Montceau : Union locale CGT
"La précarité, rocher de Sisyphe des médecins diplômés hors Union européenne"
Communiqué :
« Un chaos règlementaire savamment entretenu menace leur emploi, voire leur droit de séjour : ils et elles ont arraché un sursis au-delà du 31 décembre. Et après ?
« Médecins en détresse », « Responsabilité médicale maximum, salaires et contrats minimum », « Justice et contrat pérenne pour tous les Padhue », « Médecins pas cher, voilà la belle affaire » : les Praticiens à diplôme hors Union européenne (Padhue) dénoncent en ces termes le nouvel ultimatum menaçant le contrat de milliers d’entre eux à partir du 1er janvier 2024. Le 29 novembre, ceux et celles qui le pouvaient étaient en grève. Une cinquantaine d’entre eux se sont même libérés de leur planning surbooké pour manifester bruyamment leur exaspération devant le ministère de la Santé, où après une énième lettre ouverte au ministre, une délégation a enfin obtenu d’être reçue par les responsables de la Direction générale de l’offre de soin.
Y étaient représentés le syndicat Supadhue, l’association Ipadecc et l’Ufmict-Cgt santé, qui soutient depuis des années le combat sans fin des Padhue contre une règlementation savamment orchestrée pour les maintenir dans la précarité. « Nos interlocuteurs ont voulu nous faire croire qu’ils ne comprenaient pas pourquoi ceux et celles, parmi les Padhue qui n’ont toujours pas leur statut de médecin, s’inquiétaient pour leur avenir, raconte Éric Tron de Bouchony, responsable du collectif médecin de l’Ufmict-Cgt. Pourtant, prenant acte de la dernière instruction ministérielle en date, en juillet dernier, ils se sont tous inscrits aux Épreuves de vérification des compétences (EVC), puisque la réussite à ce concours extrêmement sélectif y a été réaffirmée comme indispensable au renouvellement de leur contrat après le 31 décembre !
Le statut de Praticiens attachés associés (PAA), créé en 2021, sous lequel ils sont nombreux à travailler, doit en effet être remplacé en 2024 par celui de « praticien associé » pour les seuls qui réussiront les EVC. Les résultats seront connus le 12 décembre, or on sait déjà qu’il n’y aura que 2700 reçus sur 20 000 inscrits, parmi lesquels 4 000 Padhue pourtant déjà en poste dans une ou plusieurs structures hospitalières. Comme le ministère n’a pas pris la peine d’évoquer le sort des non lauréats, les Directions des établissements hospitaliers se sont donc juridiquement protégées en informant leurs PAA que s’ils n’ont pas réussi les EVC, leur contrat prendra fin au 31 décembre ! »
Les Padhue ont choisi la France, souvent parce qu’ils sont francophones. Ils et elles y ont construit leur vie et fondé des familles, malgré des CDD à répétition compliquant leur accès au logement ou au crédit. Ils y travaillent parfois depuis de nombreuses années, y ont suivi des formations pour parfaire leurs spécialisations, donnent entière satisfaction à des postes auxquels leur statut ne devrait pas leur permettre d’accéder, parce qu’ils sont les seuls disponibles, opérationnels, compétents à pouvoir le faire.
Sans eux, de nombreux services et certains hôpitaux fermeraient leurs portes. Ils prennent les gardes, les astreintes, encadrent les internes, complètent les équipes dans certaines spécialités où les candidats se font rares, comme la réanimation, la neurologie, la traumatologie, la psychiatrie, la diabétologie, la gérontologie. Sous des statuts et des salaires divers, parfois pour le même travail. Au mieux, celui de PAA, avec un salaire de base à 2200 euros. D’autres sont stagiaires associés, assistants hospitalo- universitaires, faisant fonction d’internes, assistants « sénior », toujours en contrats renouvelables et pour des salaires de base parfois proches du Smic.
À la précarité s’ajoute le turnover et l’instabilité des équipes.
Comme Sisyphe, après avoir une nouvelle fois hissé avec peine leur rocher au sommet de la montagne, elles et ils attendent de savoir si l’encombrant rocher va encore dégringoler la pente. »