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jeudi 19 janvier 2017 à 06:26

Ciry le Noble : Une famille Tchétchène transférée d’office ailleurs

Des parents d’élèves en colère face à cet arrachement



 

« Celui, qui, vivant, ne vient pas à bout de la vie, a besoin d’une main pour écarter un peu le désespoir que lui cause son destin. » Franz Kafka.

 

 

Vendredi les enfants de l’école de Ciry-le-Noble apprennent médusés et choqués que leurs petits camarades Tchétchènes sont partis et ne reviendront plus. D’un coup, d’un seul, une décision administrative bouleverse plein de vies, déchire des liens qui s’étaient tissés, piétinent des amitiés qui se solidifiaient, annulent de vrais efforts d’intégration..

 

 

Lorsqu’ils rapportent cette histoire à leurs parents c’est l’incompréhension, le doute, la révolte.

 

 

Bien sûr cette famille Tchétchène, les Abdulkarim, arrivée à Ciry, avait fait naître des doutes, du recul, un certain nombre de personnes avaient mal perçu cette arrivée.

 

 

Or dix mois après, ces mêmes Cirysiens sont réunis à l’espace associatif pour trouver ensemble des solutions, faire une catharsis et surtout essayer de comprendre comment leur pays, le pays des droits de l’homme, le pays de 1789, pouvait agir aussi inhumainement et arbitrairement, comprendre comment une administration pouvait être aussi impitoyable. C’est ce qu’ils disent expriment de manières différentes.

 

 

Pour eux et ils le disent haut et fort, cette famille avec 4 enfants s’était réellement intégrée à Ciry le Noble, les enfants avait conquis l’amitié de tous leurs camarades de classe et même des leurs parents. Ils devenaient les mascottes de l’école.

 

 

Le Directeur lui-même explique qu’il a été choqué, remis en cause dans son approche professionnelle et humaine par cet arrachement.

 

 

Mme le Maire, Renée Saunier, est présente à cette réunion. Elle explique l’accompagnement qu’elle et la ville ont offert à la famille Tchétchène. Son incompréhension est grande aussi face à l’implacabilité des décisions administratives.

 

 

Carole Bonin de RESF présente le dossier.

 

Il s’agit d’une famille tombant sous les dispositions du traité de Dublin II de 2003 qui vise à « déterminer rapidement l’État membre responsable [pour une demande d’asile] » et prévoit le transfert d’un demandeur d’asile vers cet État membre. Habituellement, l’État membre responsable sera l’État par lequel le demandeur d’asile a premièrement fait son entrée dans l’UE. »
Les Abdulkarim sont entrés en Europe par la Pologne. Leur dossier se trouve là-bas et y est bloqué. Donc ils ne peuvent pas réclamer l’asile à la France. Situation inextricable que les administrations des deux pays ne semblent pas vouloir faire évoluer favorablement dans les meilleurs délais. Et s’ils sont expulsés ce sera vers la Pologne, pays où ils n’ont aucune attache, ne parle pas non plus la langue.

 

 

Carole Bonin explique qu’il existe beaucoup de dossiers en suspens, certains ayant 8 ou 9 ans d’existence. Elle ajoute que déjà 2 fois la famille Abdulkarim a fait l’objet de mesures d’expulsion et qu’elle a refusé de monter dans l’avion.

 

La seconde fois Mme Abdulkarim a dû être hospitalisée et n’a pas pu voir ses enfants pendant 10 jours. A sa sortie elle n’a pu rentrer chez elle, puisqu’elle a été embarquée au commissariat pour pointer.

 

 

RESF avait proposé de prendre en charge le train pour le pointage journalier auquel la famille est astreinte. Car habitant Ciry il lui faut aller à Gueugnon, RESF avait proposé un pointage à Montceau, ce qui est plus facile.

 

Cela a été refusé par l’administration. La famille Abdulkarim n’a pas de moyen de locomotion, du coup elle ne peut déférer au pointage.

 

 

S’agirait-il d’une tactique pour noter au dossier des manquements graves qui conduiraient à justifier les mesures d’expulsion ?

Quoiqu’il en soit la famille a été transférée, sans assistance sociale quelconque, sans motif, sans vraiment le temps de se retourner, dans une autre commune à 75 km de là.

 

 

Les parents d’élèves de l’école Pasteur à Rozelay, face au désespoir de leurs enfants, (au cours de la réunion on a pu mesurer la sincérité de ce désespoir) face à ce qu’ils considèrent comme une injustice cruelle, ont décidé de se mobiliser et ils sont motivés et remontés.

