« La ronde de nos villages »
Aujourd'hui : Gourdon !
Aujourd’hui : Gourdon !
Tous les résidents autour du Montceau, tous les gens de passage sur la départementale Montceau – Mâcon ont vu et admiré cette belle église au clocher carré perchée sur son promontoire, dominant la campagne environnante.
Combien s’exclament en la voyant : « Mon Dieu quelle est belle ! ». Et c’est vrai que c’est un régal pour les yeux, que ce soit par le mystère d’un temps brumeux, par la luminosité qu’elle renvoie sous le soleil, par sa Majesté lorsqu’elle est enneigée ou encore par sa clarté endormie dans la nuit sous la lumière des spots.
Il est vrai qu’on ne peut pas évoquer le village de Gourdon sans penser, parler, disserter sur ce magnifique Monument historique qu’est son église.
Encore une fois, comme dans tous les reportages qui nous conduisent dans cette « ronde », nous ne voulons pas nous substituer aux écrits historiques des spécialistes, aux récits de nos Amis érudits de « La Physiophile », nous souhaitons seulement et très modestement donner envie à nos lecteurs de découvrir ou de redécouvrir les richesses que nous avons à portée de nos yeux.
ZOOM SUR L’EGLISE NOTRE DAME DE GOURDON :
En 534, il existe à Gourdon un monastère dont la fondation est très ancienne.
On sait qu’en 570, Grégoire de Tours, Evêque et Historien, rend visite à l’abbé Desideratus connu pour ses dons de thaumaturge à Gourdon. L’église actuelle, placée sous le vocable de l’Assomption de la Vierge, a certainement remplacé l’édifice relevé des ruines du premier monastère. Classé monument historique depuis 1875, l’édifice peut être daté du XIème et début du XIIème siècle. Il n’a été depuis que très peu remanié. Les fresques de son abside datée de la fin du XIIème sont classées depuis le 21 septembre 1972.
Côté architecture, il s’agit d’un édifice de pur style roman construit en granit et en grès sur un plan en « croix latine » orientée EST-OUEST. Le triple étagement de la Nef, avec ses arcades, sa galerie aveugle et ses fenêtres hautes, constitue la singularité de l’église de Gourdon en Bourgogne, singularité qu’elle partage avec l’église de Toulon sur Arroux. Les Bas-côtés sont aussi voûtés d’arêtes. Le Transept et la croisée du transept sont coiffés de voûtes d’arêtes très bombées dites « voûtes dominales » et la croisée du transept est couverte d’une coupole octogonale sur trompes. Le chœur est formé d’une travée droite voûtée en berceau brisé et donne accès à l’abside principal en « cul de four » éclairé par 3 fenêtres. 2 absidioles également voûtées en « cul de four » s’ouvrent de chaque côté du chœur. Le superbe pourtour intérieur des chapelles est orné, comme dans l’abside, d’une arcature en plein cintre reposant sur des chapiteaux de colonnettes dites « en délit ».
La décoration ne se décrit que difficilement, elle est absolument à voir :
– Les chapiteaux extraordinairement sculptés (on en dénombre 90 sculptés sur plus de 100 à l’intérieur), ce sont des chapiteaux à décor zoomorphique (lions, aigles etc…) ou à feuillages et masques monstrueux ou humains ou encore à décor purement végétal et aussi les Atlantes.
– Le décor peint découvert pour la 1ère fois en 1940 mis à jour en 1971 pour la partie Maîtresse par Henri Parriat qui étudia particulièrement le Christ en Majesté qui orne le cul du four. D’autres découvertes furent faites lors de la restauration qui s’acheva en 1987.
Ces magnifiques fresques sont à découvrir absolument. Saluons encore ces chercheurs locaux, MM. Parriat et Pernette.
– Un mobilier sculpté tel que le Groupe sculpté de Notre Dame de Pitié
– Les Fonts baptismaux,
– Les dalles funéraires.
Sur la place de l’église se trouve la Croix à pupitre dont le socle date de la fin du Moyen Age et la partie supérieure de la fin du XIXème.
Au chevet de l’église, dans le cimetière, se trouve une croix du XVème (sauf la partie supérieure qui est plus tardive).
Une promenade à pied dans ce bourg, nous conduit à découvrir au Nord, 5 maisons qui « s’entrechoquent », comme il est écrit dans le tome II de l’ouvrage du Conseil Général (Archives départementales) sur le Canton de Mont Saint Vincent, et au sud, une enfilade rectiligne qui profite de l’exposition solaire. Toutes ses constructions datent sans doute de la fin du Moyen âge jusqu’au XIXème siècle.
Des personnages importants ont résidé dans ces belles demeures comme par exemple Rosalie-Espérance et Marie-Louise de Thésut en 1819, selon le cadastre. A l’emplacement actuel de l’auberge se trouvait l’ancien presbytère. On admire aussi le puits et le « lavoir-abreuvoir », sur la place près de la croix à pupitre, le puits d’une profondeur de 28m était le seul à alimenter le chef-lieu en eau potable et pour la petite histoire, le conseil municipal vota le 15 août 1906 une subvention de 45 francs pour son nettoyage à l’occasion d’une période de grande sécheresse et c’est également par délibération municipale, 2 ans plus tôt, le 4 septembre 1904 que fut votée une somme de 200 francs pour l’établissement du lavoir-abreuvoir sur un terrain offert à la commune par son propriétaire M. Duréault à la condition que l’eau provenant de l’abreuvoir soit rendue à la propriété au sortir du lavoir.
