L’innovation vue par le Mecateamcluster
3 contrats cadres signés
La matinée intitulée « Vers le chantier ferroviaire du futur » a été ouverte par Jean-Claude Lagrange en tant que Vice-Président de la CUCM en charge du développement économique, de l’emploi et de la sécurité professionnelle.
Il indiquait : « Je suis très heureux d’être au milieu de spécialistes pour parler d’innovation, un volet primordial pour redynamiser le territoire ». Il a ainsi parlé du territoire de la CUCM comme d’un modèle de réindustrialisation tournée vers le futur.
Et d’ajouter : « Dans cette industrie du ferroviaire, on sait qu’il y a des thématiques importantes. »
Des thématiques développées par le Mecateamcluster
Tout au long de la matinée, ce sont les différents porte-paroles de plusieurs groupes de travail qui se sont succédés face à l’assemblée afin de présenter un compte-rendu souvent très technique des travaux engagés depuis deux ans.
Patrice Hautbois, en sa qualité de Président de la Commission innovation, rappelait que celle-ci avait été lancée le 29 octobre 2014. A l’époque, il avait alors présenté le travail collaboratif et l’ambition du Mecateamcluster devant une quarantaine de personnes.
« Faire travailler des entreprises concurrentes ensemble, c’est un gageure. Quels arguments fallait-il avancer pour parler de sécurité ? » expliquait-il.
Et de conclure son allocution : « Alors le travail collaboratif : mythe ou réalité ? »
Amélioration de la sécurité des opérateurs et de la performance industrielle
Cédric Dumont, Directeur de la société Option Automatismes, a été le premier à s’exprimer en rapportant les résultats du groupe de travail « wagon et ballastage avec l’automatisation ». L’idée du groupe était de réfléchir à plusieurs problématiques sur le sujet : bruits, éclairage, poussière, sécurité des opérateurs.
L’objectif principal du groupe a été de travailler sur une solution pour changer le process du ballastage.
Gilles Turbillon, Responsable Grands comptes et du marché écomat pour l’entreprise IFM, expliquait avec Fabrice Blanc (entreprise ETF) la réflexion sur la sécurité des hommes. Cette même réflexion a donné lieu à la réalisation très pratique d’un système embarqué dans les machines afin de détecter les obstacles.
En effet, le recul d’engins et la détection de personnes est un enjeu majeur dans le ferroviaire comme dans l’ensemble des activités du BTP.
Ce sont ainsi plusieurs paramètres dont les industriels ont tenu compte afin de proposer une solution technique innovante et efficace : périmètre d’action et de visibilité, performances technologiques requises, celles déjà existantes, mouvements de la machine, vitesse de déplacement.
A l’aide de schémas, puis d’une vidéo montrant la mise en application du prototype ainsi créé, Gilles Turbillon et Fabrice Blanc ont prouvé la validité du produit et du travail collaboratif à l’origine de ce résultat.
A présent, le but reste de financer le kit et d’équiper d’autres machines. Un consortium devrait être aussi déployé, lequel va prendre en charge la suite du projet. La commercialisation du système devrait ainsi pouvoir se faire avec à terme l’ambition d’équiper un maximum de machines d’entretien des voies ferroviaires.
Le système auquel devraient être apportées de légères améliorations pourrait être mis en place d’ici un an.
Revoir le schéma de maintenance de la filière ferroviaire
Poursuivant les présentations de la matinée, Philippe Muller, Directeur de la maintenance du matériel chez ETF a expliqué pour sa part la démarche des groupes de travail qui se sont intéressés à cette problématique.
A la fin de l’année 2014, deux constats s’imposaient aux industriels participant à ces groupes de travail. : d’abord celui d’un parc de machines grandissant et d’un parc de machines vieillissant et d’autre part, celui du départ d’une génération de personnels d’une soixantaine d’années.
Sur le premier point s’intéressant à la maintenance des machines, Philippe Muller a expliqué que l’objectif de la maintenance était à présent de s’intéresser à la maintenance préventive et à des méthodes de contrôle non destructif des matériaux. Dans cet esprit, un premier travail a été réalisé à partir de bogies et d’essieux avec une entreprise locale (Ascot). L’objectif de ces tests était de prévenir certaines casses et pannes sur les engins ferroviaires.
D’autres actions ont été menées aussi en collaboration avec l’entreprise Fives Maintenance afin de travailler sur la préconisation d’actions préventives et de réduire les interventions curatives.
