Rencontre avec…
Robert Giroux, sympathique mémoire de l'agriculture à Saint-Bérain-sous-Sanvignes !
Robert Giroux, sympathique mémoire
de l’agriculture à
Saint-Bérain-sous-Sanvignes !
Robert Giroux a 82 ans, il est retraité de l’agriculture depuis 1995. Il vit toujours avec son épouse à Saint Bérain sous Sanvignes, village même où il est né et où il a été éleveur de bovins pendant près de 40 années.
S’Il a accepté de s’entretenir avec nous, ce n’est certainement pas pour parler de lui, « j’ai horreur de me mettre en avant !» nous lance-t-il. Nous avons vite compris que ce dont il voulait nous parler, c’est de l’évolution de l’agriculture en Saône et Loire et plus particulièrement sur le territoire de Saint Bérain sous Sanvignes. Et là-dessus, notre homme en connaît un rayon, d’une part de par son expérience professionnelle, mais aussi de par les multiples responsabilités départementales qui ont été les siennes dans le monde agricole, responsabilités qu’il a toujours assumées avec rigueur et qui ont fait de lui un personnage « reconnu » dans le milieu paysan…. Mais de ces hautes distinctions qui ont été les siennes, il n’en dira pas plus, il revient vite à ses…moutons… ou plutôt à son bétail !
Dans son préambule il dit : « St Bérains s/ Sanvignes est une grande commune rurale de la CUCM essentiellement tournée vers l’élevage, avec 4500 hectares de superficie dont un quart environ en forêt.
Il nous fait un éloquent comparatif de l’évolution en nombre d’élevages et de têtes de bovins sur le plan départemental et sur le plan communal et cela sur la même période, de 1970 à 2014, il allongera même les statistiques pour la commune en remontant jusqu’à la dernière guerre.
En Saône et Loire, il y avait, nous écrit-il :
« En 1970 24000 exploitations pour 550000 bovins en prophylaxie (L’ensemble des actes de prophylaxie sont obligatoires. Ils permettent la surveillance sanitaire des heptels, afin d’éviter la réapparition de maladie éradiquées auparavant (brucellose, varron, Fièvre aphteuse…) et le contrôle de certaines maladies pas encore éradiquées (Tuberculose, IBR…) ou l’éradication de nouvelles maladies (Fièvre catharalle Ovine, Schmallenberg…). La prophylaxie est obligatoirement réalisée par le vétérinaire sanitaire. C’est-à-dire un vétérinaire titulaire du mandat sanitaire (le cas de tous les vétérinaires libéraux !) choisi par l’éleveur par simple courrier auprès des services vétérinaire (Direction Départementale de Protection des populations DDPP, ex-DSV).
– En 1975, 17500 élevages,
– En 1980, 11500 élevages,
– En 1991, 11000 élevages,
– En 1994, 9022 élevages,
– En 1999, 7514 élevages,
– En 2004, 6208 élevages,
– En 2009, 5071 élevages,
En 2014, il ne reste plus que 4394 élevages, mais le nombre de bovins est supérieur à celui de 1970, avec environ 650000 bovins. Il est à noter nous dit-il : « que de 70 à 76, nous avons perdu 550 élevages par an puis, de 80 à 91, nous en avons perdu plus de 400 par an. A cause de la crise de l’élevage et à plusieurs années de sécheresse consécutives, nous avons perdu en Saône et Loire 650 cheptels entre 1991 et 1992 et la plus importante baisse se situe entre 1992 et 1993 avec 776 élevages en moins….et l’on peut constater que le nombre de bovins reste à peu près stable malgré la diminution du nombre d’éleveurs ! »
Pour ce qui est de la commune de Saint Bérain sous Sanvignes, il annonce les chiffres :
– En 1944, 145 personnes possédaient sur la commune un ou deux bovins, une ou deux chèvres, on n’a pas le nombre de bovins de cette époque.
– En 1964, il ne reste plus que 101 exploitations pour 3068 bovins
– En 1970, 80 exploitations pour 3744 bovins
– En 1975, 68 exploitations pour 4615 bovins,
– En 1980, 64 exploitations pour 4690 bovins,
– En 1985, toujours 64 exploitations pour 5451 bovins,
– En 1990, 54 exploitations pour 5754 bovins,
– En 1995, 48 exploitations pour 5402 bovins,
– En 2000, 43 exploitations pour 5337 bovins,
– En 2005, 40 exploitations pour 5806 bovins,
– En 2010, 30 exploitations pour 5363 bovins,
– En 2014, il ne reste sur la commune que 28 exploitations avec 5528 bovins.
Robert Giroux nous indique que : « le nombre des bovins peut varier un peu car ces chiffres représentent les animaux qui sont en prophylaxie. Il y en a un peu plus en été et l’on peut ainsi arrondir le chiffre aux environs de 6000 bovins, ce qui place la commune au 3ème ou 4ème rang dans le département au nombre de bovins. Par contre, le nombre d’exploitations indiqué est, lui, exact, ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a que 28 exploitants car certains élevages sont en GAEC ou en Société, ce qui peut faire une trentaine de chefs d’exploitation …»
De toute façon, il confirme la comparaison : « la courbe est la même que celle du département et aujourd’hui les jeunes ont du mal à s’installer car il faut beaucoup de capitaux et la rentabilité n’est pas assurée ».
