Montceau : Coup de gueule
Désert médical, désert pharmaceutique : quand la santé devient un privilège
Bienvenue en France en 2025, où l’on peut acheter une pizza à minuit, mais pas un médicament. Pharmacie de garde ? Introuvable. Numéro surtaxé ? Oui, si vous aimez les jeux de piste. 25 km pour un médicament ? À ce prix-là, autant rouler jusqu’à la Suisse.
Pendant ce temps, les élus parlent de « continuité des soins », sauf qu’on oublie qu’un médicament ne sort pas d’un distributeur automatique.
Alors on fait quoi, on attend le lundi pour soigner une urgence ? Ou on lance un « Uber Médoc » ?
Parce qu’en vrai, les patients n’ont pas disparu… ce sont les services de santé qui s’évaporent.
L’urgence ne connaît ni horaires, ni jours fériés. Alors pourquoi la pharmacie si ?
Assez des discours, il faut une réforme claire, lisible et équitable des services de garde. Sinon, ce n’est pas un désert sanitaire qu’on traverse… c’est une zone sinistrée.
Le récit de notre lectrice est édifiant :
« Samedi 19 juillet, je sors des urgences de Montceau, avec une ordonnance pour une bronchite asthmatiforme. Commence alors le cauchemar, car ni le médecin, ni l’accueil, ne savent quelle est la pharmacie de garde.
La personne qui m’accompagne et moi-même composons rapidement le numéro d’accès affiché.
A savoir le 0825 74 20 30 auquel il faut indiquer le code postal de notre ville.
Nous essaierons une quinzaine de fois ce numéro (payant) avec tous les codes postaux environnants. Sans succès. La réponse reste inchangée, tant sur le numéro, que sur le site internet : « Nous ne pouvons donner suite à votre demande ».
Malade, je m’étouffe…
Je me rabats sur le 17 (Police Secours), qui n’est plus concerné par la médecine et ne sait rien.
De désespoir, j’appelle le 15 (Samu), qui ne connaît pas non plus la pharmacie de garde et qui me demande de rester en ligne. Il effectue pendant dix minutes des recherches, car je suis très mal. Sans succès non plus!
Finalement le Samu appelle l’ARS (Agence Régionale de Santé) qui ne sait rien …non plus !
Cette dernière, très embarrassée, effectue des recherches, compose les numéros précités. Sans succès.
Je suis de plus en plus mal. Je suis stressée et hors de moi, le ton monte. Après pleurs et énervements, l’ARS me rappelle plusieurs fois et m’indique une pharmacie sur Saint-Vallier où j’ai sonné de multiples fois… avant de baisser les bras. Je suis au plus mal.
L’ARS avertie essaie d’appeler cette pharmacie sans succès et pour cause ; elle n’était pas réquisitionnée, donc pas de garde !
L’Agence de Santé me rappelle et m’envoie cette fois au Creusot, à la pharmacie de garde, à Saint-Sernin-du-Bois !
Je démarre et au bout de quelques kilomètres, l’ARS me prévient… qu’il faut passer au commissariat du Creusot au préalable !
J’arriverai enfin à la pharmacie de Saint-Sernin, soulagée par les médicaments, sur place.
J’apprends que cette pharmacie n’était pas de garde et qu’elle ouvre généreusement pour les patients de la région.
J’apprends également que l’ARS n’a réquisitionné aucune pharmacie en Saône-et-Loire (réquisitions suite au mouvement de grève justifié des pharmaciens).
Quand il y a un mouvement de grève, l’Agence Régionale de la Santé est responsable du pilotage du système de santé et de l’accès aux soins des patients.
Elle réquisitionne des pharmacies sur le Pôle de Dijon, puis transmets une liste des officines à réquisitionner en Saône-et-Loire, à l’Agence Régionale de la Santé de Mâcon, qui présente la liste en préfecture, pour validation du préfet.
A noter qu’une pharmacie réquisitionnée ne peut refuser et doit signer pour confirmer, auprès des autorités.
Cerise sur le gâteau, je découvre aussi que le numéro 0 825 74 20 30 payant (pour informer de la pharmacie de garde) est géré par un prestataire, donc « privé » !
Les revendications des pharmaciens en grève sont très sûrement légitimes et nécessaires. Ils assument d’ailleurs de plus en plus de fonctions et ne sont pas responsables de ce bouillon et subissent la politique actuelle de santé appliquée par notre gouvernement et par ricochet l’ARS qui se démène pourtant… ».
