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lundi 5 octobre 2020 à 01:42

Montceau : Union locale CGT

"Le gouvernement français déclare à nouveau s’opposer à l’accord de libre-échange avec le Mercosur : de la parole aux actes !"





Communiqué :

 

Les négociations pour la signature d’un accord de libre-échange entre l’Union européenne et les pays du Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay et
Uruguay – le Venezuela étant exclu pour l’instant en raison de la nonsignature de certains traités régionaux) durent depuis 1995.

C’est principalement suite à l’élection de Jair Bolsonaro au Brésil et de Mauricio Macri en Argentine – tous deux tenants du néolibéralisme économique – que les travaux ont repris à marche forcée, avec la bénédiction de Jean-Claude Juncker, pour parvenir à la signature de cet
accord en juin dernier. Mais la donne politique a quelque peu changé depuis lors, lorsque le péroniste Alberto Fernandez a écrasé la droite de Macri aux élections argentines en octobre dernier.

Après les gigantesques incendies dans la forêt amazonienne, le président Macron avait exprimé fermement son désaccord avec le président Bolsonaro, indiquant pour la première fois que la France ne ratifierait pas l’accord. Une commission d’évaluation avait alors été créée, afin de
mesurer « les effets potentiels en matière de développement durable » de l’accord.

Les conclusions rendues au Premier ministre Jean Castex sont implacables. L’accord « représente une occasion manquée pour l’UE d’utiliser son pouvoir de négociation pour obtenir des garanties solides répondant aux attentes environnementales, sanitaires et plus généralement
sociétales de ses concitoyens ». Castex a aussitôt déclaré que puisque le texte « met en péril la biodiversité et dérègle le climat », la France ne ratifiera pas l’accord « en l’état ».

L’Argentin Alberto Fernandez émet lui aussi des réserves fortes sur le contenu de l’accord, en raison des asymétries économiques entre les deux régions, asymétries qui se verraient encore renforcées si l’accord était signé en l’état. Ainsi, 68% des exportations de l’UE vers le Mercosur sont des produits manufacturés à haute valeur ajoutée, tandis que 63% des ventes du Mercosur vers le vieux continent sont des produits agricoles et alimentaires. Le président Macron prétend défendre la forêt amazonienne, mais il est bien plus inquiet du lobby agricole français, qui ne veut
surtout pas voir arriver du bœuf argentin dans nos assiettes. De son côté, l’Argentine ne souhaite pas être inondée de pièces de rechange de marques automobiles françaises.

Dès la reprise des négociations, la Confédération européenne des syndicats (CES) et son homologue dans la région, la Coordination des centrales syndicales du cône sud (CCSCS) ont alerté sur l’impact de l’accord sur le travail décent et l’environnement. Le groupe de travail dont la CGT est membre, a réitéré que l’accord devait permettre un développement symétrique et équilibré des deux régions, le respect de l’emploi décent, des droits sociaux et la défense de l’environnement. Cet accord ne doit pas être un simple accord de libre-échange économique, il doit être un accord de coopération politique, économique, sociale, culturelle et environnementale.

La CGT est forcée de constater qu’à l’heure actuelle – et en miroir d’autres accords déjà signés – les intérêts économiques priment sur la dimension sociale et écologique. En tant qu’organisation syndicale attachée à la défense des droits sociaux et environnementaux, la CGT a cosigné une tribune, la semaine dernière, demandant l’abandon de l’accord.

Tant que toutes les dispositions qui pourraient conduire à affaiblir les normes existantes ou en cours d’élaboration dans les deux régions, ou qui entraineraient une baisse des droits sociaux, humains et environnementaux, n’ont pas été supprimées de l’accord, nous resterons vigilants et
continuerons de nous y opposer.

 

 






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