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lundi 23 janvier 2012 à 05:47

Bilan de la délinquance 2011 en Saône-et-Loire

Enrayer les vagues de cambriolages !



Après des années de baisse, la délinquance a fortement augmenté l’an dernier dans le département. Le phénomène le plus inquiétant étant la hausse des cambriolages : 346 faits en plus par rapport à 2010. La moitié d’entre eux concerne les résidences principales : l’argent, les bijoux en or et les biens facilement négociables sont devenus la cible privilégiée des délinquants.


Malgré cela, le taux d’élucidation des affaires reste stable grâce, notamment, à la bonne coopération des services de police et de gendarmerie.



Réuni vendredi matin à la préfecture, l’état-major départemental de la sécurité en Saône-et-Loire a présenté le bilan chiffré de la délinquance pour l’année 2011. « Un bilan quantitatif qui n’est pas à la hauteur de nos espérances, avec une augmentation globale des faits de délinquances après plusieurs années de baisse. Les atteintes volontaires à l’intégrité physique ont, en effet, augmenté de 6,4 % et les atteintes aux biens de 8,4 %. Le facteur le plus inquiétant de cette évolution, c’est la hausse des cambriolages« , a d’emblée expliqué le préfet.

Sept cambriolages par jour dans le département en 2011 ! Les cambriolages ont augmenté de 16,5 % par rapport à l’année 2010. Ils représentent plus 20 % des atteintes aux biens, soit 2446 faits constatés en 2011, contre 2100 en 2010. Contrairement à ce qui se faisait par le passé, où ce sont surtout les locaux industriels et commerciaux qui étaient visés, ce sont aujourd’hui les résidences principales qui sont les plus touchées : plus de la moitié des cambriolages et une hausse de + 33,47 % par rapport à 2010.  » C’est un phénomène marquant, mais ça ne veut pas dire qu’il y a en a toutes les minutes, tient à rassurer François Philizot. On est revenu au niveau de 2005 (2426 faits). Avec 250 000 résidences dans le département, cela représente une moyenne de sept cambriolages par jour en Saône-et-Loire ! »
La situation bien qu’inquiétante n’est pas non plus alarmante pour Christophe Rode, procureur de la République au tribunal de Chalon-sur-Saône : « Sur dix ans, en réalité, il n’y a pas d’augmentation des cambriolages. L’augmentation se situe sur une échelle du temps beaucoup plus réduite. »


La typologie des cambriolages s’est beaucoup modifiée. « Les cambrioleurs recherchent désormais des biens facilement négociables, à cause du renchérissement du prix de l’or notamment, précise le directeur départemental de la sécurité publique, Jean-Louis Chapuis. Même les voitures avec des clés sur le contact, le matériel hifi et les objets d’art ne sont plus la priorité des cambrioleurs. La crise économique a véritablement modifié la typologie des cambriolages ! »


Des raisons d’espérer avec un maintien du taux d’élucidation ? 2 577 atteintes aux biens ont été élucidés en 2011 (21,5 % des 11 960 atteintes aux biens constatés) contre 2 425 en 2010 soit une hausse du taux d’élucidation de 6,27 %.  C’est la satisfaction de ce bilan avec un taux meilleur que la moyenne nationale. Pour les escroqueries et infractions économiques et financières, il s’élève à 54,47 % et à près de 81 % pour les atteintes volontaires à l’intégrité physique.
« Les forces de police et de gendarmerie ont réussi à répondre et à renforcer leur coopération pour maintenir les résultats, se satisfait le préfet. Et ce, malgré une augmentation des faits, une réorganisation des services et un certain nombre de méthodes qui ont évolué. Les résultats ont été au rendez-vous. On a même vu une augmentation des écrous en zone gendarmerie. » L’exemple d’un vol de cuivres à Montceau-les-Mines, qui a permis d’élucider et d’identifier, par la suite, une quarantaine de faits, est la preuve de l’enjeu d’une bonne coopération.

Une évolution des méthodes. La Direction départementale de la sécurité publique (DDSP) a fait un gros travail de signalisation, d’identification et de relevé de traces. La démarche a porté ses fruits, puisque, suite à cela, des individus ont été interpellés. L’année s’est d’ailleurs mieux terminée avec une baisse du nombre de cambriolages.
Pour lutter contre les cambriolages, la police a eu recours à la saturation du terrain avec la démultiplication des patrouilles (des voitures avec inscription police pour dissuader) et à l’optimisation des services avec des heures supplémentaires pour les policiers. Les patrouilles constituent la base de ce dispositif : 53 interpellations en flagrant délit depuis cet été (surtout à Chalon).
Le colonel Philippe Watremez, commandant le groupement de gendarmerie de Saône-et-Loire, a, lui, cité la création d’une unité opérationnelle d’appui, spécialisée dans les cambriolages : « Cette unité a davantage de temps que nos gendarmes pour faire un travail de fond et d’enquête, ainsi qu’une analyse plus poussée. L’idée est que cette structure prenne le temps de faire ce que les gendarmes n’ont pas le temps de réaliser. » Et cela semble avoir porté ses fruits au dernier trimestre.



Vigilance et surveillance. « Sans tomber dans la délation », le préfet de Saône-et-Loire a rappelé l’importance de signaler des faits et des individus suspects dans un  quartier : « Les gens doivent avoir le réflexe d’appeler les forces de l’ordre pour que les patrouilles puissent se mobiliser au plus vite ! Le travail de sécurité doit être collectif et se faire avec les habitants. » François Philizot a également cité « les pratiques du quotidien qui nous permettent d’être efficaces. Il y a, par exemple, la vidéosurveillance. Il n’est pas question d’avoir des caméras partout, mais elle permet d’avoir des résultats.« 


Des peines dissuasives ? Pour le procureur de la République au tribunal de Chalon-sur-Saône, un des défis des institutions (judiciaires, policières et de gendarmerie) est de s’adapter : « Il faut être le moins possible en décalage avec les évolutions de la délinquance. Il faut que nous puissions apporter la réponse juridique et policière la plus adaptée pour éviter que cette délinquance gène et pollue trop la vie des citoyens. La violence physique est de plus en plus un moyen d’appropriation d’un bien comme pour les vols de téléphone portables. Il n’y a pas non plus une explosion, mais ce genre de clignotant doit nous alerter. »


Autre avertisseur : un certain nombre de jeunes n’hésitent plus à utiliser des armes pour commettre des vols aux préjudices des commerçants : « Avant, il y avait une barrière qu’ils ne franchissaient pas aussi facilement. Aujourd’hui, ils n’ont plus cette hésitation à s’emparer d’une arme. Nous devons être vigilants et envoyer des signes forts pour éviter que cela prenne trop d’ampleur. Et rendant, notamment, des condamnations suffisamment dissuasives pour ceux qui seraient tentés de commettre ce genre d’infractions !« 


Les deux auteurs d’un vol de 80 euros avec menaces et armes ont, par exemple, écopé de 30 mois de prison dont une partie avec sursis. Il s’agissait pourtant de leur première interpellation…









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