« La ronde de nos villages »
Aujourd'hui : Marigny !
Aujourd’hui : Marigny !
Quel village, prêt de chez nous mérite-t-il mieux qu’on s’y arrête, qu’on s’y promène, qu’on rêve en contemplant ses demeures, ses châteaux, ses Maisons de Maîtres, ses vestiges, ses paysages enchanteurs, ses plans d’eau et sa rigole aux méandres libertines, remplies de pages d’histoire ?
Le cœur du village est situé au croisement des routes départementales 90 et 164 et ce qui frappe l’œil, c’est que l’on vienne du Nord (Montchanin), du sud (Mont Saint Vincent, de l’Est (Le Puley) ou de l’Ouest (Blanzy), de partout on voit le Château de Marigny perché sur son promontoire. Ce magnifique château, aujourd’hui propriété du Docteur Jean Cornillon, vous a été présenté sur ce site le 2 août 2012 et nous vous invitons à voir ou revoir ce reportage. https://montceau-news.com/culture/87598-chateau-de-marigny.html
Ce cœur de village est magnifique avec :
– sa « Maison noble » située à l’intersection des 2 départementales, composée d’un logis rectangulaire avec une tour d’escalier ronde percée d’un portail à accolade orné d’un blason nu, surmonté d’une bretèche-déversoir.
– La vieille auberge et son groupe d’habitation, l’auberge avec sa jolie galerie de bois, la maison de type mâconnais, à galerie sous auvent et les bâtiments de dépendances. Dans ces bâtiments subsistent les attaches pour chevaux, sans doutes vestiges du relais de poste et on peut voir aussi un réduit fermé de barreaux, certainement une cellule pour prisonnier en transit, et enfin une « Maison en angle obtus » magnifique avec son logis rectangulaire, sa tour quadrangulaire, l’abside d’un ancien four qui amortit l’angle du rez de chaussée. Anciennement, la poterne permettait aux villageois d’accéder au puits situé à l’intérieur de la cour privée (droit d’eau). Marigny étant situé sur l’itinéraire Charolles – Dijon sur la route des vins dans ce sens et sur la route du sel en sens inverse, il s’agissait aussi sans doute d’un relais postal et d’une prison ?
Marigny a toujours connu une grande activité à travers les âges. L’origine du village est un domaine gallo-romain: Mariniacus, pourtant des stations préhistoriques y ont existé. Une voie pavée romaine le traversait venant probablement du Portus pour aller sur Autun. Au moyen âge, les envahisseurs successifs ont laissé les traces de leurs passages.
Bernard Morin, un érudit habitant de Marigny, adjoint du Maire, Paulette Ackermann, dans son ouvrage intitulé « Marigny, terre de mémoire. Histoire en balades ou Balades dans l’Histoire » nous emmène dans les méandres de cette histoire à travers ses vestiges, ses monuments, sa rivière et la mémoire de ses habitants.
Marigny s’est même fait remarquer à la révolution en rédigeant ses cahiers de doléances, sur lesquels beaucoup de villages ont pris modèle. Plus proche de nous encore, elle connut, à partir de juillet 1940, la ligne de démarcation qui sépara la France lors de la dernière guerre Franco- Allemande.
152 habitants ont l’immense privilège de vivre sur les 2240 hectares de la commune située pour le bourg à 340m d’altitude et à 410m pour le château.
Même le nom de Marigny atteste de l’ancienneté du village puisqu’il serait dérivé soit de l’époque gallo romaine (Marinius), soit d’une racine pré latine (Mader=eau) ou celtique (Mater= eau) ou latine (Materia= le bois).
La Balade que propose René Morin part de la place du village qui existait bien avant la révolution et qui tire son nom du propriétaire du château Pierre Marie de Naturel Valetine, né en 1712, seigneur de Marigny et de la Tour Baudin, chevalier de St Louis, lieutenant du Roy, capitaine au régiment de la Tour d’Auvergne. Sur cette place a été érigé au lendemain de la Grande Guerre le Monument aux morts. Le cimetière, près de l’église, longtemps lieu de réunions, de commerce et même d’amusements, a mis plus d’un siècle à partir du XVIème pour voir changer les comportements des villageois vis à vis de lui.
L’église du XIIème siècle, agrandie et remaniée au XVème siècle n’a conservé de l’époque romane que le clocher et la croisée du transept sur laquelle il s’élève. Aux 2 étages supérieurs, de larges baies géminées avec 2 colonnettes dont les chapiteaux sont ornés de perles et de torsades. Il y a dans son clocher une très belle cloche « Barbe Decor » de 850kg. Datée de 1524, elle sonne le Fa dièse pour l’Angélus et eut pour parrain Philippe de Vichy, Seigneur de Marigny.
Datant d’avant les croisades, on peut apercevoir au 2ème étage du clocher un cadran solaire. Dans l’intérieur qu’il vous faudra visiter, vous y verrez des dalles funéraires (famille Thomasset en 1715, curé Chofflet en 1718…), Vous admirerez aussi La Pieta, groupe sculpté de Notre Dame de Pitié offert par Philibert Boucansaud en 1520. Et puis…. Et puis…. Les fonts baptismaux, un bénitier du XVème, des vitraux de 1884 en cours de restauration.
