait ce qu’on peut. On a réalisé ainsi plus de 40 dépistages Covid par jour en laboratoire en externe au pire de l’épidémie. »

Il faut en effet préciser que le dépistage de la Covid-19 ne se limite pas aux patients du centre hospitalier. Le laboratoire traite aussi des demandes du centre hospitalier de la Guiche, des maisons de retraite du Creusot, de personnes venant se faire tester au centre hospitalier etc.

 

Le mouvement de grève de ce mardi est historique. Cela fait plus de 20 ans pour la profession qu’un tel mouvement n’avait pas eu lieu au Centre hospitalier de Montceau-les-Mines.

 

70% des diagnostics sont posés en laboratoire. Si les techniciens de laboratoire travaillent dans l’ombre, leur rôle est donc crucial dans le diagnostic des patients.

 

Et si les techniciens de laboratoire ont été en grève ce mardi, ils sont surtout volontaires, motivés pour être utiles à la population.

 

Ils ont d’ailleurs préparé une lettre pour le ministre de la santé, l’ARS (Agence Régionale de Santé), les sénateurs et députés.

 

Pour soutenir les techniciens de laboratoire, signez la pétition : http://chng.it/Qy7jC4Hf

(site AFTLM, onglet actualité)

 

 

EM