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jeudi 10 juillet 2025 à 06:03

Tour de France : un palmarès à l’image de l’histoire et de la diversité du cyclisme mondial

    Tour de France : quand la Grande Boucle fait tourner les têtes… et les pédales.



 

 

Le tour est parti et bien parti, même si la troisième étape s’est juste illustrée par des faits de courses (chutes et abandon), depuis le Grand Départ à Boulogne on sent la ferveur populaire s’exprimer sur le bord de la route.

Depuis 1903, le Tour de France incarne la quintessence du cyclisme mondial, mêlant légendes, exploits et parfois… petits stratagèmes, le tout sous le signe de quatre maillots emblématiques : jaune, vert, à pois et blanc. Retour sur un palmarès qui mêle domination historique, renouvellement des forces et petites anecdotes croustillantes.

Commençons par le Maillot Jaune, le Graal ultime, qui récompense le leader du classement général. Ici, la France règne en maître incontesté avec 36 victoires, un record qui place nos coureurs loin devant la Belgique (18 succès) et l’Espagne (12). Ce n’est pas rien : 21 champions français se sont illustrés, de Jacques Anquetil à Bernard Hinault, tous deux quintuple vainqueurs, sans oublier Louison Bobet, Laurent Fignon ou Bernard Thévenet. Mais – et c’est là que le bât blesse – cela fait désormais 40 ans que la France attend un nouveau sacre, depuis Hinault en 1985. Une disette qui contraste avec l’émergence de nouvelles nations, preuve que le peloton est aujourd’hui plus international que jamais.

Derrière la France, la Belgique tient la dragée haute avec ses 18 victoires, dont cinq légendaires d’Eddy Merckx, surnommé « le Cannibale ». L’Espagne, portée par Miguel Indurain (cinq victoires consécutives dans les années 90), compte 12 victoires. L’Italie (10 victoires), le Royaume-Uni (6, dont 4 pour Chris Froome), le Luxembourg (5), la Slovénie (3), les États-Unis (3 pour Greg LeMond – sans compter les 7 victoires annulées de Lance Armstrong), les Pays-Bas, la Suisse, le Danemark, ainsi que l’Irlande, l’Australie, l’Allemagne et la Colombie complètent la carte des nations victorieuses.

Passons au Maillot Vert, la bataille des sprinteurs. Ici, le Slovaque Peter Sagan est roi, avec un record absolu de 7 maillots verts. L’Allemagne suit avec Erik Zabel (6 titres) et Marcel Kittel, tandis que l’Irlande s’est fait remarquer grâce à Sean Kelly (4 maillots) et Sam Bennett. La France, la Belgique, le Royaume-Uni et l’Australie ont aussi leurs moments de gloire, même si ce maillot reste très disputé et varié.

Quant au maillot à pois, réservé aux grimpeurs, la France est une fois de plus la nation leader avec 23 maillots, grâce notamment au légendaire Richard Virenque, recordman avec 7 titres, et à des coureurs plus récents comme Romain Bardet. L’Espagne n’est pas loin derrière avec 18 maillots à pois, dont 6 pour « l’aigle de Tolède », Federico Bahamontes. La Belgique, la Colombie et l’Italie figurent aussi en bonne place, reflétant la tradition des pays de montagne.

Le Maillot Blanc, quant à lui, est le symbole des jeunes talents, créant la surprise depuis 1975. La Slovénie s’est imposée avec force ces dernières années grâce à Tadej Pogačar, double vainqueur du Tour et multiple porteur du maillot blanc. La Colombie, représentée par Egan Bernal, et le Danemark avec Jonas Vingegaard, marquent également des points. Le Royaume-Uni et le Luxembourg avaient dominé cette catégorie dans les années 2000, avec des coureurs comme Andy Schleck.

D’un point de vue général, la France garde la couronne historique, particulièrement dans le général et la montagne, mais son influence a clairement décliné depuis les années 90. Le peloton mondial s’est largement internationalisé, avec l’explosion des nations émergentes comme la Slovénie, la Colombie ou le Danemark. La Belgique reste une valeur sûre, tout comme l’Espagne et l’Italie, qui conservent un palmarès riche malgré une moindre présence récente.

Côté anecdotes, impossible de ne pas évoquer Raymond Poulidor, « l’éternel second », qui détient le record de podiums sans victoire finale : huit fois sur le podium (3 deuxièmes places, 5 troisièmes). Bernard Hinault et Joop Zoetemelk suivent de près avec sept podiums chacun. Lance Armstrong, lui, a bien eu 7 victoires entre 1999 et 2005, mais celles-ci ont été effacées, ce qui laisse un vide dans l’histoire officielle.

Un autre personnage fascinant du Tour, c’est la « lanterne rouge » – le dernier coureur au classement général. Cette place un peu à part est presque mythique, tantôt signe d’échec, tantôt stratégie médiatique. Philippe Tesnière, dans les années 70, a été lanterne rouge à trois reprises, tandis que le Belge Leon Van Daele a connu cette position plusieurs fois dans les années 40 et 50. Pour certains, cette « dernière place » est une vraie scène à part, une façon d’attirer l’attention et la sympathie du public.

Pour finir, évoquons la tradition du Grand Départ, qui a su s’exporter hors de France pour élargir son public. La Belgique est la reine du départ à l’étranger avec plusieurs éditions lancées à Bruxelles et Liège, suivie des Pays-Bas avec Rotterdam, Utrecht et Amsterdam. Londres a accueilli le Tour pour la première fois en 2007, Düsseldorf en Allemagne en 2017, Bilbao en Espagne en 2018, Copenhague au Danemark en 2022, et Dublin en Irlande en 1998. L’Italie, pourtant proche, n’a jamais vu le départ du Tour sur son sol, Nice restant la ville française la plus proche de la frontière italienne à l’origine du départ. Depuis les années 90, cette ouverture internationale est devenue la norme, donnant une saveur cosmopolite au plus célèbre des rendez-vous cyclistes.

En résumé, le Tour de France reste une incroyable saga où se mêlent tradition, exploits et renouveau. La France domine toujours le palmarès historique, mais les jeunes pousses slovènes, colombiennes et danoises montrent que la roue tourne. Quant à la lanterne rouge, elle rappelle que le Tour est aussi une course d’endurance humaine, où chaque position a sa place et son histoire.

Alors, prêt à enfourcher votre vélo d’appartement de vant la télé, ou prêt à vous déguiser le long de la grande boucle pour acclamer les tourneurs de manivelles ? Entre gloires d’hier, jeunes pousses et lanterne rouge, le spectacle ne faiblit pas, mais de toute manière avec le Tour, on ne s’ennuie jamais !

 

Gilles Desnoix

 

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