 

Pour tous c’est un énorme gâchis. Une famille faisait tous les efforts possibles pour s’intégrer, pour parler le Français, les enfants avaient lié des amitiés avec tous leurs camarades, tout le monde voulait que les Abdulkarim deviennent des Cirysiens à part entière.

 

Le bassin minier est un des lieux privilégiés de la France où l’histoire humaine, sociale, industrielle s’est façonnées avec les apports étrangers constructifs : les polonais, les espagnols, les portugais, les italiens, les africains du nord. Il semble que d’un coup on vient de rompre un contrat social moral.

 

 

Les parents d’élèves sont inquiets pour le devenir de cette famille, pour la poursuite de la scolarité des enfants.

 

 

Au cours de cette soirée ils semblent avoir pris conscience de la réalité des choses, fait le deuil de ce qu’ils appellent leurs illusions de bisounours concernant les certitudes qu’ils avaient sur leur Pays, sur sa politique migratoire. Certains se rendent compte que dans le quotidien de ces familles les discours des uns et des autres ne sont pas en prise directe avec la réalité.

 

 

Pour certains, et ils le disent ou le font comprendre, c’est un vrai coup de massue. Ils ont du mal à en parler, beaucoup de ressentiment.

 

 

Donc dans les jours, les semaines qui viennent, ils vont se mobiliser pour que les Abdulkarim puissent de nouveau s’intégrer dans la commune de Crèches sur Saône où ils ont été transférés, pour qu’on leur laisse la paix et que les enfants puissent sereinement continuer leur scolarité.

 

 

Mme le Maire, Renée Saunier, pose la question : « imaginez-vous que l’on dépose votre enfant en pleine classe d’une école de Tchétchénie où il ne connait personne et n’en parle pas la langue, que feriez-vous, que ressentirait-il ? »

 

 

Donc mobilisation renforcée, actions en direction de la Préfecture, des familles, de la presse, des élus, etc. et surtout vigilance, vigilance et interaction avec Crèches sur Saône.

 

 

Nous serons attentifs également aux développements de ce dossier.

 

 

Gilles Desnoix

 

 

 

ciry tech 1901172

 

 

 

 

 

 






5 commentaires sur “Ciry le Noble : Une famille Tchétchène transférée d’office ailleurs”

  1. marius71230 dit :

    c est vrai qu il est dur de quitter son pays vers un horizon inconnu avec femme et enfants , mais est il possible de voir toute la misere du monde venir en France au detriment de ceux dans le besoin deja present . Suite a cette mobilisation des familles de l ecole ,geste admirable , je pense que de laisser sous entendre que tout l opinion publique pense qu il faut laisser cette famille en France me semble faux . a bon entendeur …..

  2. Kikidilui dit :

    Les droits de l’homme ditent-vous…la LDH…vu le désastre de gauchistes enclenché à Paray…circulez y’a rien à voir!

  3. gilbert71 dit :

    dans cette affaire , il ne faut pas attendre si longtemps , c’est trop long pour statuer apres Ciry maintenant Crèches sur saone la pologne peut et doit les prendre en charge je crois que c’est le réglement et la France est surchargée

  4. ruddy dit :

    La situation de cette famille est certes difficile mais pourrait -on parfois réagir avec un peu de détachement ? Les lois, votées par les représentants du peuple doivent s’appliquer à tous. Comment peut on, au gré de nos humeurs, décider de l’application ou non de celles-ci ? Si vous voulez changer les choses, faites changer les lois ou changez les représentants du peuple. C’est le propre de notre démocratie. L’administration que vous décrivez comme in tyran ne les pas expulsés de force vers la Pologne pour l’instant. D’ailleurs ce pays n’est pas non plus gouverné par un dictature. Quels sont les risques pour eux à rejoindre cette nation ? Les règles européennes doivent également s’appliquer en matière de gestion des migrants. La France même si elle est plus attrayante n’a plus les moyens actuellement d’accueillir tout le monde. Triste réalité à enseigner y compris à nos enfants si on veut pouvoir leur laisser en héritage notre système tant envié.

  5. jojo1371 dit :

    Gilbert 71,allez en Pologne et constatez que les seuls etrangers sont travailleurs ou etudiants,c est normal car il n y a aucune aide comme en France et j approuve la politique polonaise