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jeudi 30 avril 2020 à 07:47

Force ouvrière défend la santé au travail comme droit fondamental

  Le 1er mai, symbole de l’engagement syndical





 

 

En cette année toute particulière, le 1er mai sera célébré bien différemment. Pour autant, FO continue à montrer son engagement en direction du droit du travail. Ses inquiétudes se focalisent notamment – en pleine période de pandémie – sur le sujet de la santé au travail.

 

Yves Veirier, Secrétaire général FO rappelle le fondement de cette journée du 1er mai : « Tout syndicaliste FO le sait et en a déjà entendu parler, s’il a déjà participé à un meeting, le 1er Mai est d’abord celui de l’année 1886, aux États-Unis. Tout s’y prépare et s’y inscrit : la décision de refuser les journées de travail à 10 heures, 11 heures… 14 heures et de revendiquer la journée de 8 heures. Elle est prise par les syndicats américains en 1884 et conduit à un appel à cesser le travail et à manifester au moment du 1er mai 1886. Les manifestations seront durement réprimées, en particulier le 4 mai sur la place de Haymarket à Chicago. Mais si l’on manifeste toujours en France, comme dans bien d’autres pays du monde encore aujourd’hui, le 1er mai, c’est parce que dès 1889 la IIe Internationale socialiste, réunie à Paris, décide de faire de cet anniversaire une journée de manifestation, qui deviendra internationale, pour la journée de 8 heures. »

 

Le souci de la santé au travail, un droit fondamental

 

« Ce 1er Mai 2020, se situant dans un contexte inédit – celui de la crise sanitaire mondiale qui a conduit à l’arrêt de l’économie sur près de la moitié de la planète –, voit aussi la symbolique rejoindre, sur bien des aspects, la réalité à laquelle sont confrontés les travailleurs. Le souci de la santé, de la santé en général, mais de la santé au travail en particulier. Mais le lien est celui de l’OIT (Organisation Internationale du Travail) et des conventions, ou normes, internationales du travail. Dès son origine, l’OIT inscrivait dans le préambule de sa Constitution que « la protection des travailleurs contre les maladies générales ou professionnelles et les accidents résultant du travail » est un élément fondamental de la justice sociale. » rappelle Yves Veirier.

 

Avant de poursuivre sur le contexte actuel et le positionnement de FO bien avant l’apparition du Covid-19 : « Plus récemment et depuis plusieurs mois, bien avant que ne surgisse le Coronavirus, est venue, avec le soutien de la Confédération syndicale internationale, la revendication que la santé au travail soit reconnue comme un droit fondamental. FO a décidé d’en faire son affiche à l’occasion de ce 1er Mai. Et pour cause ! Il nous a semblé plus que pertinent de mettre en avant cette revendication à un moment où les pressions se font plus pressantes quant à la reprise de l’activité économique, au risque, si tous les moyens de protection du risque de contracter le virus Covid-19 ne sont pas assurés, de mettre en balance la santé des travailleurs. »

 

Reconnaissance de la santé au travail au niveau international et temps de travail

 

Le Secrétaire général de FO insiste sur l’importance de la reconnaissance de la santé au travail au niveau international : « Reconnaître, au niveau international, la santé au travail comme un droit fondamental consiste à intégrer les conventions de l’OIT relatives à la santé au travail au corpus des normes fondamentales du travail. Outre que cela répond à la nécessité que les mêmes normes s’appliquent simultanément pour les travailleurs dans le monde, le symbole renvoie à la liberté syndicale. »

 

Avant de revenir sur le temps de travail et les décisions prises actuellement par le gouvernement sur ce sujet : « Et, bien sûr, le symbole du 1er Mai, originel, celui de la limitation de la semaine de travail à 48 heures, se heurte à la décision du gouvernement, à la fois incompréhensible, rétrograde pour le coup, et inacceptable, de permettre aux employeurs d’imposer de dépasser cette limite maximale pour aller jusqu’à 60 heures de travail hebdomadaire. S’il n’y avait qu’une raison de ne pas baisser la garde syndicale en ce 1er Mai 2020, ce serait bien celle-ci. C’est la raison pour laquelle la Commission exécutive confédérale, réunie le 20 avril dernier, a débattu et adopté une déclaration que nous invitons nos syndicats, militants, adhérents à porter haut et fort, par un moyen ou un autre, en ce 1er Mai. »

 

Cette déclaration affirme les revendications d’urgence et immédiates en matière de protection de la santé, comme celles répondant à la nécessité de préserver les droits des salariés en matière de salaires, de congés, de conditions de travail et d’emploi, et plus largement d’abandonner les politiques et les réformes conduites tant au niveau national, européen, qu’international à la seule aune de la rigueur budgétaire, de la concurrence libre et non faussée, de la déréglementation des marchés financiers et des droits sociaux.