A la sortie du bourg, sur la route de Montchanin, l’opération « cœur de village » a permis à l’ancienne maison curiale d’être transformée en 2 belles maisons habitables.
L’école, elle, existant depuis la 3ème République, transformée en salle polyvalente, jouxte la Mairie sur la route qui mène à Blanzy. Il y a là aussi la magnifique bascule !
Sur la route de Montchanin, encore, après avoir traversé la rivière, on va trouver sur la droite 3 hameaux :
– les Douvans où l’on a observé des débris antiques,
– Les Buissons avec son magnifique Château et son logis qui a gardé sa tour cylindrique coiffée d’une poivrière et qui est prolongé au nord par une impressionnante tour barlongue du XIVe, sorte de donjon accosté par une tour polygonale côté intérieur. Cette tour est percée de petites baies rectangulaires à encadrements moulurés. La seigneurie des Buissons appartenait en 1656 à François de Rochemont, écuyer, capitaine d’une compagnie de chevau-légers et maître d’hôtel ordinaire du roi. Un peu plus tard, à la révocation de l’Edit de Nantes, Jacques de Rochemont, vit ses biens confisqués parce qu’il était protestant… Cà rigolait pas à l’époque ! A lui seul, ce château devra faire l’objet d’un futur reportage, c’est promis !
– La Fiotte.
En face du chemin du Douvent, se trouve le hameau de Tramailles et avant le croisement du chêne vert- la Fiotte, le hameau du Rachet (et ses nombreux tessons de poterie et de tuiles d’époque gallo-romaine).
Sur la route qui mène au Puley, plein de hameaux tous plus agréables les uns que les autres :
– Boucansaud, à la hauteur du vieux moulin de la Planche, des meules de grandes dimensions sont immergées dans la rigole de Marigny et, a même été découverte par M. Martin, une herminette néolithique en pierre de 10cm de long, témoignant des premiers défrichements de la région par les hommes préhistoriques, il y a cinq ou six mille ans.
– La tour Ragon, était sans doute le chef lieu du domaine des châtelains de Marigny. L’habitation a été le siège de l’ancien prieuré de Marigny
– Le Domaine neuf,
– Baigny, avec son château, qui à l’origine en 1266, appartenait à Joceran de Marigny, chevalier du duc de Bourgogne. La construction néo-gothique actuelle du XIX e siecle est située dans le vallon de la « rigole » de Marigny sur le trajet d’un chemin direct reliant Maumont à l’ancienne Commanderie des Templiers de Dieulegard…Ce château est aujourd’hui un haut lieu de la culture musicale avec « les Amis du Château de Baigny ». Nous avons écrit quelques mots de l’Histoire sur ce château sur ce même site le 12 novembre 2011. https://montceau-news.com/culture/44614-chateau-de-baigny-marigny.html
– Montmury,
– Ragy, dont le fils de Claude Thésut, héritier de Ragy, Guillaume de Thésut fut exécuté après la sentence du 16 prairial 1794 « pour excès ». Un jour de beuverie, il avait crié en public : « vive le Roi ».
Sur la route qui monte à Gourdon et Mont Saint Vincent, on trouve Bourbassot et ses vestiges.
Et enfin, en tournant à gauche au Colombier, sur la route qui mène vers la route départementale Montceau- Mâcon :
– Montferroux où l’on signale la présence de tuiles romaines et où a été créé en 1859 l’orphelinat de Montferrous par le célèbre curé Béraud. Ce Saint homme qui fut reconnu par l’Académie française en 1890 était capable de maçonner, de menuiser, de moissonner et consacra sa vie au service des plus démunis et des orphelins. Saluons dit Bernard Morin, « ces lieux emprunts de sa mémoire ».
– Le Moulin de Panneceau, moulin le plus aval de la rigole de Marigny, qui disparut au moment des grands travaux du canal du Charolais (canal du centre).
– Savy, situé sur le chemin de la grande voie du sel et des vins
– le Tartre,
– la Bruyère,
– Ursinges, on y trouva des silex taillés.
N’oublions pas la voie des Templiers qui, depuis « Dieulegard » à St Micaud, où se trouvait la Commanderie des Templiers rejoignait Maumont (Mt St Vincent face à Baigny ).
Chacun des hameaux cités ont leur histoire qui est contée par Bernard Morin dans son fascicule et la somme de ces histoires qui ont laissé d’innombrables vestiges comme des auges, des cuves, des fontaines, cette somme est, comme il l’écrit : « l’Histoire de Marigny ».
Il y aura une façon originale de se balader et de découvrir ou redécouvrir ce superbe village ce sont les « balades vertes » :
Sur la place de l’église, un panneau vous permettra de choisir une parmi les 3 randonnées sur Marigny, sur les 29 randonnées autour du Mont Saint Vincent.