Eloigné du bourg, à 2,6kms au nord-ouest, sur la petite route qui relie la RD 80 au village de Marigny par le carrefour des Bruyères, on passe près du Château des Puits que nous vous avons présenté sur ce site le 27 août 2012 sous le titre « Le Château d’Ezpuits » que vous pouvez retrouver ici : https://montceau-news.com/culture/90298-chateau-deszpuitz-gourdon.html
Et puis encore, dans la campagne environnante, de nombreux Domaines anciens au passé historique semblent endormis dans leur cadre de verdure, bocage ou forêt, comme par exemple :
– Le Domaine de Montmartin au sud-est du village, à l’ouest de la RD80 a été construit au XVIIIème siècle. Montmartin, était une dépendance de Mont Saint Vincent et fut cédé à Gourdon en 1555. Le Domaine de Moleron situé à proximité fut construit après 1819.
– Le Domaine de Chavannes au sud-sud-ouest du village, construit à une époque indéterminée pour la tour, le logis est du XIXème. On remarque un magnifique puits avec près de lui une auge de pierre rectangulaire et aussi 2 meules de granit rappelant l’existence d’un ancien moulin.
– Le Domaine de Croux au sud-sud-est du village, possède une tour du XVIème siècle. Il est issu du lieu-dit Les Perrons et est arrosé par le ruisseau de la Limace.
LE TRESOR ?
Une jeune bergère, le 23 mars 1845, garde un troupeau de moutons dans un vaste pré en pente, à 200m en dessous de l’église face au Mont Saint Vincent, elle joue au « jeu de la chèvre » avec la fille du fermier Bertrand, Lazarine. En grattant la terre avec le pied, elle met à jour une pièce brillante. Cette pièce passe de mains en mains, parfois donnée, parfois vendue et un peu plus tard, le 20 avril 1845, notre Louise accompagnée de Marie Gauthier, avec l’aide d’une pioche découvre à 30 cm de profondeur, sous des pierres disposées en parquet d’écurie, recouvrant une grande tuile, une plaque jaune sur laquelle figure une croix. Elles s’enfuient craignant d’avoir violé la sépulture d’un prêtre.
Elles alertent l’un de leurs Maîtres, Etienne Darras qui était couché dans une pâture. Celui-ci, aidé de sa servante tint à l’écart les 2 jeunes filles qui ont dit l’avoir vu s’en mettre plein les poches et en mettre aussi dans le tablier de la servante. Le Fermier François Bertrand et Darras se seraient partagé le trésor… ?
Cette histoire est tirée de : « Académie de Dijon 18 OCTOBRE 1913, Le Trésor de Gourdon : Problèmes juridiques, numismatiques et historiques » par Antoine PETIT.
Ce trésor pourrait provenir du monastère évoqué ci-dessus. Les monnaies retrouvées avec les objets ont permis de dater leur enfouissement vers 524 : on pense qu’un moine aurait pu cacher le tout de peur que l’abbaye soit pillée par une attaque franque. Il fut vendu le 20 juillet 1846 à Paris, le calice et la patène acquis par l’État tandis que les pièces étaient dispersées.
Parmi les objets :
– Le calice est un petit objet, haut de 7,5 cm, pourvu d’un pied tronconique, d’une panse profonde et de deux anses aviformes très stylisée : l’oiseau n’est reconnaissable qu’à son bec et au grenat qui forme l’œil. La panse se divise en une partie gaudronée au-dessus de laquelle se déploie un décor de fils d’or et de pierres (turquoises, grenats) cloisonnées taillées en forme de cœur et de palmettes. On peut rapprocher la forme du calice de celle des canthares de céramique ou de métal utilisées à Rome pour le vin. Par contre, le décor est tout à fait « barbare », tant dans son iconographie que dans sa technique. En effet, alors que l’Empire romain développait une architecture et des arts nécessitant des installations durables, comme la céramique, les « barbares » nomades créaient des objets légers, facilement transportables, soit en particulier de l’orfèvrerie. Ce sont eux qui ont mis au point la technique du cloisonné, utilisée dans le calice de Gourdon, tout comme dans la patène d’ailleurs, et qui consiste à insérer une pierre en force entre des cloisons d’or. De même, le motif des oiseaux pourrait faire référence à l’aigle de l’Empire romain, mais il est plus probable qu’il dérive du fond de motifs communs aux peuples dits « barbares ». On trouve des oiseaux dans de nombreuses pièces d’orfèvrerie tant mérovingiennes que wisigoths
– Le Fibule aquiliforme wisigothique, VIe siècle, or cloisonné de grenats, Musée des antiquités de Madrid.
– La patène est un objet de forme rectangulaire, de 19,5 cm de longueur pour 12,5 cm de largeur, et profonde de 1,6 cm.
