Moins d’alcool, moins de cannabis, moins de tabac : les ados français tournent la page des addictions
Des ados plus prudents ? Politiques publiques, évolution des mentalités, nouvelles sociabilités changent la donne ?
Au cœur d’une rentrée troublée et dans une atmosphère d’indécisions et d’incertitudes, il existe quand même des éléments positifs et encourageants pour l’avenir. Montceau News s’est intéressé à une information intéressante et motivante : « Drogues et alcool, les ados consomment beaucoup moins qu’il y a dix ans. »
Ils fument moins, boivent moins et se détournent du cannabis : les ados français ne sont plus les champions européens de la consommation. Les chiffres officiels révèlent une baisse historique qui redonne espoir.
Pourquoi, comment ? Lisez la suite, vous le saurez !
En France, les adolescents de 15 à 17 ans consomment aujourd’hui beaucoup moins de tabac, d’alcool et de cannabis qu’il y a dix ans. C’est ce que révèlent les dernières enquêtes de l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) et de l’étude européenne ESPAD 2024 (European School Survey Project on Alcohol and Other Drugs), menée dans 37 pays auprès de 114 000 jeunes de 15‑16 ans. Cela crée de l’espoir car les données sont sûres et certifiées.
Une baisse nette et documentée : pour le tabac, 15,6 % des jeunes de 17 ans déclaraient, en 2022, fumer tous les jours, contre 25 % en 2017 (OFDT, ESCAPAD 2022). Chez les collégiens, seuls 11 % avaient déjà expérimenté le tabac, contre plus de 20 % en 2018. Pour le cannabis c’est encore plus important puisque l’expérimentation chez les 17 ans atteint 29,9 % en 2022, le plus bas niveau depuis 2000. Il convient de se rappeler qu’en 2014, ce chiffre dépassait 50 %. La France, longtemps championne européenne du cannabis chez les ados, est désormais en dessous de la moyenne européenne (OFDT, ESPAD 2024). En ce qui concerne l’alcool, l’expérimentation recule mais reste élevée. Environ 7 jeunes Français sur 10 de 15‑16 ans ont déjà bu de l’alcool, contre plus de 80 % en 2011, une baisse de 10 %. La France figure désormais parmi le tiers des pays européens où la consommation est la plus faible (ESPAD 2024). Quant aux autres drogues, plus dangereuses, seuls 3,9 % des adolescents interrogés en 2024 avaient expérimenté une drogue illicite autre que le cannabis, contre 7,5 % en 2015 (ESPAD 2024).
On peut se féliciter de cette tendance à la baisse mais s’interroger sur cette chute.
Plusieurs facteurs sont avancés par les chercheurs : Aucun n’explique à lui seul cette tendance, ensemble ils peuvent fournir des éléments de réponse et avoir un poids réel. D’abord les politiques publiques efficaces : hausse continue des prix du tabac, interdictions de fumer dans les lieux publics, campagnes de prévention ciblées. Ensuite les changements culturels : le tabac est perçu comme nocif et « ringard » ; le cannabis perd aussi de son attractivité chez les plus jeunes. Entrent aussi en ligne de compte les évolutions des modes de vie : les adolescents sortent moins, passent davantage de temps sur les écrans et ont donc moins d’occasions de consommer en groupe. Pour terminer, un élément peut entrer en jeu, il pourrait exister un facteur portant sur l’influence familiale : les parents eux-mêmes fument et boivent moins devant leurs enfants, donnant l’exemple.
Pourtant il faut nuancer malgré des résultats encourageants…
Si la tendance est positive, certains points restent préoccupants, il convient de ne pas les négliger sans en faire des obstacles ou des freins : En premier, les alcoolisations ponctuelles importantes (API) touchent encore 22 % des jeunes de 15‑16 ans en France (ESPAD 2024). Ensuite, le vapotage progresse rapidement et pourrait devenir une nouvelle porte d’entrée dans la dépendance. On a vu avec les puff et la politique mise en place par les pouvoirs publics, interdiction, encadrement, etc. Pour finir, il ne faut absolument pas négliger le dernier point : les inégalités sociales et territoriales persistent car dans certains milieux, la consommation reste bien plus élevée que la moyenne nationale.
Cette tendance laisse entrevoir des conséquences intéressantes pour demain.
Une baisse de la consommation à l’adolescence peut avoir un effet durable : moins d’expérimentation précoce signifie un risque plus faible de dépendance à l’âge adulte, et donc des bénéfices majeurs pour la santé publique (cancers, maladies respiratoires, risques liés à l’alcool). Selon l’OFDT, le coût social du tabac, estimé à plus de 120 milliards d’euros par an en France, pourrait ainsi diminuer progressivement.
La jeunesse française n’est plus la « génération binge » ni la championne européenne du cannabis. En rompant avec des habitudes solidement ancrées, les ados ouvrent une brèche d’espoir pour la santé publique et l’avenir. Reste à savoir si les adultes sauront maintenir le cap et transformer cette victoire fragile en changement durable.
Gilles Desnoix
Sources :
- Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT), enquêtes ESCAPAD 2022, EnCLASS 2022, Chiffres clés 2025 : fr
- ESPAD Report 2024 – European School Survey Project on Alcohol and Other Drugs : europa.eu
- Ministère de la Santé, site interministériel Drogues et Addictions : gouv.fr