La randonnée ASMV8 emprunte la route départementale pour se rendre au Château de Marigny, élément phare de notre patrimoine et de notre histoire, un sentier contourne ce château privé et sa tour carrée du XIIème C’est le chevalier Bers qui le tiendra pour le comte de Chalon et sa famille prendra le nom de Marigny. Au couchant, le circuit traverse la ferme du Montferroux, ancien orphelinat agricole créé par le curé de Montceau, l’abbé François Béraud, puis emprunte la « voie du sel » à partir de Savy et remonte pour vous faire profiter de la vue autour de l’ancien moulin Panneceau.
Au levant, la randonnée ASMV9, permet de découvrir, outre le bocage, de magnifiques points de vue sur le bassin versant de la rivière de Marigny. Vous longerez un manoir privé du moyen âge (XVIème), le château des Buissons, fief de François de Rochemont, écuyer du roi, capitaine d’une compagnie de chevau-légers. Vous admirerez, à la Borne Blanche, le paysage depuis la ligne de partage des eaux Atlantique-Méditerranée et vous dévalerez la pente jusqu’au vieux moulin de Marigny.
Le circuit ASMV7, « Histoires d’eau », évoque l’importance et l’impact de l’eau dans l’histoire du village et de ses hommes. Sur six panneaux, vous pourrez appréhender la singulière histoire de la rivière de Marigny. Vous pourrez découvrir comment, par son ingéniosité, l’homme a domestiqué l’énergie hydraulique et aménagé moulins et béliers. Vous pourrez comprendre comment il peut encore participer, de nos jours, à la préservation du monde vivant de sa rivière.
En 1778, Emiland Gauthey a utilisé le bassin versant de cette rivière pour servir à l’alimentation du canal du Centre. Il a fait creuser une rigole de 11km pour capter les eaux. Cette rigole artificielle, utilisée pendant plus de cent ans, a aujourd’hui disparu.
A vocation totalement rurale, le village compte aujourd’hui encore une dizaine d’exploitations agricoles tournées vers l’élevage de bovins, d’ovins et de chèvres, certaines exploitations fabricant un excellent fromage « pur chèvre ».
Les autre habitations sont habitées par des « rurbains » qui vivent au village et travaillent pour la plupart dans les villes environnantes.
Marigny va rejoindre la Communauté Urbaine Creusot Montceau dès le 1er janvier 2014.
LE ZOOM SUR LES CAHIERS DE DOLEANCES :
Marigny a un privilège, c’est celui d’avoir rédigé et signé le 18 mars 1789, un « cahier de doléances » en 18 points où rien d’essentiel n’avait été oublié et qui servi de modèle à beaucoup d’autres communes.
Voici quelques extraits :
… 3°) Le vœu de la commune sur les bases de cette constitution est que la nation ne puisse être soumise à aucunes loi qu’elle n’ait consentis, et à aucuns impôts qu’elle n’ait accordés ; Que toutes les lois générales soient formées et promulguées dans les assemblées générales de la nation. Qu’aucuns impôts ou emprunts directs et indirects ne puissent être accordés que dans les mêmes assemblées générales, et jamais pour plus de temps que l’époque de leur retour périodique ; les assemblées provinciales n’en pourront accorder sous aucuns prétexte et sous aucunes dénomination ; Que les assemblées générales de la nation ayent un retour périodique et fixé de cinq ans en cinq ans ; Que tous impôts et charges publiques soient répartis également sur tous les citoyens sans distinction, dans la juste proportion de leurs propriétés et facultés. …
15°) Les députés mettront en considération la chéreté excessive du sel en cette province, ainsi que le faut (sic) exorbitant des tailles.
16°) L’entretien des églises et des presbiterres, les dépenses extraordinaires qui les accompagnent, les abus et dépradations qui en sont la suite.
17°) L’abolition pour le tirage de la milice …
Moi qui « traîne » souvent dans la contrée de Marigny, je sens les effluves étranges de son passé partout où je passe. Je ressens la présence des gens de la préhistoire et peut-être plus qu’eux ceux de l’époque gallo – romaine ou encore mieux celle du moyen – âge ou encore d’époques plus proches de nous jusqu’à celle de nos grands pères et de nos pères.
Marigny, c’est tout çà, c’est vrai, on y sent le temps qui passe !
N’habitant pas loin, j’y viens souvent et les frissons qui parfois me troublent me montrent le chemin du passé que j’arrive à ressentir au plus profond de moi-même !
Et puis ce qu’il y a d’extraordinaire, c’est que lorsque l’on parle de Marigny avec les gens du coin, ils ressentent les mêmes sensations que moi…. Alors… ?
Il est évident qu’à Marigny, « les Villajoies » peuvent le hurler : « çà sent si bon la France !»
Un grand merci à Bernard Morin pour ses écrits, ses paroles et ses intarissables connaissances de Marigny qui n’ont d’égal que son inconditionnel Amour pour son village ! Il parait que le prochain numéro de la Physiophile…. mais chut !!! un peu de patience !
Jean Michel LENDEL
Un commentaire sur “« La ronde de nos villages »”
Suite d’articles remarquablement fouillés , pointus , et très intéressants !
Merci infiniment , mr « Lendel » , pour l’inestimable contribution que vous apportez à l’enrichissement de mes modestes connaissances sur votre belle région !
En tout cordial hommage à votre grand talent de « passeur de mémoire » !