Deuxième table ronde, la mutation énergétique du chantier ferroviaire
Patrick Della Chiara, Directeur de Moteurope et Gilles Radenne, Préventeur industriel Infra MT pour SNCF Réseau se sont concentrés sur la problématique des travaux en tunnel et à ce qu’ils engendrent pour les hommes comme pour les machines.
Ces deux spécialistes ont là encore présenté des solutions techniques très précises afin de réduire la pénibilité du travail, assurer la sécurité du personnel tout en réduisant l’impact des travaux sur l’environnement.
Dans ce sens, ils ont ainsi proposer plusieurs solutions à mettre en œuvre sur les machines mais aussi à travers les pratiques des opérateurs tels que : envisager des filtres à particules permanents ou temporaires sur les machines, veiller à la conformité des machines travaillant dans les tunnels, former le personnel à la conduite des machines (éco-conduite), déployer une filtration de l’air dans la machine etc.
Une réduction des gaz émis par les machines pourrait passer par exemple par la mise en place d’un système de stop and start sur les machines permettant de surcroît une réduction de la consommation des machines. Les entreprises participant à ce groupe de travail se sont notamment rendus dans l’entreprise Poclain afin de voir leurs solutions techniques. Et d’après leurs premières investigations, les solutions sont faciles à mettre en place.
Toujours sur la question de l’environnement, Jean-Claude Cothenet Président de Metalliance est venu présenter le projet d’électrifications des engins. Cette réflexion avait débuté avant même la création du Mecateamcluster. Un véhicule multiservices équipé a ainsi été présenté : modalités de charge des batteries, technologies des batteries, adaptation du système aux machines.
Un spécialiste du CEA a particulièrement présenté les solutions d’adaptation des systèmes électriques embarqués dans les engins et le travail réalisé dans le cadre du Mecateamcluster.
Bien représentée, la SNCF s’est exprimée à travers la présentation de plusieurs représentants. Jean-Jacques Thomas, Directeur de l’innovation pour SNCF Réseau expliquait : « On a un enjeu de performances tiré par le défi de l’intermodalité. Notre deuxième défi est le renouvellement du réseau. Il faut absolument se battre à ce niveau. On doit se transformer pour cela, dans nos process, dans nos façons d’opérer. »
Et d’ajouter : « Notre deuxième axe de transformation passe par les technologies de contrôle des commandes et le renforcement des capacités du système ferroviaire et en parallèle sur la fluidification de celui-ci. Notre troisième axe porte sur la gestion technique du réseau. Notre quatrième axe porte sur l’exploitation de ces informations pour commander les opérations d’entretien avec le défi d’un piste nécessaire : la maintenance prédictive. »
Plus abstraite mais semblant incontournable, le Directeur de l’innovation parlait d’une nécessaire transformation numérique et digitale des gros chantiers de la SNCF à travers la création d’un « jumeau » numérique du réseau SNCF, les télécommunications, la culture de l’innovation et la nécessité d’intégrer plus d’agilité et de souplesse au sein de la SNCF et la sécurité.
Sur ce dernier point, il indiquait : « la sécurité, c’est un défi qui doit nourrir et non pas empêcher d’avancer. ».
Matthieu Chabanel, Directeur général adjoint Maintenance et travaux à la SNCF Réseau a expliqué pour sa part une partie des projets industriels de SNCF Réseau :
« Nous avons un projet d’entreprise pour le réseau qui a différentes composantes dont la première est la sécurité du personnel et la circulation ferroviaire. Puis il y a un pilier industriel : l’innovation, l’industrialisation et les partenariats.
On est bien dans ces axes avec le mecateamcluster. Les prototypes doivent devenir des séries. Mecateam est une structure emblématique de ce qu’on peut faire. Les enjeux sont considérables. Notre réseau ferroviaire a plus de 30 ans d’âge moyen. Cela cause des difficultés et des ralentissements sur le réseau. »
Matthieu Chabanel a poursuivi son propos en indiquant la mise en place d’un contrat de performance avec le soutien de l’Etat, permettant d’assurer la régénération du réseau ferroviaire français.
« Plus on régénère, plus on doit être efficace. Ces défis s’adressent à la SNCF et à ses partenaires industriels. Il faut de l’excellence opérationnelle, de l’innovation en rupture. On a de l’innovation en rupture. On a de la capacité pour moderniser notre réseau. Ce n’est pas seulement une question de technologies, mais aussi d’hommes qui mettront en place cela. » a-t-il ajouté.
