Saône-et-Loire : le député Aurélien Dutremble souhaite renforcer la lutte contre la prolifération du loup
Il a déposé dans ce sens une résolution à l’assemblée nationale
Ce lundi après-midi, le député Aurélien Dutremble avait organisé une après-midi thématique de travail sur le loup. Il a débuté l’après-midi par une conférence de presse à l’hôtel Kyriad de Montchanin en présence de Valérie Deloge, députée européenne et d’Emmanuel Blairy, député du Pas-de-Calais également Vice-Présidet de la commission développement durable et aménagement des territoires.
Aurélien Dutremble avait organisé cette journée thématique face à la prolifération du loup et pour défendre les éleveurs, selon ses propres termes, de longue date. En outre, cette initiative s’inscrit dans le cadre de sa mission d’information sur le rôle du pastoralisme et de l’animalité.
Le 11 mars dernier, le député a proposé une résolution visant à protéger les éleveurs en réduisant la prolifération du loup. Car pour lui, comme pour Valérie Deloge, le loup reste un prédateur.
Le loup n’est pas le bienvenue en Saône-et-Loire… face à la colère des éleveurs
Ces deux dernières semaines, on compte pas moins de 18 attaques du loup sur des moutons. Mais ce ne sont pas les seuls animaux visés : brebis, vaches, équidés…
Les éleveurs sont lassés, à cran. Pour le député, « il est temps de faire quelque chose ».
D’ailleurs, l’Union européenne a avancé sur le sujet. Valérie Deloge est revenue au cours de la conférence presse sur sa propre expérience en tant qu’éleveur d’ovins et la décision prise le 8 mai dernier avec l’abaissement du niveau de protection du loup au niveau européen.
A présent, c’est la Ministre de l’agriculture Annie Genevard, qui est dans le collimateur du député : « Elle avait dit que se protéger du loup, c’est très compliqué », a souligné Aurélien Dutremble. Et d’ajouter : « Nous mettons la pression pour que la Ministre passe à l’action.
Une proposition qui répond à un besoin des éleveurs
De la colère chez les éleveurs, il y en a. Et les trois élus du RN ne cessent de le rappeler. Emmanuel Blairy, député du Pas-de-Calais, connaît bien la ruralité avec une circonscription comptant 294 communes. S’il est moins concernant par la problématique du loup, il dit entendre les besoins des agriculteurs.
Et Aurélien Dutremble d’ajouter : « Ils attendent énormément. Je suis en lien constant avec eux. C’était un sujet que j’avais abordé au conseil régional. Plus on en parle, plus les attaques continuent. Sur le département, je suis totalement légitime. »
Et le député ne boude pas son plaisir de se voir soutenu par 70 collègues parmi lesquels Josiane Corneloup ou encore M. Michoux, qui ont signé sa résolution.
Et il insiste bien qu’il ne s’agit pas d’exterminer le loup mais de réduire sa population de 1000 à 500 sur le territoire français afin de protéger les éleveurs et que la pression de l’animal soit acceptable pour tous. « Je plaide pour un seuil de viabilité démographique » ajoute-t-il.
Mieux comprendre l’espèce et mieux la réguler
Emmanuel Blairy emboîte le pas d’Aurélien Dutremble. Au-delà de défendre les paysans, il s’agit aussi de mieux comprendre le loup et mieux réguler l’espèce, pour l’élu du Pas-de-Calais. Cela passe selon l’élu par un meilleur maillage de la louveterie.
Il évoque enfin les émotions générées par la découverte de bêtes dévorées par le loup.
Et de conclure : « Les mots, c’est bien. Rien n’a été tenu par le gouvernement. La politique, c’est de l’engagement ».
Valérie Deloge, pour sa part, raconte comment elle a dû convaincre les élus européens qu’elle a jugé pour certains « hors-sol ». Pour sa part, elle a subi deux attaques de loups au sein de son élevage. C’est un sujet qui lui tient donc particulièrement à cœur. On estime la population de loups en Europe à 22 000. Pour autant la cohabitation ne pose pas les mêmes problèmes dans tous les pays, raison pour laquelle aucun seuil n’a été imposé par pays par l’Union européenne. Pour l’élue, il faut plutôt se rapprocher du terrain et réfléchir selon les problèmes rencontrés. « On pense faire des propositions par régions, selon le nombre d’attaques, de victimes » poursuit-elle.
Agir dès la suspicion d’une attaque par le loup
Sur le texte proposé par le député Dutremble, celui-ci précise qu’il ne sera pas possible de tirer à vue. Il s’agira toutefois de pouvoir agir plus rapidement afin de réduire les dégâts engendrés par le canidé.
Car les députés disent en cœur qu’il faut pouvoir garder un élevage de qualité en France. Et que cette qualité n’est possible que si les animaux vivent en extérieur.
Et de conclure : « Pour cohabiter avec le loup, il faut protéger les agriculteurs. »
28 attaques de loups pour Jean-Michel Cannet à St Bérain-sur-Dheune
Les élus ont poursuivi leur journée thématique en partant à la rencontre de Jean-Michel Cannet éleveur ovin à St Bérain-sur-Dheune.
Ce dimanche, il a subi sa 28e attaque. Lassé et la gorge serré, il raconte ses déboires aux députés avec la Préfecture. « Je vois que cela n’avance pas » explique-t-il avant d’ajouter que son fils ne prendra pas la relève vue la situation.
A 60 ans, l’éleveur reste pourtant toujours aussi passionné. Le loup, il le connaît bien. Il l’a déjà vu 3-4 fois. Il a déjà fait des signalements aux autorités.
Bien sûr, ces attaques constituent un vrai manque à gagner. Pour ces 28 attaques, il a reçu 18 000 € de compensation. Il lui en aurait fallu le double : « On compte les mordus, mais pas les noyés ni les avortés » explique-t-il.
Les mois passent. Et les relations avec les autorités se dégradent, ce qui explique l’accueil du Préfet chahuté à Morey. L’éleveur, en double activité, compte 300 brebis. Il voulait mettre un berger d’avril à septembre. Mais il n’en a pas trouvé. Et il ne prendra pas le fusil. Ce n’est pas un chasseur. Alors tant qu’il a la santé, il continuera à s’occuper de ses brebis sur ses 8 parcelles.
Le refus de l’éleveur de faire des travaux
Mais il ne clôturera pas ces parcelles ni ne prendra de patous pour chacune. Cela n’aurait pas de sens selon l’éleveur. En décembre dernier, il a des attaques dans trois parcelles électrifiées. Autant dire que le problème n’est pas résolu par ces dispositifs techniques.
Et ce dimanche, l’éleveur vient de perdre une brebis et son petit qu’il venait tout juste d’acheter.
Les élus échangent avec l’éleveur, l’écoutent. Ils s’intéressent au terrain, au rythme des attaques. Ce dimanche soir, il y a eu aussi une attaque à Granges. Le loup met la pression aux éleveurs. Et les éleveurs comme les députés présents ce lundi aimeraient bien que la pression change de camp.
A l’issue de cette visite à St Bérain-sur-Dheune, la journée thématique n’était pas finie. Ils retournaient animer et participer à un groupe de travail à Montchanin. Cette fois-ci, il n’était pas ouvert aux journalistes. L’objectif était bien de repartir pour la prochaine session parlementaire avec de nouvelles données pour pousser les parlementaires à voter la proposition de résolution déposée par Aurélien Dutremble.
EM