Intarissable sur le sujet, Robert Giroux veut expliquer ces chiffres :
« Tout de suite après la guerre, en 1945, il y avait 145 personnes qui possédaient au moins 1 ou 2 bovins. Ce chiffre peut paraître élevé mais il faut savoir qu’à cette époque il existait beaucoup de toutes petites exploitations, des gens qui avaient une ou deux vaches et quelques chèvres, puis 5 ou 6 vaches et aussi des gens qui étaient « double-actifs » qui travaillaient souvent à la ferme et à la mine en même temps, à la maison, il n’avaient que quelques animaux… vaches, chèvres, souvent des moutons car pendant la guerre, on les élevait pour la viande mais aussi pour la laine. Bien sûr, il ya avait aussi les porcs et les volailles……..Les exploitants faisaient surtout de la polyculture car pendant et après guerre, il fallait récolter le maximum de produits et dans chaque ferme on trouvait plusieurs hectares de pommes de terre. Pour engraisser un lot de porcs, des topinambours, des betteraves et puis des céréales, du blé du seigle, de l’avoine, de l’orge. On faisait un peu de colza pour faire de l’huile et bien sûr des bovins pour lesquels il fallait faire du foin et aussi des chevaux de trait, car tout le travail de la ferme s’effectuait avec des chevaux, c’est tout cela qui explique qu’on élevait moins de bovins………………..Les chevaux ont progressivement disparu pour être remplacés par les tracteurs. Oui, la mécanisation de l’agriculture a changé les données ! ».
Difficile de dire s’il regrette ce temps là, en tous cas il conclut son propos :
« La polyculture a disparu. Aujourd’hui, dans une exploitation, chez nous, il ya des bovins (parfois des ovins et des caprins sur quelques exploitations). Maintenant on cultive des prairies temporaires, il faut récolter beaucoup de foin, faire de l’ensilage d’herbe, de maïs, des céréales, tout cela pour la consommation des bovins sur l’exploitation. »
Très fier, il poursuit : « C’est cela qui fait que les animaux qui sont produits sur la commune sont de très bonne qualité, ils ne mangent que de l’herbe, du foin, de l’ensilage d’herbe ou de Maïs, des céréales, tout cela étant produit sur l’exploitation ! Ils n’ont pas l’appellation « bio », mais on ne peut pas faire mieux et plus sain ! ».
Aujourd’hui, Robert Giroux n’a pas complètement quitté le milieu et il rend souvent visite à l’exploitation proche de chez lui, exploitation dénommée EARL Jean Giroux et Virginie gérée par son neveu et l’épouse de celui-ci. Là, il admire la qualité du travail accompli, la modernité des conditions de travail (mécanisation) et le résultat, le fruit de ce travail, depuis la qualité des reproducteurs jusqu’à celle de la viande dans les assiettes des consommateurs.
Bien sûr, dans sa tête se bousculent les souvenirs du travail d’antan, le labourage avec les chevaux ou les bœufs, le battage des céréales etc… et puis aussi toutes les fêtes qui allaient avec, toutes ces traditions festives.
Il se souvient aussi que ses responsabilités d’antan lui ont permis de faire des rencontres avec des personnalités du monde politique comme par exemple André Jarrot, du monde social et même du show business comme Carlos.
Comme nous le disions plus haut, Robert Giroux est resté très discret sur cette partie là de son activité et nous avons eu la chance de rencontrer l’un de ses amis, Jean Chatron, ancien assureur de la Mutuelle Agricole, qui a bien voulu nous confier des photos prises dans les années 60,
– soit à des concours agricoles sur la place Beaubernard à Montceau (avant l’implantation de l’ex tribunal),
– soit de défilés en ville à l’occasion des grandes foires de Montceau,
– soit de labours à l’ancienne à l’emplacement de l’actuelle piscine de Montceau,
– soit lors d’échanges festifs avec le département des Landes, là, il savait s’adonner à la cuisine, activité où il excelle.
– soit lors de manifestations officielles
– et même lors de la rencontre avec Carlos lors d’une foire agricole.
Merci Jean de nous avoir confié ces clichés, avec l’accord de ton Ami Robert Giroux.
Monsieur Robert Giroux nous vous souhaitons une encore très longue et heureuse retraite dans votre village.
Jean Michel LENDEL
Foire place Beaubenard
Avec Carlos
Avec les élus de l’époque…
Batteuse
Une autre batteuse
En pleine action cette fois
Dur labeur..
Surveillance de tous les instants…
Passé révolu…
Cuisine champêtre…
En tenue de ville…
La foire de la place Beaubernard sous un autre angle…
Avant ci-dessus et ci-dessou
Aujourd’hui
2 commentaires sur “Rencontre avec…”
Merci beaucoup, M. Giroux…..et bien sûr Montceau news.
Les données fournies semblent indiquer que la production a augmenté alors que le nombre de producteurs s’effondre.
Donc que la possibilité de créer des emplois économiquement assumés diminue, alors que la population augmente…..
Amitiés
merci a vous pour ces belles photo , que de souvenirs ! bisous a toute la famille Giroux du cousin du bdv .