Matthieu Chabanel s’est félicité d’avoir une structure qui associe PME, grandes entreprises et grands donneurs d’ordre publics au sein de Mecateamcluster.
Des perspectives pour deux ans
Patrice Hautbois, Président de la Commission Innovation, a repris la parole d’abord pour présenter un premier bilan des cinq premières années du Mecateamcluster, ensuite pour présenter des perspectives pour les deux prochaines années.
Sur le bilan, force est de constater que tous les groupes de travail collaboratif n’ont pas abouti. En état de sommeil, le groupe « signalisation dynamique des chantiers » pourrait être réactivé grâce à de nouvelles compétences.
Pendant ses deux années de présidence de la commission innovation, Patrice Hautbois a constaté le dynamisme des PME mais aussi des choses moins positives. Il a ainsi rappelé que l’innovation nécessite des investissements que les PME ne peuvent pas toujours prendre en charge faute d’investissements ou faute de temps et de compétences pour remplir de manière adéquat les dossiers de demande d’aides.
Aussi l’une des actions prioritaires qui sera mise prochainement en place par le Mecateamcluster sera la mise en place d’une structure afin d’être plus opérationnel pour monter les dossiers.
Un programme chapeau « les chantiers ferroviaires du futur » devrait être le porteur de ces dossiers aurpès du Commissariat Général aux Investissements (CGI). L’objectif de cette structure est de développer les performances industrielles.
Parmi les perspectives présentées, on retrouve la volonté de porter des projets engagés : réalisation de démonstrateurs, industrialisation, poursuivre le travail sur la sécurité des chantiers.
Parmi les autres projets engagés, Patrice Hautbois a également cité la motorisation propre des machines et des outillages et un travail de fond sur la professionnalisation du personnel de maintenance.
Mecateamcluster, plus de 100 entreprises adhérentes
C’est Didier Stainmesse, Président du Mecateamcluster qui a conclu la matinée en rappelant que Mecateamcluster est d’abord issue d’initiatives d’entreprises locales avec un soutien fort de la profession. Il a aussi rappelé le soutien important des collectivités territoriales.
Aujourd’hui, ce sont plus de 100 entreprises qui ont adhéré à Mecateamcluster.
Depuis sa création, le Mecateamcluster a notamment assuré un développement commercial avec plusieurs missions à l’international chaque année et l’organisation d’un concept original mecateameeting tous les deux ans.
Mecateamcluster s’est engagé pour l’innovation avec des groupes de travail collaboratifs et l’émergence de premiers consortiums.
Et c’est enfin l’emploi et la formation avec plus de 130 étudiants au sein des entreprises du cluster et la création d’un « plateau école ».
Pour l’avenir, le Mecateamcluster souhaite diversifier ses destinations en Europe. Le volet innovation se poursuivra avec la création du projet global « Le chantier ferroviaire du futur ». Et l’emploi et la formation poursuivront leur développement à travers la création du Campus des métiers du ferroviaire.
Enfin la Mecateamplatform devrait prochainement sortir de terre sur la zone des Chavannes avec la première halle de maintenance dès février 2017.
3 contrats cadres signés
A l’issue de la matinée dédiée à l’Innovation, c’est dans une petite salle que trois contrats cadres ont été signés par Mickaël Fay (Eiffage Rail), Franck Guelmi (ETF), Laurent Leveque (TSO) et Frédéric Charbon (Société Rave, Président de Mecateam Assistance Operating) en présence de Jean-Claude Lagrange et Didier Stainmesse.
ETF, Eiffage Rail et TSO, 3 majors des travaux ferroviaires, ont signé un contrat-cadre avec Mecateam Aassistance Operating, une société exploitante de Mecateamcluster. Il entérine leur engagement à louer une des voies de la halle de maintenance sur la Mecateamplatform de Montceau-les-Mines pendant 5 années minimum. Grâce à ces signatures, Mecateamcluster peut confirmer le lancement de la construction de la halle de maintenance dès le premier trimestre 2017. Livraison prévue fin 2017.
Avec ces contrats signés ce jour, on peut à présent être assurés d’un bel avenir pour le Mecateamcluster et le site des Chavannes de Montceau-les-Mines. Une belle reconversion pour ce site et une poursuite qui semble tout à fait favorable pour le groupement d’entreprises dédié au secteur ferroviaire.
A suivre.
Émilie Mondoloni
