Montceau-les-Mines
Méline honore les femmes, combattantes de l’ombre
Lors de la commémoration du 11 novembre, au monument aux morts place de l’église, Méline Grespan, une jeune membre du CMJ a pris la parole pour honorer les femmes, ces combattantes de l’ombre.
Voici le texte qu’elle a écrit et lu à l’assistance :
Un mois après l’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand, l’Europe bascule dans ue guerre qui touche le monde entier.
En France, à partir du 2 jusqu’au 18 août, 3700 000 hommes sont mobilisés, mettant complètement en pause l’économie du pays, compliquant ainsi les approvisionnements de nourriture et la vie des civils. Les usines tournent au ralenti et la moitié d’entre elles menacent de fermer. Les moissons sont laissées à l’abandon, qui va nourrir les français ?
Le 7 août 1914, à peine une semaine après le début de la guerre, René Viviani lance un appel aux femmes françaises, il écrit :
« Debout, donc, femmes françaises, jeunes enfants, filles et fils de la patrie ! Remplacez sur le champ du travail ceux qui sont sur le champ de bataille. Préparez-vous à leur montrer, demain, la terre cultivée, les récoltes rentrées, les champs ensemencés ! Il n’y a aps, dans ces heures graves, de labeur infime. Tout est grand qui sert le pays. Debout ! À l’action à l’oeuvre, Il y aura demain de la gloire pour tout le monde.
Vive la République Vive la France »
12 000 employés de postes sont remplacés par des femmes, les maîtres d’école pour garçons sont remplacés par des institutrices, les doctoresses sont de plus en plus nombreuses, tout comme les avocates, les femmes prennent également place dans les usines.
Ce sont des millions de femmes qui se mettent au travail dans des conditions difficiles, les paysannes sauvent des récoltes, la simple charrue, conçue pour les hommes, disposent d’un manche bien trop haut pour ces travailleuses qui, dès qu’elles rencontrent une pierre, voient le manche leur revenir violemment dans la poitrine ou le visage. Les travailleuses vivent un calvaire.
Les blessés du front sont transportés vers les villes de l’arrière en train. Chaque jour les infirmières formées de la Croix Rouge, les Dames Françaises et les services de santé sont auprès des blessés, surmontant le dégoût de la brutalité de la médecine. Là où la presse ne décrit que des hommes gais, fiers de leur combat, les infirmières appelées anges blancs voient l’horreur des coulisses, les visages graves et meurtris de ces français qui doivent s ‘habituer à la douleur.
Les offensives de 1916 et 1917 exigent toujours plus d’hommes et toujours plus d’armement, de munitions. Chez Renault ou Citroën, depuis 1915 les munitionnettes sont une aubaine pour la propagande qui vante la mobilisation des femmes, heureuses de servir le pays. Cependant la réalité de leurs conditions de vie et de travail sont bien loin de tout ça, l’atelier s’avère effrayant.
« Jolis visages, frêles silhouettes, elles donnent chaque jour la fleur de leur jeunesse, la fleur de leur santé, ne dites jamais qu’elles sont des privilégiées, ne riez jamais de leur peine, il faut avoir faim pour faire ce métier car ce sont des loques que l’usine jette à la rue », écrit Marcelle Capy, journaliste féministe ayant passé quelques jours dans la peau d’une munitionnette, émue de la situation.
Les femmes sont en guerre, elles aussi, elles sont à la moisson, à l’usine, à la caserne, aux commandes des tramways, aux Etats-Unis, elles prennent les commandes des locomotives, plus que jamais les femmes sont symboles de la victoire, symbole de l’Alsace qu’il faut reconquérir, des symboles forts renforçant l’allégorie de la République dans l’idée de Marianne.
Aujourd’hui, nous rendons hommage à ces combattantes de l’ombre qui ont tant donné pour la France et pour qui l’expérience de la guerre sera le début d’une autre lutte : celle pour leurs droits et leur indépendance.
Méline Grespan