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mardi 16 mai 2023 à 06:04

Montceau-les-Mines : portrait du Dr Dominique Bontoux sur France 5

« Enquête de santé : recherche médecin désespérément » présenté par Marina Carrère d’Encausse, mardi à 21h



 

Ce mardi soir à 21h, France 5 diffuse le documentaire Enquête de santé, recherche médecin désespérément. Le documentaire réalisé par Céline Martel, propose notamment le portrait du Dr Dominique Bontoux, installée à Montceau-les-Mines depuis plusieurs années.

À Montceau-les-Mines, le Dr Dominique Bontoux a choisi une activité salariée après un burn-out qui a mis un terme à vingt années d’exercice libéral. Elle exerce dans le centre de santé financé par le département et reçoit tous les jours des patients qui souffrent d’un manque cruel de soins dans ce désert médical.

Âgée de 59 ans, le Dr Dominique Bontoux est originaire du Sud de la France. Elle a exercé son métier de médecin en libéral durant 25 ans à Marignane.

En 2018, elle s’arrête pour raison de santé. Au cours de son arrêt, le médecin avec lequel elle partageait son cabinet, fait un burn-out. A son retour, elle se retrouve seule dans son cabinet et voit passer l’annonce du conseil départemental de Saône-et-Loire.

Elle décide alors de tenter l’aventure.

Aujourd’hui elle ne regrette rien : « Je dis « chapeau » a département. Je suis émerveillée par le travail réalisé par le département. C’est un énorme défi. Ils tiennent sur la longueur. Mais ils se retrouvent face à la pénurie. Le département s’accroche. Le Président est à fond. Il nous écoute, il fait tout ce qu’il faut. Il est très à l’écoute du terrain. C’est quelqu’un de pragmatique. Il ne lâche pas l’affaire. »

Dominique Bontoux est arrivée depuis début 2019. Elle entame à présent sa cinquième année en tant que médecin salarié au sein du centre départemental de santé. Aujourd’hui à mi-temps, ce statut lui apporte un véritable confort de vie.

Un changement pour de meilleures conditions de travail

Au cours du tournage du documentaire, la réalisatrice a été frappée par le contraste de ce que le Docteur a quitté. Dans le sud, elle a ses amis, sa famille, ses proches.

Comment en est-elle arrivée à tout quitter pour venir en Saône-et-Loire ?

En réalité, le Docteur Bontoux a toujours été en libéral. Ce n’était pas le salariat qu’elle cherchait à tout prix, mais ce sont les conditions de travail qui l’ont attirée.

En effet un médecin libéral est un véritable chef d’entreprise : « L’URSSAF, c’était un cauchemar et tout l’administratif… pour peu qu’on veuille avoir une secrétaire, c’est impossible. En libéral, on est un peu seul. Et en cabinet de groupe, c’est pire. »

Et d’ajouter : « J’ai l’impression, je crois entrevoir la volonté de cesser d’avoir de la médecine libérale pour avoir la main dessus. Salarier les médecins permet de réguler. Il faut garder de l’attractivité pour ces métiers. Aujourd’hui c’est un problème de crise de vocation. Ce que j’apprécie ici, c’est qu’on nous laisse faire notre travail comme on a l’habitude de le faire. On a les locaux à disposition, beaucoup de facilités d’exercice. On est libre d’être comme on a été. Et on a des gardes-fous en étant salariés. Aujourd’hui c’est dur de dire non en tant que médecin. C’est un métier où il y a beaucoup de burn-out. On tire sur la corde. On a gardé cette notion qu’on est à la disposition des gens. C’était possible il y a 50 ans parce qu’il n’y avait pas de pénurie de médecins en France. Les femmes de médecin faisaient le secrétariat et le ménage. Il faut cesser de rentrer dans ce moule. On est tout le temps en train de culpabiliser. »

L’importance de la relation avec le patient

Et le Dr Bontoux de poursuivre : « Il y a le temps du diagnostic et celui de la relation avec le patient. Ce deuxième temps est frustrant. Nous n’avons plus de temps pour celui-là. La solution au problème de santé est souvent dans la vie du patient. D’ailleurs c’est presque mal vu aujourd’hui de passer du temps avec ses patients. On ne prend pas de nouveaux patients pour éviter de bâcler. »

Avec ce statut de salarié, le Dr Bontoux estime que c’est le temps nécessaire pour tenir. C’est ce qui permet de maintenir un bon niveau de tolérance, une bonne capacité d’empathie.

« Si le médecin s’épuise, le patient est perdant » ajoute-t-elle.

« C’est pour cela que je suis là, pour avoir des règles, un cadre, un contenant dans lequel je suis sûre de ne pas déborder, pour avoir des choses à donner. L’épuisement veut dire « je ne peux plus rien pour toi ». Donc ce qui est une solution pour les médecins, est une solution pour les patients. Les conditions attractives sont une solution pour les médecins ».

Impliquer les gens dans leur santé

Pour le Dr Bontoux, le centre de santé départemental constitue une véritable attractivité pour les médecins. « Il faudrait plus de médecins. Mais cela a le mérite d’apporter des médecins là où il n’y en avait pas. On en est encore à imaginer qu’on peut avoir un médecin disponible 24h sur 24. Ce n’est pas possible. Il faut peut-être impliquer les gens dans leur santé. » explique-t-elle.

Avant de conclure : « On est à un moment charnière. On doit prendre un virage vers une autre forme de médecine. »

Le documentaire complet sera diffusé ce mardi soir sur France 5 à 21h. Il sera suivi d’un débat auquel participera le Docteur Bontoux en plateau.

EM

 

 

 

 



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