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lundi 3 mai 2021 à 13:43

Assises des mineurs de Saône et Loire

« Je souhaiterais présenter des excuses publiques » a dit celui qu’on a appelé « L’homme au marteau »



 



 

 

La cour d’assises des mineurs de Saône-et-Loire, présidée par Céline Therme, va juger un jeune homme âgé de 20 ans, pour des faits graves, commis courant automne 2017. Il avait 17 ans à l’époque des faits. Il est détenu depuis sa reddition le 29 janvier 2018.

 

Le procès du jeune homme dont les agressions et attaques avaient fait beaucoup de bruit à l’automne 2017, à Dijon et à Chalon-sur-Saône, s’est ouvert devant la Cour d’assises des mineurs de Saône-et-Loire ce lundi 3 mai. Ses avocats ont demandé que le déroulement du procès, prévu pour durer 3 semaines, soit rendu public. En milieu de matinée, la Cour a rendu un arrêt ordonnant la publicité restreinte.

 

L’auteur avait orchestré une mise en scène, en revendiquant ses actes

 

Pierre-Vincent Connault et Pamela Lépine, avocats du jeune homme, ont plaidé pour « une justice rendue à voix haute ». Aline Saenz-Cobo, avocat général à ce procès, a maintenu son opposition à toute publicité. On se souvient que suite à plusieurs agressions à Dijon puis à Chalon-sur-Saône, l’auteur avait orchestré une mise en scène, en revendiquant ses actes auprès des rédactions de journaux locaux, à Dijon comme à Chalon-sur-Saône. Le jeune garçon voulait faire croire à un commando, un groupe de lutte armée, qui voulait « contrer l’islamisation de la France ». Ses propos relevaient de l’incitation à la haine raciale, il est d’ailleurs renvoyé devant la Cour d’assises également pour cela.

 

La question de l’instrumentalisation des médias

 

La question de l’instrumentalisation des médias est donc au centre de ce débat préalable à l’ouverture du procès, question que les parties se renvoient dos à dos, n’empêche que la Cour (soit les 3 magistrats professionnels qui siègent) a motivé son arrêt par « la personnalité de l’accusé ». « Vous aurez le loisir de constater qui était addict aux médias et les a instrumentalisés » argumente encore l’avocat général. « Les victimes que je représente ont mal vécu leur exposition médiatique, dit maître Seriot, invité avec ses confrères à donner son avis. Nous savons que l’essentiel des motivations de monsieur était d’obtenir une exposition médiatique. » L’accusé fait « non » de la tête.

 

« Je souhaite aussi que ma défense soit rendue publique,
pour éviter que soient dites des contrevérités dans les média »

 

Le jeune homme est sobrement vêtu. Chaussures marron clair, un jean non délavé, une chemise à manches longues dont seul le premier bouton est ouvert. Une chemise à petits carreaux, crème et marron très clair enveloppe une carrure qui s’est développée en détention. Des lunettes dont la monture est à l’avenant, classique et discrète, surmontent un masque FFP2. La présidente lui donne la parole, il est raccord avec sa tenue : efficace et sans la moindre ostentation. « Je souhaiterais présenter des excuses publiques, parce qu’au-delà des victimes, il y a aussi la ville de Chalon et la région, qui ont été victimes. Je souhaite aussi que ma défense soit rendue publique, pour éviter que soient dites des contrevérités dans les médias. Je veux dire aussi qu’à l’époque, c’était pas mes opinions que j’exprimais. »

 

« La personnalité de l’accusé rend indispensable que les débats ne soient pas publics »

 

La présidente a sollicité l’avis de la mère de l’accusé, laquelle se range à celui des avocats de son fils. La mère est civilement responsable des dommages causés par son fils. On a su en 2017 qu’elle l’élevait seule.
La Cour, après en avoir délibéré, rend un arrêt par lequel elle ordonne la publicité restreinte. La publicité restreinte est un cadre qui ne souffre aucune exception. « La personnalité de l’accusé rend indispensable que les débats ne soient pas publics. »

 

Il encourt une peine de 30 ans de réclusion criminelle

 

Une frustration pour l’accusé qui va devoir rendre compte de ses actes et de leur(s) motivation(s), sans la moindre publicité. Il est accusé de tentative d’homicide (agressions à Chalon de deux femmes, avec usage d’une arme, un petit marteau), de vol à main armée (une pharmacie à Chalon), dégradation par incendie (à Dijon), violence avec arme (à Dijon), menaces de mort et provocation à la haine et à la discrimination (par mails envoyés à des rédactions). Il encourt une peine maximale de 30 ans de réclusion, qui peut être rabaissée si l’excuse de minorité est retenue ou si les experts psychiatres, qui sont plusieurs à l’avoir rencontré, ont conclu à l’altération du discernement de l’accusé, voire à son abolition, au moment des faits.

Le procès doit se poursuivre jusqu’au 21 mai, nous en donnerons le verdict.

 

Florence Saint-Arroman

 

Le 15 septembre dans la matinée, un hélicoptère de la gendarmerie tournait au-dessus de Chalon. Au même moment nous avons su qu’une femme s’était faite agresser au parc Georges Nouelle. C’était une seconde victime, le bruit s’est répandu comme une traînée de poudre : un homme armé d’un marteau s’en prenait à la population. Toutes les forces armées étaient dehors, et des renforts arrivaient. C’est ainsi qu’un garçon en âge d’être encore lycéen est devenu « l’homme au marteau ». La police judiciaire de Dijon était saisie, elle fait appel à des profiler. Les enquêteurs ont assez rapidement acquis la conviction que, contrairement aux mails adressés par un sombre « commando » à des rédactions chalonnaises et dijonnaises, un seul individu était à l’œuvre. Le besoin du jeune homme de donner à ses actes un retentissement public au-delà du raisonnable s’est aussi traduit par son besoin de négocier avec le procureur de la République, Damien Savarzeix, lequel l’a invité à se rendre. C’est ainsi que l’histoire a pris fin, du moins cette partie-là, car le garçon vit en détention provisoire depuis fin janvier 2018, et tout ce qu’il a fait, la façon dont il a préparé ses attaques, et enfin ses intentions, tout va être redéployé pas à pas au cours du procès auquel nous ne pouvons pas assister. FSA

 

tribunaml



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