Saint-Micaud : un village rural atypique !

 

Maurice Chevalier chantait « çà sent si bon la France ! » et Montceau-news.com a décidé de vous faire découvrir des communes rurales du bassin minier avec leurs particularités. Premier épisode aujourd’hui.

 

 

 

Nous voulons tout d’abord remercier le Maire Bernard REPY et la secrétaire Monique Chevrot pour leur disponibilité et tous les documents qu’ils ont mis à notre disposition pour la réalisation de ce reportage.

 

 

Situé à mi-chemin entre les hauteurs du Mont Saint vincent et les prémices de la Côte Chalonnaise, le village de Saint Micaud, est situé dur la D28 entre Le Puley et Montchanin le haut (St Eusèbe).

 

 

Village atypique puisque coupé en deux, avec une partie entourant l’église, côté Puley et une partie avec la Mairie, côté Montchanin le Haut, c’est là que trône le château du XVIIème siècle, édifié par la famille des Royer et qui fut en son temps une véritable Seigneurie.

 

 

 

 

Petite par sa population avec 270 habitants récemment recensés, la commune est grande par ses 2091 hectares de superficie. Située à proximité de la ligne de partage des eaux, elle est évidemment montagneuse et, par exemple, le principal de ses hameaux, « Dieu-le gard » est situé à une altitude de 450m et dans le bourg, l’école et la mairie se trouvent à 300m au dessus du niveau de la mer.

 

 

Il est difficile d’évaluer l’âge, même approximatif de la commune, puisqu’aucun document dans les archives de la Mairie ou du département ne peut en témoigner. Seuls des indices architecturaux peuvent faire penser que l’église, plusieurs fois restaurée, pourrait dater du XIIIème siècle.

 

 

 

 

Saint Micaud, tirant son nom des mots latins Sanctus Michauldus, a été placé initialement sous le patronage de Saint Michel et par la suite sous celui de Saint Pierre. Sous la Révolution, Saint Micaud vit même son nom républicanisé, laïcisé et débaptisé pour être un moment « Mancert ». On peut , dans la lecture de certains ouvrages, en particulier dans la « description générale du Duché de Bourgogne », ouvrage dû à l’Abbé Courtépée, à la page 143 (V. Le Charolois), avoir une idée plus précise de l’évolution de St Micaud dans l’histoire de la Région.

 

 

 

 

Elisabeth Lemonde nous explique la belle histoire entre l’église de Saint Micaud et ses paroissiens :

 

 

« Construite au début du 12ème siècle, l’église doit sa beauté actuelle à l’implication sans faille de ses paroissiens.
L’église romane comme beaucoup de petites églises bourguignonnes a été construite sous l’inspiration de l’abbaye de Cluny.

 

Placée sous le vocable de Saint Pierre elle appartenait à l’ancien évêché de de Chalon et depuis le 18ème siècle à l’archiprêtré de Mont Saint Vincent.

 

Les Archives permettent de situer la date de construction du clocher et de la première travée du chœur au début du 12ème siècle et celle de la deuxième travée vers le milieu du 14ème siècle.

 

Différents chantiers de rénovation lui ont ensuite donné son aspect actuel.

 

La nef, entièrement plafonnée et éclairée par six grandes fenêtres de type roman, a ainsi été construite entre 1896 et 1898.

 

Plus près de chez nous, une importante restauration générale de l’église fut réalisée en 1956-57 sous l’impulsion de l’Abbé Beeseau. Les paroissiens eux-mêmes réalisèrent un décapage des murs qui fit apparaître les pierres du chœur et de la nef. Une fois leur travail quotidien achevé, les hommes du village venaient apporter leur contribution au chantier dans la gaieté et la convivialité. La soirée se terminait à la cure en partageant une collation préparée par les dames du village.

 

Des vitraux polychromes constituant un poème à la gloire de Saint Pierre offerts par les commerçants de la région ainsi qu’un chemin de croix moderne, en cuivre repoussé, et un tabernacle en forme de reliquaire roman offerts par les malades et le corps médical de la région vinrent parachever ce travail collectif.

 

 

 

 

Cette restauration a permis à l’église de figurer parmi les plus belles églises romanes du département.

 

Dès 1954, Saint Micaud pouvait s’enorgueillir d’un télé-club, grâce au dynamisme de l’abbé Beeseau. Il avait transformé sa salle à manger en salle de cinéma avec gradins et fauteuils récupérés. Les paroissiens, plus souvent les anciens, venaient dons regarder la « piste aux étoiles » et autres programmes de l’époque. L’abbé cherchait sans cesse à mobiliser les bonnes volontés pour trouver l’argent nécessaire à des projets comme la rénovation de l’église ou pour rendre la vie de ses paroissiens plus facile. Il avait ainsi réussi à installer une machine à laver le linge dans différents points du village et des hameaux. La lessive n’était plus une corvée au lavoir ! »

 

 

 

 

Plusieurs hameaux sont très importants dans la commune :

 

– Dieulegard, qui tire son nom des « dieulegard », anciennes propriétés du Clergé. Situé à l’ouest du bourg, entre Torcheville et La Galoche, ce hameau se trouve juste en dessous du « Bois Templier » où un habitant a découvert fortuitement un puits, dans lequel, après qu’il eut été vidé, on découvrit des vestiges très anciens dont la plus belle pièce est une stèle gallo-romaine. A lui seul, ce hameau renferme le dixième de la population.