 

Il conclut son propos ainsi : « Pour ce 1er Mai particulier, nous serons orphelins de nos manifestations, meetings, rassemblements fraternels, mais nous n’en sommes pas moins syndicalistes, libres, indépendants et déterminés à agir pour un monde de justice sociale. »

 

Protection des travailleurs et fonction publique

 

Dans sa déclaration de la commission exécutive confédérale du 20 avril dernier, FO met d’abord en avant les déficits de moyens face à la crise sanitaire actuelle : « Incontestablement, malgré les déficits criants de moyens, dont les équipements individuels de protection (masques, gants, blouses, gel hydroalcoolique, parois de protection) et les défauts d’organisations du travail permettant de respecter les gestes barrières, malgré les discours contradictoires, les incohérences et volte – faces, leur action a permis de faire évoluer la situation en faveur des salariés, soit en contraignant les activités non indispensables à recourir à l’activité partielle, au télétravail quand c’est possible, soit en améliorant la distribution de moyens et en imposant des organisations du travail préservant la santé des salariés. »

 

Et de poursuivre sur la disponibilité des moyens à améliorer : « La Commission exécutive constate cependant que tous les moyens nécessaires ne sont pas suffisamment disponibles – à commencer dans les secteurs pourtant essentiels de la Santé et à l’approvisionnement de la population – et que la question des masques, de leur utilisation, comme celle des tests de dépistage ne sont pas résolues.

Or, ces questions sont d’autant plus importantes que la pression à une reprise du travail se fait, d’ores et déjà, toujours plus pressante et que s’ajoutera la nécessité de sécuriser la santé vis-à-vis du risque de contracter le Covid19 dans les transports en commun et lors de la restauration des salariés. »

 

FO fait part d’ailleurs de ses interrogations sur la sécurité sanitaire à partir du 11 mai prochain : « La Commission exécutive constate que la date du 11 mai pour une reprise des écoles, associée à l’objectif d’une reprise du travail par le plus grand nombre, soulève beaucoup d’interrogations et d’inquiétudes légitimes, aujourd’hui sans réponses concrètes et sûres. Aussi, la Commission exécutive apporte son soutien aux syndicats FO qui exigent – et agissent et négocient en ce sens – que les moyens nécessaires (EPI, tests de dépistage, organisations du travail) soient mis en œuvre pour toute reprise du travail. Elle réaffirme le rôle incontournable des CHSCT dont elle revendique la remise en place partout où ils ont été supprimés. »

 

En outre la Commission exécutive soutient la reconnaissance en maladie professionnelle du Covid19 pour les salariés exposés dans le cadre de leur activité.

 

Sur le front syndical, la Commission exécutive affirme, dans ce contexte en particulier, l’absolue nécessité de préserver, à tous les niveaux, l’action syndicale indépendante, « fondée sur la liberté syndicale, la négociation collective et la pratique contractuelle. Le rôle de l’action syndicale et de la négociation collective ne saurait être étouffé, sous couvert de chartes, pactes ou conférences dites sociales sous tutelle de l’Etat, aboutissant à diluer les revendications syndicales et confondre les responsabilités respectives. »

 

Le respect des libertés individuelles

 

La confédération FO indique qu’elle « sera attentive à ce que les conditions du confinement et, le moment venu, d’une sortie, ne portent pas atteinte aux libertés individuelles et collectives. A ce titre, la Confédération FO exige que soit annoncé dans l’immédiat le renoncement au projet de réforme des retraites, à la réforme de l’assurance chômage, à celle de la transformation de la fonction publique et, en particulier, à la réforme « ma santé 2022 ». »

 

En outre, elle réaffirme sa revendication de l’arrêt des suppressions d’emplois et de services dans la Fonction publique. Elle appelle « la mise en œuvre d’un véritable plan de reconsidération et de revalorisation des agents du service public ainsi que des nombreux métiers de services dont tout un chacun a souligné le rôle essentiel durant cette crise. »

 

Et de poursuivre sur un appel à la solidarité et à la responsabilité à tous les niveaux : « Afin de se donner les moyens de faire face à la crise sanitaire et à ses conséquences économiques et sociales, la Commission exécutive rappelle que FO a demandé l’arrêt de la distribution des dividendes, et une fiscalité sur les hauts revenus et la spéculation boursière improductive. Cette revendication immédiate s’inscrit dans son appel de longue date à une refonte de la fiscalité afin d’en rétablir et renforcer la progressivité pour une redistribution des richesses. FO appelle à renverser, au profit du travail, la redistribution des richesses qui, depuis trop longtemps, a privilégié le capital et en particulier le capital financier. »

 

La commission exécutive a conclu son propos sur les enjeux climatiques et sociétaux actuels et les actions à mettre en place en corrélation avec ceux-ci : « Cette crise sanitaire, des services de santé et de la protection sociale de dimension mondiale, a fortiori face à l’enjeu climatique et environnemental, révèle l’urgence d’écouter et donner suite aux revendications syndicales portées au niveau européen et international en faveur d’une régulation et d’une réglementation des politiques économiques, monétaires, budgétaires, commerciales et de la production industrielle et de services servant avant tout les besoins des populations. FO en appelle à la mise en œuvre effective des normes internationales du travail élaborées par l’OIT sur le principe qu’il n’y a pas de paix durable sans justice sociale. »

 

Le 1er mai 2020 se fera bien à la maison. Pour autant FO continue de marquer cette journée de ses engagements en faveur des travailleurs et de leurs droits.

 

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