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dimanche 5 juillet 2020 à 05:06

Souvenirs, souvenirs…

 Edouard KIT, un musicien et guitariste, à l’âge d’or des Bals musette



 

 



C’est à un lecteur que nous et vous devez cette superbe et rare évocation d’un « temps que les moins de 20 ans » ne connaissent pas et ne connaîtront jamais!

 

Dommage pour eux et, en attendant, bon regard dans le rétro pour les autres !

 

 

Un lecteur qui s’appelle Lionel Rokita et que nous remercions vivement. En notre nom mais également au nom de tous les « anciens » qui se replongeront avec délices dans les images qui illustrant son texte. 

 

Annabelle Berthier

 

A lui…

 

 

« Les années 60 à 80 ont vu fleurir nombre d’orchestres de bal dans tout le département et la région. C’était l’époque des « Bals musette », des « Baluches » comme on disait, des parquets dansant, des chapiteaux, des dancings et des guinguettes.

 

Edouard Rokita, mon père à qui je rends hommage dans ces quelques lignes, y a officié pendant plus de 35 ans. A cette époque, tous les musiciens avait un surnom, un pseudo, un nom de scène ; on l’appelait « Edouard KIT » ou encore plus simplement « Le KIT ».
Dans le prolongement d’un diaporama qui avait été publié sur les orchestres de bal de la région, réalisé par René Lagrosillière, et d’une rétrospective de « La mère en gueule » sur le même sujet, les quelques photos publiées ci-après, apporteront un témoignage sur une époque définitivement révolue, musicalement et socialement.

 

 

Année 1958

 

Mon père était guitariste. Oh, il s’est bien essayé à quelques autres instruments (violon, trompette, harmonica), mais c’est surtout sur le manche et les cordes d’une guitare qu’il préférait laisser ses mains donner libre cours à son imagination.

 

 

De gauche à droite : Jojo Stachowiak (Le Stacko),

Edouard, François Nowak, son frère Richard Rokita

A 16 ans déjà, il commence à animer des fêtes de quartier, des thés dansants, des soirées dansantes dans les salles de bar et salles des fêtes, comme ci-dessous, où il animait le 1er anniversaire de l’Amicale des HLM du Bois Garnier en mai 1957 :

 

 

 

Très vite les premiers groupes se forment avec les copains d’enfance et d’autres musiciens qui les rejoignent peu à peu, comme dans cette photo ci-dessous, avec François et Michel Nowak, avec qui il aura gardé une relation d’amitié jusqu’à la fin de sa vie. François Nowak ne joue plus depuis un moment d’ailleurs, mais il est devenu dirigeant du syndicat et d’une société civile défendant le droit des artistes musiciens à Paris et siège au conseil d’administartion des Victoires de la Musique.

 

 

 

Avec François Nowak (accordéon) et Jojo Stacko (batterie)

 

 

Un de ses 1ers groupes à la tenue très folklorique : « Les Tipics Boys »

L’un des groupes, avec lequel il a joué de très nombreuses années, était l’orchestre du chalonnais Maurice Richard. Au programme, bals et soirées privées dans tout le département et la région, dans le jura (parquets Fauveau) et bien au-delà, jusqu’à Sochaux où la formation avait été invitée pour animer une soirée privée du Cercle Peugeot.

A cette époque, il était fréquent d’animer 2 ou 3 bals consécutifs dans le week-end. Les occasions ne manquaient pas et permettaient de mettre un peu de beurre dans les épinards pour arrondir le salaire de mineur, qui était sa principale activité professionnelle. Quel bosseur ! Quand je pense que plus d’une fois, après avoir terminé de jouer et de ranger le matériel vers quatre heures du matin, il est reparti plus d’une fois travailler directement à la mine sans repasser par la maison !….

 

 

 

De gauche à droite : Maurice Richard (chef d’orchestre, sax ténor, violon, clarinette),Nathalie Janiszewski (piano), Edouard Kit (guitare, violon, trompette), François Nowak (trombone, accordéon, bando), André Gruthier (batterie, basse), René Brisepierre – dit « Le Kayou » (sax alto, bando, basse). Année 1964

 

 

 

 

Année 1965 – Carte de visite « Orchestre Maurice Richard » ; celle-ci précise au verso que l’orchestre est habillé par la maison Boulogne (Montceau)

 

 

Le fait de jouer dans un orchestre attitré n’empêchait nullement de jouer occasionnellement avec d’autres musiciens et dans d’autres orchestres pour remplacer un musicien ou pour répondre à une invitation. Mon père a joué avec pratiquement tous les musiciens connus de Montceau et ses environs : André Maizière (le Dédé), Jean Chailloux, Jojo Merle, Stanis Sadowski, Prieto, « Popeye » Zydownik (parti tout récemment), Robert Szkudlareck (« Le Skud », la chanteuse Angelica, Jean Tradet ( thé dansant à La Bourgogne), Bernard Bruel, Gaston Billot, Michel Bailly, Henri Ridles, Jean Monneret (avec the Passengers au cinema Rex), Jean-Claude Terrier, Victor et Robert Potignon (orchestre Roberty).

