Autres journaux


jeudi 15 février 2024 à 10:31

Montceau : Union locale CGT

"Mettons fin au hold-up sur le travail qualifié"



 

Communiqué :

 

« Temps de crise où la richesse s’accroît ? c’est la crise de la répartition des richesses !

 

Le travail de qualité produit la richesse, la qualification produit le travail de qualité !

 

Le 1er novembre 2023, le quotidien Les échos et Datagora publiaient une infographie (source OCDE, Penn World Table) qui explique qu’en France depuis 1950, chaque actif travaille 846 h de moins chaque année mais produit considérablement plus  :

✦ En 1950  : 2351 heures/an pour 16 692 $ de richesse annuelle soit 7,1$/heure,

✦ En 1985  : 1654 heures /an pour 57 394 $ de richesse annuelle soit 34,7$/heure,

✦ En 2019  : 1505 heures/an pour 103 243$ de richesses annuelle soit 68,6$/heure.

 

Ainsi, le progrès technologique et la réduction du temps de travail ont été les matrices d’un compromis qui s’est construit sur l’élévation permanente des qualifications de celles et ceux qui créent la richesse dans notre pays.

Contrairement à une idée répandue, le niveau de qualification a progressé dans l’ensemble du salariat, y compris dans les catégories ouvrier·e/employé·e, avec plus de 50 % des candidat·es à l’embauche qui sont titulaires d’un diplôme de l’enseignement supérieur. Il n’y a en réalité pas de travail non qualifié.

Comme l’expliquent les sciences sociales, « tout travail produit et consomme de la compétence ». On comprend mieux que la difficulté n’est pas tant de savoir comment produire des richesses mais plutôt d’en définir collectivement les finalités et les bénéficiaires. La part des salaires dans la valeur ajoutée recule depuis les années 1980.

La rémunération des actionnaires qui représentait alors une semaine de richesses est passée à l‘équivalent d’un mois et peut dépasser les deux mois dans les grandes entreprises.

Dans le même temps, l’intensification du travail, la baisse du niveau de salaires par niveau de qualification à l’embauche, la smicardisation grandissante des emplois conduisent à un cocktail explosif pour les salarié·es. Les femmes sont les plus exposées avec un niveau de qualification plus élevé en moyenne, elles sont aussi notoirement sous-payées. Les ingénieur·es, cadres, technicien·nes et professions intermédiaires sont les catégories qui ont les salaires qui ont le plus stagné sur la durée et 2023 l’illustre encore avec un recul du pouvoir d’achat de 2,1 % pour les cadres, 1,5 % pour les professions intermédiaires.

Ces catégories sont doublement exposées avec l’effet forfait-jours qui efface toute référence horaire et place les salarié·es concerné·es dans une logique de droits dérogatoires au temps de travail. Les personnels au forfait-jours travaillent en moyenne 200 heures de plus que dans le cadre d’un régime horaire conventionnel.

Cette course effrénée et cupide à la rentabilité, à la concurrence et aux logiques de pouvoir dégrade lourdement l’humain et l’environnement.

Quel sursaut faut-il espérer de ceux-là mêmes qui nous vendent encore les mêmes recettes idéologiques qui ont conduit à l’impasse où nous sommes  ?

Le nouveau gouvernement, dernier avatar d’un macronisme ultraconservateur, porte ses dogmes libéraux comme des œillères. Le bon sens devient le faux-nez d’une simplification péremptoire qui s’éprend de l’actualité plus que du réel. La simplification n’est que l’aiguillon d’un dialogue à sens unique où les certitudes d’hier font figures d’innovation tout en consolidant l’ordre des rapports sociaux en place. La simplification de Monsieur Attal, c’est le refus de l’évaluation, de la critique autant que de l’autocritique, la négation des contradictions et des expériences différentes. La méthode n’a rien d’original. S’attaquer aux salaires en commençant par le SMIC, en liquidant sa part de garantie légale. Le recul de la protection sociale avec en ligne de mire les droits au chômage, le recul de la retraite et de son financement, l’épuisement du système de santé publique et de son personnel, une nouvelle étape d’abaissement des droits du travail, la précarité comme projet de société où l’impunité des possédants fait office de loi naturelle.

 

La CGT et son UGICT* continuent de mettre la pression. Nous refusons ce holdup permanent sur le travail et les qualifications. Les mobilisations et la campagne nationale sur les salaires sont engagées partout, la revendication d’une nouvelle étape de la réduction du temps de travail, offrant le choix d’une semaine de quatre jours, s’installe dans les esprits et ouvre des portes. Ce sont les propositions que la CGT a défendues devant la Première ministre lors de la dernière conférence sociale sur les salaires, l’égalité femmes-hommes, le financement de la protection sociale et la situation des femmes et des hommes au travail.

 

 

C’est un nouveau partage des richesses que nous revendiquons avec une baisse de la charge de travail, un partage du travail avec créations d’emplois et la hausse des salaires. À l’heure où les technologies font un pas de géant avec les usages de l’IA* notamment, les gains de productivité doivent être réinvestis dans la richesse humaine, le développement des savoirs, les qualifications, la formation tout au long de la vie. Tout aussi incontournable face au gigantesque défi écologique que nous confrontons, la recherche doit faire l’objet d’un investissement massif et devenir la colonne vertébrale dans une époque de multiples transitions.

 

La nouvelle donne économique qui découle du déploiement des IA doit ouvrir sur une amélioration concrète de la situation des travailleuses et travailleurs à tous les niveaux du système productif.

 

L’IA donne des possibilités de recentrer l’activité humaine sur des tâches valorisantes en réduisant les tâches répétitives et doit constituer un levier important de valorisation de la contribution humaine au travail. C’est à partir de ces exigences que la CGT poursuit la longue histoire du progrès social et désormais environnemental. »

 

* UGICT : Union Générale des Ingénieurs, Cadres etTechniciens CGT * IA : Intelligence Artificielle

 






Le commentaires sont fermés.