Un système en déroute
Ce que notre lectrice a vécu samedi soir n’est pas une anecdote : c’est le symptôme d’un système en déroute. Quand les services censés nous protéger en cas d’urgence n’ont ni les moyens, ni la coordination pour indiquer une pharmacie de garde ouverte, c’est toute la chaîne de soin qui vacille.
Cette situation est indigne d’un pays comme le nôtre. Il est urgent que les autorités sanitaires revoient leur copie, que la transparence et l’accessibilité soient garanties, et que plus jamais un patient ne reste livré à lui-même, en pleine nuit, dans le désert pharmaceutique.
Que ce coup de gueule ne soit pas une plainte isolée, mais le début d’un mouvement de citoyens exigeant des réponses. Parce qu’en matière de santé, l’urgence ne dort jamais et la République ne devrait pas non plus…
Nelly Desplanches
5 commentaires sur “Montceau : Coup de gueule”
Dernièrement un pharmacien non réquisitionné ( n’a pas le droit de tomber malade pour pallier aux incapacités de l’Etat ), signalait que s’il était de garde , mieux valait l’appeler pour savoir s’il n’était pas en rupture de médicaments. Il y a 25 ans , le pays avait en gros 85 % des molécules, aujourd’hui à peine 15 % , dont la plupart des laboratoires auraient délocalisés en Inde , Asie , USA ou Royaume Uni . Et on nous parlerait que le Français ne travaillerait pas assez , quand on verrait l’énergie perdue pour risquer sa vie dans votre cas . La prochaine réunion pour votre problème serait peut être une convention, qui déboucherait sur une commission d’experts , qui réfléchirait avec le terrain , sans tenir compte du terrain , ….comme aurait dit le Général De Gaulle, un comité Théodule.
Bonne santé à vous.
Madame, je suis désolé voire peiné de constater tous les déboires que vous avez rencontrés. Vous avez dénoncé l’incapacité de fonctionner de la part de nombreux services ( médecine – commissariat) qui doivent obligatoirement être en possession de toutes les informations afin d’aider les personnes en danger physique ou morale. Je ne comprends pas la passivité des français qui devraient tous manifester leur mécontentement par tous les moyens (manifestations etc … Sans Connotation Politique).
Bien à vous Madame
Et oui lamentable d’entendre cela, et imaginez pour une personne mal voyante ??? o fait commet ??? Et s’il y avait que cela, mais on peut aborder aussi le département concernant les aides « ha
désolé de la coupure (suis mal voyant) des aides handicap, qui ne sont pas accordées de façon idetique suivant les départements (critères??) ou les logement dit sociaux sur Montceau à 600 € par mois, (ville de bord de mer ? sociale ?) je dois avoir loupé qq chose, et la liste pourrait être longue… piste cyclables CUCM ouvertes aux voitures car barrières en permanence ouverte? etc etc attente de réponse de Monsieur le député (qui veut aller vite) mairie (se bat pour injustice),CUCM (territoire de tous les possibles), départemet (au plus près de ces habitants pour laisser personne sur le bas côté)… santé, handicap, justice, on es mal … et est ce les élections vont faire changer les choses?? du mal a y croire malgré les belles paroles, les promesses, …. dur réalité …. courage à cette personne mais hélas n’est pas et ne sera pas la seule dans cette galère….
Et c’est encore la faute au gouvernement!….. Mais au fait: lequel d’entre ceux de Chirac, Sarcozy, Hollande ….ou bien le monde médical largement partie prenante à l’époque de la diminution des formations.
Macron, élu en 2017, a réagit dès 2018 pour supprimer le numérus closus qui a été à l’origine de ces déficiences quantitatives.
Les premières formations de 10 ans pour ces professionnels ne pouront donc fournir des personnels médicaux qu’à partir de 2029…….. Et encore sous réserve de les laisser s’installer là où ils voudront bien. Et encore sous réserve que la sécu puisse prendre en charge les augmentations d’honoraires qui en résultera.
Donc, les charognards contestataires pourront encore se délecter de cette situation qui perdurera quelques années encore.
Il ne faut pas oublier que tout le monde (syndicat, comités de défense, français, monde médical, ordre des médecins..) s’est largement satisfait de cette limitation des fomations. Aujourd’hui, c’est nous qui en payons les pots cassés. Et ce ne sont pas les politiques qui, victimes de la situation comme nous, peuvent trouver, d’un coup de baguette magique, quelques milliers de médecins, spécialistes, infirmier (res), pharmaciens, etc….