Elle présente une bordure couverte de grenats cloisonnées, une croix également en grenats en son centre et quatre motifs cordiformes dans les coins en turquoise. On y retrouve ce syncrétisme entre tradition « barbare » du cloisonné et des cœurs, influence romaine dans l’organisation bien structurée et symétrique, et religion chrétienne, adoptée par Clovis en 497 et qui transparaît ici dans la croix et la fonction de cet objet, à savoir présenter l’hostie. On peut noter que dans cet exemple très ancien, la patène n’est pas encore ronde et adaptée à la forme du calice, telle qu’elle le deviendra dès la période carolingienne.
L’histoire complète de ce « trésor » peut-être demandée à la Mairie de Gourdon .
Une douzaine d’exploitations agricoles avec une grande majorité de jeunes s’occupe de l’élevage de bovins pour la viande.
Nous serions incomplets si nous n’évoquions pas la partie basse de la commune de Gourdon, le pôle périurbain, qui se situe le long de la RD 80 juste avant l’entrée dans Blanzy et qui monte jusqu’à la forêt d’un côté et « aux Beurdoulées » de l’autre. C’est là, dans cette partie que se trouvent les commerces, les entreprises, les services :
– 1 pédiatre,
– 1 cabinet infirmier,
– 1 osthéopathe,
– 1 supermarché,
– 4 restaurants, (l’un d’eux est au bourg)
– 1 centre de contrôle technique auto
– 1 réparateur de pare-brises
– 2 structures des « Papillons Blancs »,
– 1 magasin d’articles de pêche et d’aliments pour animaux,
– 1 entreprise d’entretien de réseaux téléphoniques,
– 1 jardinerie,
– 2 paysagiste,
– 1 Artisan Plombier
– 1 station de lavage de voiture (écologique ),
– 1 ambulancier
– 1 club hippique
– 1 école avec une soixantaine d’élèves (3 classes : maternelle, 1 CP-CE1, 1 CE2-CM1-CM2)
– 1 restaurant scolaire avec sa cuisinière une garderie périscolaire a la rentrée prochaine
– Votre site préféré www.montceau-news.com
Au total, sur les 2541 hectares qui constituent la superficie de la commune, on compte 910 habitants. La commune va rejoindre la CCM à compter du 1er janvier prochain.
Le Maire Jacqueline Ackermann, très attachée à sa commune nous confiait que le souhait de la Municipalité est de conserver la Mairie au bourg pour continuer à faire vivre la communauté rurale et prouver tout l’attachement qu’elle a pour cette ruralité.
Par cette petite balade dans ce village bien de chez nous à la riche histoire et aux beaux paysages, nous espérons vous avoir fait envie de le découvrir plus encore par ses chemins de randonnées et aussi par ses actions sociales, festives et culturelles prochaines :
– Le 15 août la « foire aux puces »
– Le 8 septembre à 18h à l’église le Quator Manfred avec l’invité Raphaël Pidoux (œuvres de David-Schubert)
– Le 15 septembre à 17 heurs à l’église Concert de Marie Annick Nicolas
– Le 29 septembre, toujours à l’église, à 17h un concert d’Ophélie et Pascale Martinez (répertoire classique baroque et romantique.
Voilà encore un village où « çà sent si bon la France ! »
Jean Michel LENDEL
4 commentaires sur “« La ronde de nos villages »”
Si Mme le Maire était si attachée à la ruralité de Gourdon, elle aurait peut être fait en sorte d’intégrer une communauté rurale plutôt qu’une communauté urbaine. Il me semble que ces arguments étaient tout autre il y a quelques mois…mais ayant mécontenté une partie des Gourdonnais et les élections municipales approchant… Elle veut peut être nous faire croire qu’elle a changé d’avis…
Merci pour l’investissement et la profondeur que tu nous fais partagé dans ta série de reportages. « La ronde de nos villages » Jean-Michel et notamment celui de Gourdon ou j’habite depuis 7 ans.
Merci à Annabelle et à Pascal de t’avoir commandé ses reportages, l’office du tourisme communautaire devrait s’en inspirer.
Merci pour ceux qui ont quitté la région depuis longtemps, de leur permettre de revoir des endroits oubliés de leur jeunesse avec l’envie d’y revenir.
Un petit souhait Jean-Michel, informer et décrire dans tes récits, nos gites ruraux, nos chambres ou maisons d’hôtes dans chaque village.
Bonne vacances à tous et profitez-en pour visiter notre belle ruralité!
Cette rubrique traite du passé, du présent il nous reste en en écrire le futur….
rien a ajouter , tout a été dit ! continuez a nous faire partager de si beau reportage…
Merci Annabelle, Pascal, Jean Michel, pour nous faire partager ces si beaux reportages.
Gourdon est en effet une magnifique commune qui a bien voulu nous accueillir il y aura bientôt 25 ans.
Mme Ackermann et son équipe ont su conjuguer sauvegarde de la ruralité et appartenance naturelle à un bassin de vie, la CCM.
Encore Merci et avec tous nos encouragements pour l’avenir.