Politique -Ecologistes de Bourgogne
Cessons d’opposer les écologistes au monde agricole
Communiqué :
« « C’est pourtant ce que n’a pas hésité à faire Arnaud Rousseau président de la FNSEA en visite à Saint Eusèbe (71) »
Les élections dans les chambres d’agriculture approchent à grands pas, de même que les négociations relatives à la politique agricole commune (PAC). C’est ce que l’on peut déduire des propos tenus à Saint-Eusèbe (71) ce mercredi 9 octobre par Arnaud Rousseau, l’actuel président de la FNSEA – et du conseil d’administration du groupe agro-industriel Avril.
Celles-ci risquant d’acter la progression au sein du monde agricole d’un syndicat concurrent, la coordination rurale (syndicat extrêmement marqué à droite), les représentants de la FNSEA musclent en effet leurs discours. C’est qu’il ne faudrait pas, en tenant des propos trop tièdes dans un contexte tendu, dissuader de voter pour l’organisation qui a jusqu’ici fait la pluie et le beau temps dans notre pays en matière d’agriculture – situation qu’a très bien documentée Gilles Luneau dans son ouvrage de référence : La forteresse agricole. « Une histoire de la FNSEA ».
Quand Arnaud Rousseau tape sur les écologistes en tenant des propos caricaturaux
Devant un public acquis, Arnaud Rousseau, ce mercredi 9 octobre, n’a donc pas retenu ses coups en s’en prenant aux écologistes qui font partie selon lui de « ceux qui ne veulent plus rien, sauf le loup ». Ce qui est faux puisque, en Bourgogne-Franche-Comté par exemple, loin de s’opposer à des « prélèvements » lorsque ceux-ci s’avèrent indispensables, ces derniers ont au contraire agi en concertation avec les pouvoirs publics pour trouver des solutions à même de faire coexister cette espèce protégée avec le pastoralisme et les légitimes intérêts des éleveurs.
Cela dit, c’est surtout ce qu’Arnaud Rousseau n’a pas dit aux personnes venues l’écouter qui mérite la plus grande attention des républicains de tout bord soucieux de trouver des solutions légitimes à la faible rémunération de nombreux agriculteurs, à la perte de sens de ces derniers vis-à-vis d’un métier devenu dépendant aux produits chimiques, aux dégâts causés par le dérèglement climatique et l’effondrement de la biodiversité.
Ce que n’a pas dit Arnaud Rousseau aux responsables départementaux de la FNSEA qui se sont exprimés devant lui ?
Qu’on ne peut pas comme ils l’ont fait vouer aux gémonies les agents de l’Office français de la biodiversité (OFB), un établissement public dédié à la protection et la restauration de la biodiversité en métropole et dans les Outre-mer, sous la tutelle des ministères chargés de l’écologie et de l’agriculture.
Qu’on ne peut pas se contenter de dire que certains font bien leur travail, ce qui laisse à penser que tous les autres le font mal. Ce n’est pas être « militant » que de faire respecter la loi et la réglementation française à ceux qui la violent. C’est faire ce pour quoi l’on a été recruté et ce pour quoi l’on est rémunéré. On ne peut ainsi faire peser de tels soupçons sur l’intégrité d’agents publics, sans quoi il ne restera bientôt plus rien de l’ordre républicain et de l’Etat de droit.
Ce que n’a pas non plus dit Arnaud Rousseau, c’est que l’on ne peut pas non plus jeter en pâture les agents de la Région Bourgogne-Franche-Comté qui, comme partout ailleurs en France, font tout ce qu’ils peuvent pour assurer la distribution d’aides financières dont l’Etat s’est délesté en catamini, sans égards pour ceux qui les attendent, ni pour ceux chargés désormais de le remplacer au pied-levé. On le voit encore en ce moment, alors même qu’il cherche à boucler son budget en déficit chronique depuis 1975, l’Etat, pour éviter de se faire taper sur les doigts, se défausse sans interruption sur les collectivités territoriales, qui font au mieux avec toujours moins, et toujours au plus vite.
Ce qu’Arnaud Rousseau n’a pas dit non plus, c’est la responsabilité écrasante de la FNSEA et des gouvernements successifs dans la paupérisation de nombreux agriculteurs, dans la concentration des exploitations captant désormais la grande majorité des aides publiques au détriment des autres et, surtout, dans tout ce qui, aujourd’hui encore, attise la colère d’une partie de la profession agricole.
Les Ecologistes sont depuis toujours à l’écoute des agriculteurs et des paysans dont ils savent que nombre d’eux souhaitent à la fois respecter l’environnement comme la santé publique, mais aussi recevoir une juste et légitime rémunération pour leur travail. Cessons, comme l’a fait le président de la FNSEA, de les opposer au monde agricole convaincu par ailleurs de la nécessité de procéder rapidement à une transition écologique, comme la presse s’en fait l’écho ces derniers jours. »
Dominique Cornet,
Secrétaire régional des Ecologistes de Bourgogne