 

 

– La Bomme, c’est en 1737 que l’Abbé Dejean, curé de la paroisse a légué par testament à la commune, en faveur des pauvres ce domaine. Ce dernier fut longtemps exploité et aujourd’hui, grâce au CCAS (Centre Communal d’Action Social), avec l’aide du Conseil Général, du Conseil Régional et de l’Etat, après démolition d’une grande partie des bâtiments agricoles, la maison d’habitation fut rénovée et transformée en logement social qui accueille aujourd’hui un jeune ménage avec des enfants.

 

 

 

– Torcheville, entre Le Puley et Marigny, situé tout entier dans le bassin de la Loire.

– Les combats, près du bourg évoque dans l’esprit le souvenir des luttes du moyen âge (luttes sanglantes, épiques ?)

– La Chapelle, situé près du précédent, sans doute, d’après les ossements découverts, à l’emplacement d’un ancien cimetière et semble être d’après certains ouvrages et archives, le lieu de l’une des premières agglomérations du pays.

– Thézu, du nom du seigneur de Thézu qui y a résidé sans doute peu longtemps avant de l’abandonner pour Mont Saint Vincent

– La Baume, situé dans la montagne, a vu s’établir la ferme du bureau de bienfaisance due à la générosité du curé Dejean.

– La Vauzelle, (aujourd’hui Vozelle), est le trait d’union entre la commune et Le Puley et est sans doute de création récente, puisqu’il ne figure pas au plan cadastral de 1819.

– Et puis bien d’autres (la commune en compte pas moins d’une vingtaine), tels La Presle, Les Margottes, le temple, les Bardots etc… .

 

 

La curiosité de Saint Micaud : son Menhir :

 

 

Il existait au commencement du siècle dernier au lieudit « La Pièce », à une centaine de mètres de la maison commune, trois menhirs connus sous le nom de « Pierre aux Fées ». Il n’en subsiste plus qu’un aujourd’hui, le plus important heureusement.

 

 

 

 

La plus petite de ces pierres est restée introuvable malgré les recherches et la seconde a été utilisée, après être tombée au début du 19ème siècle, dans la construction d’une ferme sise aux Ragots.

 

Celui qui reste, au bourg, mesure 6m35 de hauteur sur 1m environ de chaque face. Il Pèse environ 15 tonnes et est en grès arkose. Il provient des bois de Chaleûtre et on se demande encore comment les hommes, en ce temps là, ont bien pu faire pour le transporter, faute de chemins, sans matériels, sur 6 kilomètres, jusqu’à l’endroit où il a été érigé, et ce après bien des déboires.

 

 

 

 

La légende :

 

« un homme et une femme piochaient un champ de fèves ; leur chien leur tenait compagnie. Vint à passer une procession. La femme invita son mari à cesser quelques instants le travail et à se découvrir.
L’homme ne tint aucun compte des exhortations de son épouse et estima que rien ne devait interrompre la besogne commencée. Par un effet de la puissance divine, le mari, sa femme et son chien furent immédiatement changés en pierres. De là l’existence de la grande pierre (l’homme), de la moyenne pierre (la femme) et de la petite pierre (le chien ».

 

 

Et aujourd’hui ?

 

 

Aujourd’hui, Saint Micaud vit essentiellement de l’agriculture, avec 15 exploitations, 2 mécaniciens agricoles, et des entreprises artisanales. Nombre de ses habitants s’en vont travailler dans les agglomérations urbaines voisines et la commune compte aussi 10 résidences secondaires et hélas aussi 15 logements vacants.
L’école fonctionne avec cantine et garderie de 7h30 à 19h pour permettre aux parents d’exercer leurs activités professionnelles.

 

 

 

On peut se rendre à St Micaud pour y visiter son église et son menhir, mais aussi pour y découvrir sa campagne vallonnée avec ses chemins de randonnées et puis, il y a aussi la marche du 1er mai et le méchoui (dernier samedi de juillet).

 

 

Mais, il faut venir s’y promener, parcourir les routes et chemins de randonnées, les paysages y sont magnifiques, tout est fait pour le plaisir des yeux, les puits magnifiquement décorés, les plans d’eau cachés dans les prairies, les bâtiments fabriqués en tuile rouge (oui, même les murs), il y a un magnifique hangar à Dieulegard. On pourrait traverser de long en large cette grande superficie qui est St Micaud et ne rien voir de sa beauté naturelle, sauf que chaque virage, chaque vallée, chaque montagne, chaque prairie, chaque forêt rappellent à nos sens que ce village qui semble toujours endormi reste bien éveillé, et ce depuis de nombreux siècles et pour longtemps encore !

 

 

Comme il avait raison, Maurice Chevalier, de chanter « çà sent si bon la France ! »

 

 

Jean Michel LENDEL