Ci-dessous, un témoignage d’une collaboration avec l’orchestre Roberty

 

 

 

 

 

Ci-dessous, collaboration avec l’orchestre de Jean-Claude Terrier.

 

 

28 ans séparent les deux photos prises dans le même lieu, à St Gengoux le National, avec les mêmes pupitres, et avec trois des mêmes musiciens : Edouard Kit à la guitare, Jean-Claude Terrier à la batterie et Henri Rydlewski (dit Henri Ridles) à l’accordéon

 

 

Année 1960

 

Il est remarquable de constater que les attitudes et postures des trois musiciens sont quasiment identiques malgré les années qui les séparent….

 

 

 

Année 1988 : 2 musiciens en moins, 1 en plus (moi, au clavier)

 

A cette époque, les orchestres étaient également souvent sollicités pour animer les 1ères parties en vedette américaine, avant de laisser place aux têtes d’affiche. C’est ainsi que mon père a pu jouer au syndicat des mineurs en 1ère partie de Johnny Halliday (à ses touts débuts), Nino Ferrer, Jo Dassin ; dans d’autres lieux avec Leny Escudero et Marcel Zanini.

 

 

Le dernier orchestre attitré avec lequel mon père a joué également de nombreuses années, était le « Spleen Trumpet Variétés ». Avec cette formation, ils ont écumé les pistes de danse de soirées prestigieuses dans tout le département, la région et au-delà : saisons au dancing « Le Rio » à Dijon, Nuit de la viticulture et de l’œnologie dans le magnifique château du Clos de Vougeot (pendant 15 ans), Bals du muguet, des pompiers, de la police, à Montceau, Blanzy et les environs, etc….

 

C’est lorsque j’avais 5 ou 6 ans que j’ai connu cette formation ; ma mère m’emmenait parfois au bal à la salle des fêtes de Blanzy pour y voir mon père sur scène ; c’est là que tout a commencé ; je dansais, je battais la mesure et regardais les musiciens avec une profonde admiration et envie d’être à leur place quelques années plus tard. Mon père était donc un artiste et je voulais faire comme lui, être sur scène !

 

 

Année 1980 – « Spleen Trumpet Variétés »

De gauche à droite : Ali Ferradji (basse), Edouard Kit (guitare), Bernard Potherat (clavier et accordéon), Jean Chailloux (sax), Bernard Chamard (chef d’orchestre, batterie), Salvatore Cantor (trompette, clavier), Luigi Cantor – dit « Le Max » (chant, synthés)

Bernard Chamard est décédé suite à un accident en 1983, mais depuis toutes ces années, j’ai pu rester en contact avec Thierry, son fils, musicien également, avec qui nous souhaiterions organiser un événement en hommage à tous ces orchestres et musiciens.

 

 

Edouard, Lionel (moi au clavier), Bruno mon frère (batterie, percussions, clavier)

 

En dehors des orchestres attitrés, nombreuses ont été les occasions de jouer dans le cercle familial, pour des repas de famille ou d’amis, avec mon frère et moi-même.

 

 

Avec ma mère Astrid, en train de chanter lors d’une soirée polonaise organisée en partenariat entre l’ambassade de Pologne et le conservatoire du 7me arrdt de Paris, et sous la direction de leur fils

 

 

 

Avec le « Variety’s Orchestra », grande formation que nous avions montée avec mon frère et des copains, dans les années 90, avec Jojo Stachowiak (batterie) pour l’occasion

Enfin, il ne faut pas oublier qu’Edouard Rokita était aussi un grand amoureux de Paris, ville phare, capitale des artistes et du spectacle. Ci-dessous un photomontage retraçant toutes les opportunités qu’il a eues de croiser quelques personnalités :

Ci-dessous, quelques étapes de sa vie :

 

 

 

 

Avec son frère Richard (présenté dans la toute 1ère photo)

 

Je remercie mon père pour le plus merveilleux cadeau qu’il m’ait été donné de recevoir : avoir partagé et m’avoir transmis son amour et sa passion de la Musique ! Il s’en est allé, il y a maintenant, un peu plus de quatre ans après une longue maladie. Il a rejoint tous ses anciens potes musiciens. Nul doute que tous s’affairent, là-haut, à faire swinguer les cieux, à faire guincher et danser les esprits et les anges….

 

Lionel Rokita

 

 

 

 

 



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